Le diabète pourrait être l’une des premières maladies climatiques. Une étude récente suggère que le nombre d'Américains souffrant de diabète de type 2 pourrait s’accroître de plus de 100 000 par an pour chaque degré de température en plus.
Le réchauffement climatique pourrait favoriser la survenue du diabète, selon une étude néerlandaise publiée dans la revue British Medical Journal Open Diabetes Research & Care*. En cause, un effet sur le tissu adipeux, qui serait moins à même de stocker les graisses lorsque la température s’élève. La prévalence du diabète de type 2 augmente rapidement dans le monde. Et il a été mis en évidence dans une étude menée en 2015 que l'acclimatation de patients diabétiques de type 2 à un froid modéré pendant seulement 10 jours améliorait la sensibilité à l'insuline. Une étude de 2016 a retrouvé une corrélation entre la température extérieure et le taux d’HbA1c. Lorsque la première était plus élevée, la deuxième l’est aussi. Ces constatations ont conduit des chercheurs néerlandais à se demander si le changement climatique pourrait expliquer une partie de l'augmentation mondiale du diabète. Selon l’OMS, en 1980, 108 millions d'adultes souffraient de la maladie ; en 2014, ce chiffre était de 422 millions. Les chercheurs se sont tournés vers les CDC américains pour recueillir des données sur la prévalence du diabète dans les 50 États des USA pour chaque année entre 1996 et 2009. Ils ont également analysé la température moyenne dans chaque état et chaque année, via les centres de météorologie. En comparant température et prévalence du diabète, ils ont constaté que plus la température moyenne est élevée dans un lieu particulier, plus l'incidence ajustée par âge du diabète est forte. Les résultats démontrent qu'en moyenne, pour 1° celsius d’augmentation de la température, l'incidence du diabète s’accroit de 0,314 (IC 95% : 0,194 à 0,434) pour 1000. De même, la prévalence de l'intolérance au glucose a augmenté de 0,170% (IC 95% : 0,107% à 0,234%) pour une élévation de température de 1 ° C. Et ces associations ont persisté après ajustement pour l'obésité. Ainsi, globalement, quand la température annuelle moyenne s’élève de 1 degré Celsius, le nombre de cas de diabète augmente de 3,1 pour 10 000 personnes. Alors quelle est l’explication ? L'obésité est un facteur de risque pour le diabète de type 2, et les chercheurs ont constaté effectivement que chaque augmentation de température de 1 degré Celsius était associée à une augmentation de 0,173% dans la prévalence de l'obésité. Même lorsque les chercheurs ont ajusté la prévalence de l'obésité dans chaque état, ils ont constaté que chaque augmentation de 1 degré de température était associée à 2,9 cas supplémentaires de diabète pour 10 000 personnes. L'équipe de chercheurs a également fait le lien entre la température et les anomalies glycémiques. Et ils ont constaté que, quand la température augmente de 1 degré C, la prévalence d’une glycémie à jeun élevée a augmenté de près de 0,2% et la prévalence de l'obésité a augmenté d'un peu moins de 0,3%. Les auteurs évoquent le tissu adipeux brun comme la clé de ces anomalies. Physiologiquement, le froid active le tissu adipeux brun (TAB), qui est connu pour brûler de grandes quantités de lipides pour générer de la chaleur. C’est un organe thermogénique. Les adipocytes bruns contiennent un grand nombre de mitochondries, dans lesquelles l'oxydation des lipides produit de la chaleur, au lieu de fabriquer de l'ATP : c'est la thermogenèse sans frisson. Cela est rendu possible par une protéine présente dans la mitochondrie : la thermogénine. Il a été montré qu’une température élevée diminue l’activité du tissu adipeux brun, chargé de stocker les graisses. Il est donc concevable qu'une augmentation du flux d'acides gras vers les BAT peut entrainer, une augmentation de flux compensatoire du glucose à d’autres tissus métaboliquement actifs, expliquant l’amélioration de la sensibilité à l'insuline à basse température. Ces données soulignent l'importance des recherches futures sur les effets de l’élévation des températures sur l’organisme et sur le métabolisme du glucose, compte tenu de la hausse globale des températures, avec un nouveau record pour l’hiver le plus chaud l’an dernier aux Etats-Unis.
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