Critiqué, Olivier Véran tacle le "côté un peu réac" des médecins

24/10/2018 Par Catherine le Borgne
Politique de santé

Le rapporteur général du projet de budget de la sécurité sociale, Olivier Véran (LREM), neurologue isérois, a déploré mardi le "côté un peu réac" du monde de la santé, à l'occasion des vives critiques essuyées pour son amendement sur la prime de réorientation qui serait d'allouée à l'hôpital s'il réadresse les urgences légères en ville.

  "J'ai réveillé le monde de la santé", a plaisanté Olivier Véran (LREM) neurologue, lors d'une rencontre organisée par l'Association des journalistes sociaux (Ajis), en amont de l'examen du projet de loi de financement de la Sécu pour 2019, qui a débuté hier mardi à l'Assemblée nationale. "J'adore les acteurs de la santé mais il y a un côté un peu réac'", a-t-il déclaré, les professionnels s'opposant souvent selon lui aux mesures innovantes "avant de chercher forcément à comprendre le sens des choses".

"C'est toujours avec tact et mesure d'ailleurs, les réactions des gens", a ironisé le député isérois, citant un e-mail injurieux dans lequel un confrère lui écrit notamment qu'il a "dû 'être bercé trop près du mur'".  

Une "proposition iconoclaste"

  L'amendement en question, soutenu par la ministre de la Santé, vise à désengorger les services d'urgences en instaurant un "forfait de réorientation" pour inciter les hôpitaux à rediriger les patients qui ne relèvent pas des urgences vers la médecine de ville. Une "proposition iconoclaste" mais partie "de constatations du terrain", s'est défendu le député. Il a donné l'exemple de l'hôpital de Poissy qui a, selon lui, perdu "400 000 euros" en réorientant près de 3 000 patients de ses urgences pédiatriques, saturées, vers une "maison médicale de garde installée" dans ses murs. D'autres structures hospitalières auraient reçu la consigne de leur direction, de ne réorienter sous aucun prétexte, les urgences légères vers les structures libérales. Tollé contre la prime pour l'hôpital qui renvoie ses patients des urgences en ville Pour compenser le manque à gagner des urgences hospitalières, le neurologue propose "lorsqu'il y a une alternative locale", une rémunération comprise entre 40 et 60 euros pour chaque patient rebasculé en ville au lieu des 170 euros en moyenne,  actuellement octroyés pour chaque admission aux urgences. "Ce serait une opération à somme nulle, pour qu'il n'y ait pas de perte pour l'hôpital, nous le paierons pour cela. Et nous espérons réduire de 20 à 25 % le nombre d'entrées." La CSMF, ou l'Ufml avaient fustigé une "mesure illogique", "digne d'Ubu", réclamant plutôt la création d'un "forfait de prise en charge" pour les urgences de ville. En cas de "bronca" à l'Assemblée, Olivier Véran n'a pas exclu de revoir l'amendement pour présenter la mesure "sous forme expérimentale, des hôpitaux, des urgentistes veulent expérimenter (…) toutes les options sont sur la table, je ne suis pas entêté", a-t-il assuré en soulignant, fataliste, "la difficulté de la politique", là encore, une activité "de passion".    [Avec AFP]

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Claire FAUCHERY

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