Après avoir accepté de nouvelles missions, les pharmaciens réclament une revalorisation d’1 milliard d’euros supplémentaire

06/10/2023 Par Louise Claereboudt
Pharmaciens
Des négociations conventionnelles entre l’Assurance maladie et les syndicats de pharmaciens doivent s’ouvrir en novembre prochain. Après avoir accepté de nouvelles missions de prévention, de dépistage, et de dispensation, ces derniers demanderont une revalorisation de leurs actes.

  Face aux difficultés d’accès aux médecins, le Gouvernement est bien décidé à laisser plus de marge de manœuvre aux autres professionnels de santé. S’il avait déjà entrepris d’élargir les compétences vaccinales des pharmaciens, sages-femmes et infirmières, l’exécutif entend – par le biais de son projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2024 – permettre aux pharmaciens d’officine de dispenser "sans ordonnance" certains médicaments à prescription médicale obligatoire, notamment les antibiotiques, après réalisation d’un test rapide d’orientation diagnostique (Trod) pour les cystites simples et les angines. S’ils ont accepté ces nouvelles missions de santé publique, "il faut maintenant nous rémunérer davantage", a déclaré Philippe Besset, le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France, dans un entretien accordé au Point. "Nous réalisions en moyenne 600 millions d'actes par an, mais en 2022 nous avons fait 60 millions d'actes de prévention en plus. Soit 10% d'augmentation", ajoute le pharmacien de Limoux (Aude), qui assure que l’élargissement de leurs missions était conditionné à "négociation sur le montant de nos rémunérations".

Des négociations avec l’Assurance maladie doivent justement s’ouvrir novembre prochain. Dans ce cadre, le président de la FSPF compte demander 1 milliard d’euros supplémentaire pour "contribuer à un meilleur financement du réseau des officines". "Un acte de pharmacie correspond à différentes rémunérations additionnées et revient en moyenne 11 euros. Il faudrait qu'il passe à 12", soutient-il. Un montant qui tient compte de l’inflation et de l’augmentation de leurs charges, selon lui. Car s’il n’y a pas péril en la demeure, le pharmacien estime cette revalorisation indispensable pour compenser les difficultés de recrutement de personnels dans les officines. "Nous avons fait beaucoup d'efforts, mais nous devons pouvoir revaloriser les salaires de notre personnel – pharmaciens et préparateurs […]. Pour remplir ces missions, il faut pouvoir recruter, sans cela des pharmacies vont fermer. Pour l'instant, il n'y a pas de désert pharmaceutique, si l'on ne fait rien, cela pourrait arriver", prévient Philippe Besset. Le président de la fédération se défend toutefois de vouloir prendre la place des médecins avec ces nouvelles missions. "J'ai envie de dire aux médecins : si tu reviens, j'annule tout… Nous avons accepté ces missions notamment parce qu'on ne trouve plus de médecins dans beaucoup d'endroits, c'est une réalité. Notre intérêt n'a jamais été de prendre leur place, car s'il n'y a plus de médecins, il n'y aura alors plus de pharmaciens", affirme-t-il. Et d’ajouter : "Nous cherchons à travailler ensemble, en harmonie, dans l'intérêt des Français, en faisant émerger de nouvelles idées, pour améliorer l'offre de santé dans notre pays." [avec Le Point]

1 débatteur en ligne1 en ligne
Photo de profil de B M
7 k points
Débatteur Passionné
Médecine générale
il y a 2 ans
un "acte" de pharmacie... 11 euros. C'est quoi, un Trod, une BU, un "conseil", un vaccin(!!!), donner un kit de dépistage? Des gestes (pas vraiment des actes en fait) faciles non chronophages, dont la délégation n'arrange pas du tout le suivi par médecin, bien au contraire. Ca fait très cher. Ces gestes sont évidemment gratuits quand un médecin les fait au milieu des 4 actes en moyenne lors de ses consultations à 25 euros. Beaucoup de dépenses inutiles à prévoir par le gouvernement. Et encore, visiblement c'est pas assez. Les médicaments et les produits cosmétiques ne rapportent plus?
Photo de profil de Fabien BRAY
7,5 k points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 2 ans
Pour le coup c'est normal, on délègue les tâches médicales en pensant que ça ne coûtera rien, que les pharmaciens réclament ces tâches bénévolement. Bienvenue dans le monde réel, on faisait tout ça dans le temps de la consult, cad gratis. Mais c'est vrai qu'on est tellement habitués que le temps médical ne coûte plus rien dans notre pays...
Photo de profil de Anne Yven
2,5 k points
Débatteur Passionné
Médecine générale
il y a 2 ans
Ils anticipent peut être la hausse inévitable leurs primes de RCP, à jouer au docteur...
 
Vignette
Vignette

La sélection de la rédaction

Pédiatrie
Moins de médecins, moins de moyens, mais toujours plus de besoins : le cri d'alerte des professionnels de la...
06/11/2025
14
Concours pluripro
CPTS
Les CPTS renommées "communauté France santé" : Stéphanie Rist explique l'enjeu
07/11/2025
12
Podcast Histoire
"Elle était disposée à marcher sur le corps de ceux qui auraient voulu lui barrer la route" : le combat de la...
20/10/2025
0
Portrait Portrait
"La médecine, ça a été mon étoile du berger" : violentée par son père, la Pre Céline Gréco se bat pour les...
03/10/2025
6
Reportage Hôpital
"A l'hôpital, on n'a plus de lieux fédérateurs" : à Paris, une soirée pour renouer avec l'esprit de la salle...
14/10/2025
8
La Revue du Praticien
Diabétologie
HbA1c : attention aux pièges !
06/12/2024
2