Stockage de médicaments, hausse des ordonnances d'hydroxychloroquine... Comment les Français confinés se soignent

23/04/2020 Par Marion Jort
Médicaments

Dans un rapport, l’Agence nationale de sûreté du médicament et la Caisse nationale de l’Assurance maladie font le point sur l’usage des médicaments de ville en France pendant le confinement. Il en ressort notamment que les patients se sont mis à stocker des produits.  

 

Vaccins délaissés, médicaments stockés en masse, augmentation des prescriptions de paracétamol et des ordonnances de Chloroquine et d’Hydroxychloroquine… Le groupe scientifique EPI-PHRARE, porté par la Cnam et l’ANSM, vient de sortir un rapport sur la consommation des Français en médicaments de ville pendant l’épidémie en se basant sur les données de remboursement du système national des données de santé lors de des deux premières semaines du confinement (du 16 au 29 mars). Ce rapport tire plusieurs conclusions : 

 

Délivrance des médicaments en pharmacie  

Les semaines 12 (du 16 au 22 mars 2020) et 13 (du 23 au 29 mars 2020), qui correspondent aux deux premières semaines de confinement, ont été marquées par une très forte croissance des délivrances sur ordonnance en pharmacie de médicaments des maladies chroniques : médicaments des pathologies cardiovasculaires, du diabète, des troubles mentaux notamment. Une augmentation supérieure à ce qui peut être attendu en “situation habituelle”, pointe le rapport. Il relève également un “surcroît” du nombre de patients ayant eu une délivrance atteignant + 20 à + 40% selon les classes thérapeutiques.  

Par exemple, 600.000 personnes se sont rendues en pharmacie pour la délivrance d’un antihypertenseur en semaine 12 et 470.000 en semaine 13. Pour les antidiabétiques, 230.000 en semaine 12 et 175.000 en semaine 13.  L’augmentation a aussi concerné les antirétroviraux VIH (+ 32% en semaine 12), les antiparkinsoniens (+ 20%), les antiépileptiques (+ 25%), les produits à base de lévothyroxine (+ 41%), les traitements des maladies obstructives respiratoires (+ 46%), et les inhibiteurs de la pompe à protons (+ 17%). La contraception orale a également fait l’objet d’une nette augmentation (+ 45,3% en semaine 12, soit + 140.000 de femmes) 

 

Délivrance des médicaments dont l’administration nécessite le recours aux professionnels de santé  

Ces types de délivrance ont baissé, les vaccins en particulier. Le rapport chiffre à -50 à...

-70% pour les vaccins anti HPV, le ROR et les vaccins antitétaniques et - 23% pour les vaccins penta/hexavalents des nourrissons en semaine 13, par exemple.  

 

Explosion du paracétamol  

“Les délivrances de paracétamol ont été plus élevées qu’attendu”, expliquent la Carmf et l’ANSM qui indiquent que ce phénomène est visible depuis début février. L’augmentation a été “d’un million et demi de personnes en semaines 12 et 13”.  

Concernant les AINS, les délivrances ont connu une forte baisse sur la semaine 13, environ -60%.  

 

Augmentation de la prescription de Chloroquine/Hydroxychloroquine selon les régions  

Le nombre de personnes avec délivrance sur ordonnance de Chloroquine/Hydroxychloroquine a fortement augmenté, particulièrement en Île-de-France et en Provence-Alpes-Côte d’Azur.  La région Paca (41,9 pour 100.000) devant l’Ile-de France (30,7 pour 100.000) était la première en termes de prescription d’hydroxychloroquine. Le Grand Est, particulièrement atteint par l’épidémie, se situait juste dans la moyenne pour les prescriptions d’hydroxychloroquine (22,2 pour 100.000). Mais c’est...

à la Réunion que la Chloroquine a été la plus prescrite (en instauration) par habitant.   

La population nouvellement sous hydroxychloroquine (population incidente) était relativement jeune, 62% de moins de 60 ans avec 57% de femmes et globalement plus favorisée socialement avec plus de 30% des personnes résidant dans les 20% des communes les plus favorisées. L’association hydroxychloroquine et azithromycine a concerné environ 8.100 personnes.  

 

Disparité départementale du taux d’incidence de délivrance sur ordonnance d’hydroxychloroquine pour 100 000 habitants (période janvier à fin mars 2020) régime général stricto sensu. Les patients ayant eu une délivrance en 2018 ou 2019 ne sont pas inclus - Cnam et Ansm 
 

Phénomène de “stockage” 

L’ensemble des résultats présentés par la Cnam et l’ANSM montrent un phénomène de “stockage” pour les traitements de pathologies chroniques. “La possession de médicaments actifs en quantité suffisante ne veut néanmoins pas dire que les adaptations thérapeutiques fines des doses nécessaires pour certains traitements, comme l’insuline, les anticoagulants et les antihypertenseurs ont été réalisées”, note toutefois le rapport.  

 

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