Plus de 75% des médecins prêts à quitter l’hôpital d’ici 5 ans à cause de la permanence des soins

29/06/2022 Par L. C.
Une vaste enquête menée par le syndicat APH montre que plus de trois quarts des médecins hospitaliers sont susceptibles de quitter l’hôpital public dans les cinq ans, épuisés par la permanence des soins.

Ce sont des résultats édifiants mais qui témoignent là encore du mal-être des soignants à l’hôpital. Plus de trois quarts des médecins hospitaliers se disent prêts à quitter l’hôpital public dans les cinq années à venir à cause de la permanence des soins (PDS), d’après les résultats de l’enquête Nuits blanches menée du 13 au 27 juin par l’intersyndicale Action Praticiens Hôpital auprès de 7.500 PH (tous statuts et toutes spécialités confondus*). Parmi les 76% de PH susceptibles de quitter sous peu l’hôpital, 27% envisagent de se réorienter vers un exercice libéral, 14% vers un autre métier, et 35% se disent encore indécis quant à leur avenir. Les PH portent en effet un "regard très défavorable" sur la permanence des soins, indique l’APH dans un communiqué. Elle est une "corvée" pour 40% des praticiens hospitaliers, et "mal ou très mal payée" pour la très grande majorité (88%). Source : APH Parmi les répondants, "77% font des gardes sur place (médiane 4 par mois), 58% font des astreintes à domicile (médiane 4 par mois), et 10% prennent des gardes en dehors de leur établissement d’affectation, avec des modalités de rémunérations éminemment variables".   Troubles du sommeil et psychotropes 90% des PH de garde ont une activité régulière en nuit profonde (dont 73% à chaque garde). Près de la moitié des astreintes (47%) donnent lieu à des... déplacements systématiques dans la nuit, ce qui contribue à augmenter la fatigue de ces professionnels. Ainsi, 73% des PH présentent un niveau de fatigue "important" après une garde, ce qui implique un "retentissement majeur sur l’organisation du lendemain". 50% présentent un niveau de fatigue "moyen" après une astreinte déplacée. L’APH lance un signal d’alerte, puisque 90% des praticiens hospitaliers sont obligés de travailler le lendemain d’une astreinte. "Le repos de sécurité après une astreinte est rarement respecté, pour des raisons organisationnelles (incompatibilité avec l’organisation du service, 68%) ou par méconnaissance de la réglementation (23%)", pointe l’intersyndicale. Ceci impacte significativement la santé des professionnels : 63% des praticiens déclarent présenter des troubles du sommeil, et 14% prennent des psychotropes (médicaments et/ou stupéfiants) afin de réguler leurs périodes de veille et de sommeil.

  Faible rémunération La rémunération de la PDS est par ailleurs très largement jugée déraisonnable par les PH. "La médiane de l’indemnité de sujétion d’une astreinte de nuit ou de jour s’élève à 50 euros, celle de la garde est réglementairement fixée à 267,82 euros bruts", rapporte l’APH. "De manière générale, la grille salariale de rémunération des praticiens est largement... inférieure à l’évaluation de la valeur financière réelle de leur travail", ajoute l’intersyndicale.   Extension de la PDS au samedi matin Forte de ces résultats, l’intersyndicale réclame des mesures immédiates, notamment la "revalorisation substantielle de la permanence des soins". Condition sine qua non pour améliorer l’attractivité des carrières médicales à l’hôpital. Elle demande le plafonnement du forfait des astreintes à 400 euros brut, des gardes à 600 euros brut, un temps de travail additionnel à 650 euros brut et défiscalisé. A l’instar des libéraux, l’APH veut que le samedi matin soit reconnu comme une période de permanence des soins. 94% des répondants à son enquête plébiscitent d’ailleurs cette reconnaissance, synonyme d’une meilleure indemnisation. Enfin, elle appelle à appliquer la "bonification des 4 ans d’ancienneté qui ont été refusés aux praticiens hospitaliers nommés avant le 1er octobre 2020". D’autres mesures à moyen terme sont évoquées par l’intersyndicale, à savoir l’ouverture du chantier sur la PDS et le temps de travail des PH. Ce chantier devra contenir "l’homogénéisation du temps de travail des praticiens", "la limitation du temps de travail", la "reconnaissance de la pénibilité de première garde", ainsi que la "révision de la rémunération des praticiens hospitaliers au regard des contraintes de l’exercice hospitalier". *60 % des réponses concernent 4 spécialités : médecine d’urgence, anesthésie et réanimations, pédiatrie, psychiatrie.

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