C’est tout un système de santé qui est mis à rude épreuve face à l’épidémie de coronavirus. Dès les premiers cas en France, de nombreux médecins hospitaliers ont alerté sur le manque de place dans les services de réanimation et d’équipements, de masques de protection notamment. Résultat plus d’un mois après : les services de l’hôpital public débordent et le manque d’équipements cristallise toujours autant de critiques.
Olivier Véran et Édouard Philippe ont annoncé ce samedi 28 mars un investissement massif dans les masques de protection et les tests de dépistage. Au total, un milliard de masques ont été commandés à la Chine notamment et le ministre de la Santé a annoncé que la France allait monter en régime pour réaliser des tests avec “50.000 tests par jour” d’ici la fin du mois d’avril. Cinq millions de tests ont été commandés.
Face à la “guerre contre le coronavirus”, l'État a ainsi assuré mettre tous les moyens de côté “coûte que coûte”... Mais du côté de l’hospitalisation privée, Lamine Gharbi, président de la FHP, a longtemps exhorté le Gouvernement à réquisitionner les établissements privés. “Alors que les capacités hospitalières publiques sont dépassées, les établissements privés restent sous-utilisés. En effet, un grand nombre de lits qui ont été libérés dans les cliniques restent vides”, explique-t-il à Egora.
“La réponse sanitaire appelle une coordination et une coopération nationale entre toutes les structures hospitalières publiques et privées”, écrit-il d’ailleurs ce lundi 30 mars dans un communiqué. Il lance donc un appel à la solidarité nationale et interprofessionnelle : “J’appelle les professionnels de santé encore disponibles, dans les cliniques privées et ailleurs, à répondre au plus vite aux demandes de solidarité lancées par les régions les plus en difficulté. Une mobilisation totale, qui dépasse les statuts ou les modes d’exercice professionnels, est plus que jamais indispensable !”, alerte-t-il.
4.000 lits en réanimation pour les patients atteints de Covid-19
Beaucoup de professionnels de santé ont dénoncé,... de leur côté également, l’incohérence du Gouvernement de ne pas faire appel à l’hospitalisation privée plus tôt, pour soulager les hôpitaux publics parfois dépassés par le nombre de malades atteints du Covid-19. Pourtant, comme l’indique Lamine Gharbi, “depuis que le Gouvernement a activé le stade 3 (le vendredi 13 mars, ndlr) que sommes au front au même titre que les hôpitaux publics”.
A l’heure actuelle, 500 cliniques et 300 cliniques de soins sont en première ligne. Plus de 100.000 interventions non-urgentes ont été déprogrammés pour libérer du temps médical pour patients positifs. Cette déprogrammation a permis de libérer, d’après les chiffres de la FHP, 40 à 60 lits par établissement. Au total, 4.000 lits de réanimation sont disponibles pour les patients atteints de Covid-19.
Le président de la FHP rappelle également que l’hospitalisation privée était mobilisée dès les premiers instants, en étant en soutien des 138 centres hospitaliers qui étaient les référents. Enfin, Lamine Gharbi demande au Gouvernement le dépistage systématique de tous les soignants. “Ils ont des familles qu’ils exposent quand ils rentrent chez eux. C’est inacceptable !”, s’agace-t-il.
A travers son enquête “Covid-19 : l’hospitalisation privée est-elle mobilisée ?”, Le Guide Santé s’est intéressé aux établissements privés franciliens et de trois autres régions qui mettent à disposition des places, notamment en réanimation, pour les patients testés positifs.
Pour l’heure, le Guide Santé s’est focalisé sur la région Ile-de-France, Paca, Bourgogne-Franche-Comté et le Grand Est. En Ile-de-France, face à l’afflux rapide de cas graves, les hôpitaux privés se sont mobilisés pour libérer des places en réanimation grâce à une réorganisation interne et à la déprogrammation de soins non urgents. Toutefois, pour Jean-Pascal Del Bano, direction de la publication du Guide Santé, "les cliniques sont sollicitées mais pas encore à la hauteur de leurs capacités d'accueil". Dans le Grand Est, région la plus touchée par l'épidémie en France, deux des quatre établissements privés disposant de lits de réa se sont mobilisés pour prendre en charge des patients infectés par le coronavirus.
En Bourgogne-Franche-Comté, Le Guide Santé indique que la situation est moins tendue, quoique “inquiétante”. Sur le territoire, cinq établissements de santé privés sur 16 ont répondu à l’enquête dans les délais. Enfin, si à Marseille, l’hospitalisation privée s’est particulièrement mobilisée pour décharger le public, les cliniques d’Aix-en-Provence, avec autorisation de réanimation, ne seront pas prêtes, estime le Dr Jean-Pascal Del Bano, “au vu de leur absence totale de communication”. L.C.
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