Urgences : une unité du CHU de Bordeaux fermée à cause des arrêts maladie

13/06/2019 Par Yvan Pandelé
Le service des urgences de l'hôpital Saint-André, à Bordeaux, connaît à son tour une situation de surchauffe : d'après le collectif Inter-Urgences, la moitié des infirmiers et soignants de jour étaient en arrêt maladie mercredi. L'unité d'hospitalisation a dû fermer jeudi, faute de personnel.

  Les urgences ne démobilisent pas. Après Lariboisière et Lons-Le-Saunier, c'est désormais au tour des soignants de Saint-André, l'hôpital historique du CHU de Bordeaux, d'enchaîner les arrêts maladie. D'après le collectif Inter-Urgences, la moitié des infirmiers et aides-soignants de l'équipe n'ont pas pu prendre leur service mercredi "pour raisons de santé". Selon une aide-soignante, citée par l'AFP, huit infirmiers sur les 13 de l'équipe de jour étaient en arrêt mercredi, et six aides-soignants sur les 10. "Depuis 15 jours, les collègues craquent les uns après les autres. En plus, on a eu une vague ces dernières semaines d'accidents du travail. L'une s'est blessée avec un brancard, une autre s'est arrêté en burn-out... ", a-t-elle expliqué. Par manque de personnel, l'unité d'hospitalisation d'urgence (15 lits) de Saint-André a dû être fermée jeudi. L'accueil des urgences restait opérationnel, mais les patients ont été déroutés vers l'hôpital Pellegrin. D'après le CHU de Bordeaux, des propositions sur des "renforts d'effectifs" ont été faites pour tenter de débloquer la situation. 10 infirmiers perdus en dix ans Le problème prendrait sa source dans un sous-effectif chronique. "C'est l'aboutissement d'un processus qui dure depuis longtemps (...) ça fait plus de trois ans qu'on est dans une démarche d'alerte. Les conditions de travail se sont dégradées à partir de 2013 lorsque les départs n'ont pas été remplacés. On a perdu une équipe de 10 infirmiers en 10 ans", ajoute l'aide-soignante d'Inter-Urgences. "En grève depuis un mois déjà, les paramédicaux de Saint-André dénoncent un sous-effectif quasi quotidien", a indiqué le collectif dans un communiqué. "L'effectif minimum n'étant que rarement atteint malgré les assignations, la direction pallie le problème par le recours à des professionnels extérieurs, non habitués aux spécificités du service." "Les agents s'épuisent chaque jour à prendre en charge dans des conditions anormales les patients, et ce depuis trop longtemps. La ministre de la Santé, Mme Buzyn, comme la direction de l'hôpital, entend manifestement garder un cap mortifère et laisser la situation pourrir", poursuit Inter-Urgences. Un mouvement qui ne faiblit pas Les arrêts maladie sont la seule façon pour les soignants en grève de cesser effectivement le travail en évitant les réquisitions. La méthode, désapprouvée par les autorités, révèle un durcissement du mouvement, sans qu'il soit toujours possible de distinguer entre la part d'épuisement des personnels et celle des revendications.  Pour une aide-soignante du service, citée par le quotidien Sud-Ouest, l'équipe ne peut simplement plus suivre. "Au cours des dernières nuits, nous avons fait jusqu’à 36 entrées, alors que la moyenne tourne autour de 15 d’habitude", explique-t-elle. "Plus de patients, moins de soignants. Des équipes à bout de nerfs, de fatigue. Les arrêts maladies ne sont pas un mode d’action pour obliger la direction à plier. On n’en est plus là. On est au-delà des revendications syndicales."

Les annonces d'Agnès Buzyn pour répondre à la crise des urgences, le 6 juin dernier, n'ont pour l'heure pas réussi à freiner la mobilisation des urgences, qui revendique plus de 100 services en grève. Le plan d'action inclut le déblocage de fonds pour les services en tension, la rénovation des services vétustes et l'instauration d'une prime de coopération en cas de délégation de tâches. Mais pas de recrutement de personnel, si ce n'est à titre temporaire. [Avec AFP et Sud-Ouest]

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Claire FAUCHERY

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