"Nous sommes une force politique insoupçonnable" : 1500 médecins libéraux prévoient un exil de quelques jours pour protéger le secteur 2
Alors que le PLFSS pour 2026 est actuellement en débat à l'Assemblée nationale, plusieurs syndicats de médecins annoncent de "très importantes perturbations dans les blocs opératoires" entre le 5 et le 19 janvier 2026. Ils appellent à l'arrêt de la permanence des soins en établissement de santé (PDSES) sur la même période, ainsi qu'à un "exil de plusieurs jours à Bruxelles". Objectif principal : défendre le secteur 2 attaqué dans l'article du 26 du PLFSS ainsi que dans plusieurs amendements.
"Il pleut en janvier à Bruxelles, on ne va pas nous dire qu'on part à Ibiza", grince le Dr Philippe Cuq, président de l'Union des chirurgiens de France (UCDF), lors d'une conférence de presse conjointe avec le SNCUF (chirurgiens urologues), l'AAL (anesthésistes) et le Syngof (gynécologues obstétriciens). Ces quatre syndicats de médecins libéraux du bloc opératoire organisent un exil des praticiens "de plusieurs jours" à Bruxelles entre le 5 et le 19 janvier 2026. Pendant cette période, les urgences seront transférées à l'hôpital public et la PDSES sera arrêtée. En revanche, la continuité des soins des patients déjà hospitalisés sera assurée, rassurent les syndicalistes.
A l'origine de la "colère", l'article 26 du PLFSS débattu "probablement vendredi" dans l'hémicycle, qui projette d'augmenter la cotisation que paient les médecins sur leurs dépassements d'honoraires, aujourd'hui de 3,25 %. Plusieurs amendements appellent même à supprimer ces dépassements. "Tout cela nous panique", admet le Dr Cuq. "On a solvabilisé nos entreprises grâce aux dépassements d'honoraires avec tact et mesure. Si l'article 26 est adopté, nos entreprises sont en danger, et donc les patients aussi. S'il y a une taxe supplémentaire, cela ne fera qu'augmenter les dépassements d'honoraires", rappelle le Dr Didier Legeais, président du Syndicat national des chirurgiens urologues français.
Une profonde colère
"On fait un procès de mauvaise intention au secteur 2. Une profonde colère s'est installée, vécue comme une injustice. Si on va vers ce chemin, il y aura une catastrophe sanitaire et on sera obligés de se désengager de certains actes. Notre seule soupape, c'est le secteur 2 qu'on stigmatise en permanence", dénonce le Dr Loïc Kerdiles, président du syndicat des anesthésistes libéraux. "Sans secteur 2, certaines maternités ne pourront plus continuer à fonctionner et les gynécologues obstétriciens arrêteront l'activité obstétrique pour ne se concentrer que sur les consultations et l'échographie. Les naissances seront en grande difficulté et des catastrophes sont à prévoir", met en garde le Dr Bertrand de Rochambeau, président du Syndicat national des gynécologues obstétriciens de France.
"C'est terrible, mais notre seule façon de réagir, c'est d'arrêter et de partir. Intellectuellement et moralement, c'est difficile, mais nous n'avons pas d'autre choix", déplore le Dr Cuq qui relève que "c'est la première fois qu'on a une telle agression sur notre exercice".
"Déjà plus de 1500 praticiens se sont inscrits sur la plateforme" pour partir en exil, se félicite le Dr Cuq. Les médecins inscrits ont tous versé la somme de 1180 euros pour une chambre individuelle ou 870 euros pour une chambre double. Une agence de voyage s'occupe d'organiser l'exil des praticiens. "Tous les jours des gens s'inscrivent", pointe le président de l'UCDF, qui espère une participation de 3 000 à 4 000 médecins.
"Nous sommes une force politique insoupçonnable", prévient le Dr Kerdiles. "Si on décide de tout annuler au dernier moment, on perdra de l'argent, mais ce sera le meilleur investissement", ajoute-t-il. Pour mettre fin au mouvement, les syndicats attendent la publication au Journal officiel de la loi de financement de la Sécurité sociale sans aucune mention du secteur 2.
La sélection de la rédaction
Etes-vous prêt à stocker des vaccins au cabinet?
DELA LIE
Non
Pour ne pas être embêté avec la traçabilité. Mais puisque économies il faut, pourquoi ne pas rémunerer au tarif des Ide (4€ et ... Lire plus