Raccourcir les études, limiter la liberté d'installation, augmenter le C… Comment ce rhumatologue veut "sauver la médecine"

03/05/2019 Par A.M.
Démographie médicale
Dans un ouvrage paru en mars, le Pr Michel Laroche, rhumatologue au CHU de Toulouse, lance l'alerte : "si l'on n'agit pas tout de suite", le système de santé français va se démanteler et les citoyens "les plus démunis, les plus éloignés des métropoles ne pourront plus être soignés correctement". Il propose "10 mesures urgentes" pour ne pas en arriver là. Certaines ne vont pas plaire à ses confères…

Un rhumatologue hospitalier à deux ans de la retraite est-il le mieux placé pour proposer une réforme de la médecine, notamment de la médecine générale libérale ? Oui, affirme l'intéressé. Fort de 30 ans d'expérience au cours desquelles il a observé une difficulté croissante "d'exercer une médecine de qualité" face aux restrictions budgétaires et pris en charge des patients de plus en plus démunis face aux déserts médicaux, le Pr Michel Laroche, médecin au CHU de Toulouse, se pose en "lanceur d'alerte". Dans un ouvrage paru en mars (Recherche médecin désespérément, Symbiose éditions, mars 2019, 16 euros), le spécialiste analyse les dysfonctionnements de la médecine et de son apprentissage en partant de "cas cliniques" et propose des solutions. A l'arrivée, une ordonnance particulièrement musclée. Pour en finir avec les déserts médicaux et la saturation des services d'urgences, le médecin hospitalier plaide pour interdire l'installation dans les départements et agglomérations "suffisamment pourvus", pour rendre la consultation d'un généraliste obligatoire avant les urgences, pour obliger les nouveaux diplômés à exercer "pendant quelques mois dans les départements 'en manque'", pour limiter à trois ans la licence de remplacement ou encore pour contraindre les internes en dernière année de MG et les praticiens installés à effectuer des gardes ambulatoires. "On oblige les internes en stage à l’hôpital à assurer des gardes de porte aux urgences, des praticiens hospitaliers, quelle que soit leur spécialité, qu’ils épaulent les urgentistes, toujours en sous nombre, alors que le médecin installé en « libéral » fait ce qu’il veut", s'indigne-t-il, rappelant que ce dernier est pourtant rétribué en grande partie par la sécurité sociale "et donc, indirectement, par le contribuable". Des contraintes qui, juge-t-il, ne devrait pas décourager les vocations si "l'omnipraticien" est "correctement" rémunéré et n'envie pas "l’ophtalmologue ou le radiologue, qui chaussent leurs pantoufles dès 19 heures et gagnent trois fois plus que lui". Le Pr Laroche estime en effet nécessaire de "gommer" les inégalités de revenus entre généralistes et spécialistes et entre exercice libéral et hospitalier, notamment en diminuant "progressivement la cotation des actes techniques radiologiques et chirurgicaux" au profit d'une augmentation des tarifs de consultation. Il propose également de réduire de deux ans la durée des études de médecine, en sélectionnant les candidats par concours immédiatement après le baccalauréat et en supprimant une année d'enseignement des sciences fondamentales. Il suggère de baser le numerus clausus sur la démographie médicale, populationnelle mais aussi sur "le temps réel d'exercice des futurs médecins comparés aux anciens". Le médecin appelle également à nommer les PU sur concours national et non plus par "cooptation". Estimant que le prix des médicaments diminuerait si l'on supprimait le marketing, le Pr Laroche souhaite interdire la visite médicale et réglementer le sponsoring de congrès. Il milite, enfin, pour une sacralisation du budget de la santé, qui doit être adapté aux besoins et non à la conjoncture économique et indexé "au coût des progrès de prise en charge des pathologies les plus fréquentes".

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