Des pistes pour optimiser le parcours de soins des insuffisants cardiaques

23/06/2021 Par Marielle Ammouche
Cardio-vasculaire HTA
Un collectif de professionnels de santé et de patients, réunis autour du programme Optim’IC, fait plusieurs propositions concrètes, - allant de la systématisation du dépistage à un financement plus adapté, en passant par une meilleure coordination hôpital-ville, et une personnes référente -, pour améliorer la prise en charge de cette pathologie qui reste méconnue du grand public.  

En France, environ 1,5 million de patients sont touchés par l’insuffisance cardiaque, principalement les sujets de plus de 60 ans. Il s’agit d’une pathologie grave et fréquente puisque, dans cette population, elle représente la première cause d’hospitalisation. Elle est à l’origine d’une morbimortalité importante avec 70 000 décès et 165 000 hospitalisations annuelles. L’impact est majeur sur le plan sanitaire pour les patients avec une altération de la qualité de vie, mais aussi au plan collectif et financier. L’insuffisance cardiaque représente ainsi actuellement 2,8 milliards d'euros de dépenses annuelles (soit 1,37% du total des dépenses de santé), principalement liés aux hospitalisations. Pourtant la moitié des réhospitalisations pourraient être évitées. 

Face à ce constat, l’ensemble des personnes – professionnels et patients - concernées par cette pathologie se sont réunies au sein du collectif Optim’IC pour tenter de trouver des pistes d’amélioration de la prise en charge des patients insuffisants cardiaques. Ainsi, professionnels et acteurs de santé*, sociétés savantes**, associations de patients *** ont mis en place un comité national et de 6 comités régionaux. Leurs réflexions ont permis de dresser, dans un rapport, un tableau de la situation. Un rapport assorti de propositions d’actions concrètes a été rendu public, à l’occasion d’un colloque national le 22 juin, sous le patronage du ministère de la Santé, en présence du Pr Thibaud Damy (CHU Henri Mondor de Créteil), président du Board national Optim’IC, et du Dr Michel Fanget, député du Puy-de- Dôme. 

 

Eviter des hospitalisations 

Il ressort que le diagnostic de l’insuffisance cardiaque est trop souvent tardif survenant dans un contexte d’urgence, généralement à la suite d’une décompensation. La prise en charge est alors hospitalière mobilisant d’importantes ressources. Dans ce contexte, les praticiens ont accès limité aux antécédents cliniques du patient. Les experts constatent aussi un manque de coordination des soins entre la ville et l’hôpital, ainsi que des conditions insuffisantes d’implication des patients dans leur propre prise en charge. 

Les experts font donc 11 propositions autour de 4 grades orientations, visant à la fois le court et le moyen terme, avec un double objectif : améliorer la qualité de vie et la...

survie des patients d’une part, et faciliter l’articulation de tous les maillons de la chaîne de soins d’autre part. 

Il s’agit tout d’abord de systématiser le dépistage précoce de l’insuffisance cardiaque et de ses comorbidités et d’encourager les actions de prévention pour limiter les décompensations. Pour les acteurs concernés, cela doit passer par une meilleure identification des patients les plus à risque via les données de la CPAM, la création d’un livret individuel de l’insuffisance cardiaque, et une meilleure information des professionnels de santé. L’information doit être aussi renforcée auprès du grand public grâce à l’organisation de campagnes nationales et locales de sensibilisation.  

Il apparait nécessaire, par ailleurs, d’optimiser le parcours de soins en créant des filières territoriales, en renforçant les liens ville-hôpital/clinique (désignation d’un interlocuteur privilégié), et en mettant en place un modèle de coordination type articulé autour des rôles du cardiologue ville-hôpital, du gériatre, du médecin généraliste, du pharmacien, de l’infirmier et développer la e-santé.  

Un meilleur partage de l‘information s’avère primordial pour limiter les pertes de chances d’accès aux soins : cela passe, entre autres, par la structuration des systèmes d’information au plan national et régional à travers notamment le développement de plateformes de centralisation des données ; l’amélioration et la rationalisation des systèmes de communication et de coordination territoriaux ; la valorisation et la promotion des bonnes pratiques grâce à des initiatives telles qu’un « Observatoire de l’IC », un « Prix de l’IC », ou des temps forts régionaux dédiés.  

Enfin, les financements doivent être adaptés à l’ensemble du parcours afin qu’il couvre la prise en charge de l’ensemble des soins. Pour les parties prenantes, il s’agit aussi « de faire en sorte que les ressources financières soient mieux allouées et que les ressources soignantes soient utilisées de manière plus efficiente ». Pour cela, il apparait pertinent de s’appuyer sur des indicateurs objectifs, comme le nombre d’hospitalisations évitées. Les acteurs à l’origine du programme Optim’IC proposent aussi de valoriser ceux qui oeuvrent à l’amélioration de la qualité de la prise en charge des patients via des incitations financières. 

 

* Cardiologues hospitaliers et libéraux, médecins généralistes, gériatres, pharmaciens, infirmiers, biologistes, représentants de fédérations hospitalières, décideurs et institutionnels territoriaux, économistes.  

** Fédération Hospitalière de France (FHF), le Collège National de Biochimie – Biologie Moléculaire Médicale (CNBBMM), le Collège de la Pharmacie d’Officine et de la Pharmacie Hospitalière (CPOPH), le Syndicat National des Cardiologues (SNC), le Collège National des Cardiologues Français (CNCF), la Société Française de Gériatrie et Gérontologie (SFGG).  

*** Alliance du Coeur, France Rein, l’association pour le Soutien de l’Insuffisance Cardiaque (SIC), l’Association Vie Et Coeur (Avec) et l’Association pour les Patients Insuffisants Cardiaques (Aspic). 

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