
"Une mission punitive" : un médecin de SOS roué de coups suite à un refus d'arrêt de travail
En réaction à une violente agression à l’encontre d’un de ses praticiens qui aurait refusé de donner 3 jours d’arrêt de travail à une patiente, l’antenne SOS médecins de Lille a suspendu ses activités jusqu’au samedi 5 juillet, à 8 heures. Le ministre de la Santé Yannick Neuder a dénoncé une agression "intolérable".

Impossible de se faire soigner par l’antenne SOS Médecins de Lille, depuis le 3 juillet et jusqu’au 5 juillet, 8 heures du matin. Elle est à l’arrêt, les soignants ayant décidé de se mettre en retrait après une violente agression survenue mercredi 2 juillet. En signe de solidarité, celle de Roubaix-Tourcoing a aussi fermé ses portes.
Mercredi, un médecin a été pris à partie par deux jeunes hommes, informe le président de SOS Médecins France, qui évoque auprès d'Egora "une mission punitive". Ils se seraient dirigés vers son cabinet, auraient expulsé une famille, dont deux enfants, qui étaient en consultation, puis auraient insulté et frappé le médecin. Le praticien a reçu une “volée de coups de poings”, relate le Dr Philippe Paranque. Il s'est “vu mourir” et est en "état de sidération".
Dépenses de santé : faut-il responsabiliser davantage les patients?

Francois Cordier
Oui
Il ne sera question de responsabilité de l'usager d'un système de prestation quel qu'il soit, que le jour où on sortira de l'envel... Lire plus
Alertés par la famille qui s’était fait sortir violemment du cabinet, d’autres médecins seraient intervenus, faisant fuir les agresseurs. Un confrère du praticien explique que les deux hommes ont prétexter vouloir récupérer un document pour une patiente, venue un peu plus tôt au cabinet. Celle-ci avait demandé un arrêt de travail de trois jours, mais le médecin s’en est tenu à un jour. “Elle est partie sans faire d’histoire, relate-t-il à Ici Nord. Mais ensuite, ils sont venus en commando, de manière préméditée.”
Une agression "intolérable" réagit Yannick Neuder
Le président de la fédération souligne que SOS Médecins “constate au quotidien la montée de cette agressivité en rapport avec des exigences des patients”. “Sur nos centrales de régulation les personnels se font régulièrement insulter par des patients qui exigent des arrêts de travail. Nos médecins en première ligne, au domicile des patients comme dans nos points fixes de consultations, sont confrontés en direct à ces relations toxiques”, poursuit-il. Philippe Paranque dit espérer “que les législateurs et la justice finiront par véhiculer un message suffisamment fort pour infuser dans la conscience collective le respect des soignants”.
Ce 4 juillet, lors des Journées d’été de l’Association nationale des étudiants de médecine en France (Anemf), le ministre de la Santé, Yannick Neuder, a dit avoir “pu échanger” avec le praticien agressé. Devant les étudiants, il a qualifié d’“intolérable” cette agression des soignants, et prôné “une tolérance zéro”. Il a également évoqué le renforcement de peines et l'anonymat des dépôts de plaintes “pour éviter des représailles”, des dispositions permises par la loi Pradal récemment votée.
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