Licence de remplacement : Et ça se dit médecin dénonce un mépris pour le dévouement des internes

16/12/2020 Par Interne en médecine générale
Une fois par mois, l’interne en médecine générale et star des réseaux sociaux Et ça se dit Médecin livre, pour Egora, sa carte blanche sur un sujet qui fait l’actualité. Aujourd’hui, c’est à propos de la décision de l’Ordre de n’octroyer la licence de remplacement qu’aux internes en fin de cursus qu’il a souhaité réagir. En cette fin d’année 2020, il pousse son coup de gueule.  

“J'ai été prévenu de la décision de l’Ordre de décaler la délivrance des licences de remplacements après le Saspas* pour les internes en médecine générale et aux Docteurs juniors pour les autres spécialités par l’InterSyndicale nationale des internes (Isni). Ils ont beaucoup communiqué dessus. Ça me choque, je ne comprends pas la logique. Ça revient quasiment à interdire le remplacement en cours d’internat pour les internes en MG puisque le Saspas se fait généralement en fin de cursus. 

Le problème, c’est que cette décision a été prise sans aucune concertation avec les syndicats. Ça témoigne, pour moi, d’une méconnaissance du statut de l’interne. On est payés à l’heure, moins que le Smic et les remplacements peuvent permettre d’avoir un complément de rémunération. J’ai des amis internes en radiologie, en cardiologie, qui comptaient sur ça pour mettre du beurre dans les épinards et avoir une rémunération supplémentaire. Et surtout, ça aide. Chez les MG, beaucoup sont remplacés par des internes. Si on leur enlève ce vivier, ça peut devenir un vrai problème pour les territoires ruraux, qui peinent à recruter des généralistes. Et puis, il y a un intérêt pédagogique : cela permet de rentrer dans le grand bain. Mais non… L’Ordre ne comprend pas. Surtout que cela marche très bien. Il y aurait eu un souci, on aurait pu le comprendre… Mais même pas. C’est purement idéologique. C’est vraiment dommage.  

Pour moi, c’est presque du mépris. On impose quelque chose à des médecins en formation qui ont des Bac + 9, Bac +10, Bac + 11, qui sont déjà sous-payés, qui travaillent...

dans des conditions déplorables à l’hôpital public… Sans leur demander leur avis. Ça me révolte. D’autant que c’est en décalage complet avec l’actualité. Pendant la deuxième vague de Covid, les internes étaient en première ligne. Idem pour la première. N’oublions pas que nous étions en pleine grève quand l’épidémie a débuté. On a coupé notre grève pour pouvoir répondre présents, parce qu’on est dévoués à ce qu’on fait. Et là, en fin d’année, on nous balance ça comme cadeau de Noël. C’est dommage. C’est aussi une méconnaissance de ce pour quoi on se dévoue.  

"Il faudrait de plus en plus que les décisionnaires consultent les personnes sur le terrain"

Je pense aussi qu’il faut concerter les principaux concernés par ce type de décisions plus directement. Les syndicats, les associations représentatives, c’est très bien. Mais il faudrait de plus en plus que les décisionnaires consultent les personnes sur le terrain. Par exemple, via une plateforme en ligne de sondage où n’importe quel interne pourrait entrer son identifiant, se connecter, voter. Des sortes de mini-référendums où les gens peuvent s’exprimer sur ce qu’ils pensent.   

 

Pour ou contre une quatrième année d’internat de médecine générale ? 

Je suis partagé sur une éventuelle quatrième année d’internat de médecine générale. Si c’est une quatrième année pour pouvoir préciser son projet professionnel, je pense que ce n'est pas une mauvaise idée. Par contre, si c’est une quatrième année pour combler les déficits de l'hôpital public ou pour nous balader à droite à gauche, c’est non. Il faudrait que ce soit une quatrième année un peu plus libre, où on peut aller en autonomie découvrir des territoires, des services, d’autres types d'exercice que l’exercice seul en cabinet. " 

 

*Saspas : Stage Ambulatoire en Soins Primaires en Autonomie Supervisée.

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Claire FAUCHERY

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