Est-il utile de mesurer en routine la TSH chez les patients hospitalisés ?

29/06/2018 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme

Chez les patients hospitalisés pour une cause aiguë quelconque, il n’est pas recommandé de doser de manière systématique la TSH dans le but de dépister des pathologies thyroïdiennes.

En effet, les "dysfonctions thyroïdiennes" trouvées chez les patients hospitalisés sont souvent le résultat d’un stress dû à la maladie aiguë ayant conduit à l’hospitalisation ou liés aux effets des médicaments. Cependant, les études amenant à ces conclusions ont été menées il y a de nombreuses années et depuis, le dosage de TSH est devenu plus fiable et moins coûteux. De plus, la population vieillit et dans la plupart des cas, à l’heure actuelle, le diagnostic de pathologie thyroïdienne est plus souvent fait à l’occasion de dosages « systématiques » plutôt que devant les seuls signes ou symptômes. Des auteurs israéliens ont repris les dossiers de tous les patients hospitalisés dans leurs départements de médecine interne pour lesquels un dosage de TSH est fait de manière routinière au moment de l’admission. Une cohorte de patients hospitalisés, sélectionnés de manière randomisée et ayant des dosages de TSH anormaux lors du dosage fait de manière systématique à l’admission, a été analysée. La TSH, en tant que test de dépistage, s’avère inutile chez 75 % (174 des 232 patients) de la population étudiée car le plus souvent, c’est syndrome de basse T3 ou des médicaments altérant les résultats des tests ou des pathologies infracliniques qui sont en cause. Le dosage de TSH n’a été trouvé cliniquement utile que chez 9 patients, mais tous avaient d’autres signes évoquant un problème thyroïdien et qui auraient pu justifier un dosage de TSH. Une TSH cliniquement anormale a été trouvée chez 20 patients (hypothyroïdie dans 11 cas et thyrotoxicose dans 9). En conclusion, la faible efficacité de l’utilisation du dosage systématique de la TSH en tant que test de dépistage dans cette étude va dans le sens de recommandations récentes qui indiquent que la mesure de la TSH chez des patients hospitalisés ne doit être fait qu’en cas de suspicion clinique associée. Le plus souvent, la majorité des patients diagnostiqués par le dosage systématique de la TSH comme ayant une thyrotoxicose ont en fait un syndrome de basse T3 ou prennent des médicaments, ce qui fait que les seuils de T4 permettant de diagnostiquer une thyrotoxicose patente sont en fait supérieurs à ceux des patients explorés en ambulatoire. Chez les patients âgés, des perturbations cliniquement significatives de la TSH sont plus fréquentes et sont plus difficile à diagnostiquer. C’est probablement dans ce groupe de patients que le dosage de TSH pourrait être utile.

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Claire FAUCHERY

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