Tollé contre la prime pour l'hôpital qui renvoie ses patients des urgences en ville

18/10/2018 Par Catherine le Borgne
Système de santé

L'amendement Véran au projet de loi de financement de la sécurité sociale (Plfss) 2019, consterne libéraux et hospitaliers. Approuvée en commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale, l'idée d'une prime versée à l'hôpital en dédommagement de l'orientation en ville d'un patient qui s'était rendu aux urgences pour une pathologie bénigne, a pourtant le soutien d'Agnès Buzyn.

  Il s'agit d'une mesure "illogique", d'une idée digne du pays d'UBU", s'enflamme la CSMF dans un communiqué. Le "forfait d'orientation" imaginé par Olivier Véran, médecin et président (LREM) de la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale fait quasiment l'unanimité contre lui.  L'idée : l'hôpital touchera un forfait de 20 à 60 euros pour chaque patient souffrant d'une pathologie légère, réorienté avec un rendez-vous dans les 24 heures chez un généraliste, dans une maison médicale de garde ou vers un service spécialisé. Si le patient refuse ou que l'hôpital préfère garder le patient, l'établissement touchera le prix d'une consultation externe, et non plus le forfait urgences, réservé aux urgences lourdes.  

"Quel est l'intérêt à agir des médecins généralistes ?"

  "La collectivité va financer une structure hospitalière pour qu'elle ne soigne pas complètement un patient ?", ironise la CSMF qui se demande qui aura la lourde responsabilité de cette réorientation. Autre aberration, pour la centrale : le praticien de ville qui prendra en charge le patient, touchera un prix de consultation inférieur à la prime qui sera versée à l'hôpital émetteur. "Comment imaginer qu'un directeur d'établissement de soins préférerait facturer un forfait d'orientation plutôt qu'un forfait d'urgence qui lui rapporterait une somme bien supérieure ?" s'interroge la Confédération. Pour désengorger les urgences,  le syndicat privilégie une solution bien plus logique à ses yeux : un forfait de prise en charge d'une urgence de ville, qui deviendrait attractif pour les structures regroupées, telles les MSP, les cabinets de groupe, les centres médicaux. Car actuellement, "quel est l'intérêt à agir des médecins généralistes ?", maugrée dans une question qui contient sa réponse, le Dr Luc Duquesnel, le président des Généralistes de la CSMF. Même critiques de la part de l'UFML, où l'on considère que cet amendement méprise les médecins libéraux.  "Depuis le 1er janvier 2018", rappelle le syndicat, "si le médecin généraliste obtient pour le patient un RDV en urgence chez un spécialiste avec un avis spécialisé qui sera effectué dans un délai de moins de 48 heures, il pourra coter une majoration de 5 euros. 5 euros pour le médecin généraliste, 40 pour l’hôpital (20 + 60/ 2)!", proteste l'UFML qui demande la mise en place d'un "forfait de ré-orientation pour tous". Le syndicat du Dr Marty appelle généralistes et spécialistes qui recevraient un patient ré-orienté par les urgences, "à pratiquer un dépassement identique au forfait perçu par l’hôpital". Le syndicat se chargerait de l'instruction des dossiers, si des plaintes devaient suivre, garantit-il. L'AMUF, association de médecins urgentistes hospitaliers, par la voix de Christophe Prudhomme, a déjà eu l'occasion de critiquer la disposition, constatant que l'on ne pouvait matériellement pas demander une prise en charge en 24 heures à des médecins généralistes débordés. Et dans Hospimedia, c'est le président de la FHP (cliniques privées), qui joint sa voix aux critiques précédentes en trouvant "choquant"  l'amendement Véran. "On va donner de l'argent aux établissements pour ne pas travailler, le message qui est envoyé à la profession médicale est pour moi scandaleux", insiste-t-il. "Gare aux amendements de "communication"…

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Claire FAUCHERY

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