Les étudiants en médecine de moins en moins empathiques ?

01/02/2019 Par Marielle Ammouche
Psychiatrie

Selon une étude belge, les études auraient tendance à déshumaniser les apprentis médecins. Ce sont "des résultats alarmants", que vient d’observer l’équipe de psychologie médicale du Pr Jean-Marc Triffaux (Université de Liège, Belgique) au sein d’une population de 1602 étudiants en médecine de sa ville, et qui viennent d’être présentés au récent congrès de l’Encéphale (Paris, 23-25 janvier 2019).

  En effet, alors que les étudiants présentent des scores d’empathie très élevés au tout début de leur formation en médecine , au vu d’échelles couramment utilisées pour la mesurer (scores de plus de 75 chez les garçons et de plus de 80 chez les filles, sur la Basic Empathy Scale) et font nettement mieux sur ce plan que les étudiants en école de commerce (scores autour de 65 chez les garçons et de 70 chez les filles), "ce qui laisse penser que les étudiants en médecine présentent un profil altruiste plus prononcé", tout diminue par la suite.  

"Un processus de déshumanisation"

  "Et, s’ils ne sont pas pathologiques, les scores d’empathie des étudiants en médecine de dernière année sont bien moins bons", signale le Pr Triffaux. "Ce qui pourrait être lié au climat d’intense compétition et de stress auxquels sont soumis les étudiants en médecine tout au long de leurs études, à l’apparition d’un processus de déshumanisation, et à la réduction en Belgique du nombre de stages cliniques indispensables pour acquérir de bonnes compétences relationnelles depuis le raccourcissement de la durée des études de 7 à 6 ans". A l’heure où la "narrative based medecine" (médecine basée sur le discours du patient) reprend le pas sur "l’evidence based medecine", ces données posent en tout cas la question de savoir comment maintenir, au minimum, le potentiel d’empathie des étudiants tout au long de leur parcours de formation. Les enseignants belges envisagent d’évaluer les effets des moyens pédagogiques (jeux de rôle, cas de patients vidéo-filmés) sur ce plan. A noter que les filles étaient constamment plus empathiques que les garçons en études de médecine comme de commerce, ce qui est classiquement observé dans les études sur l’empathie, et qui est couramment expliqué par les liens particuliers que les femmes (et plus généralement les femelles de mammifères) tissent avec leur descendance.  

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Claire FAUCHERY

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