Cancer de la prostate : un essai qui va modifier le standard de traitement

09/06/2017 Par Dr Philippe Massol
Urologie

Les résultats de l’étude clinique Latitude présentés au congrès de l’Asco (American Society of Clinical Oncology) vont venir modifier les standards de traitement des patients atteints d’un cancer métastatique de la prostate, qui étaient restés sans grand changement depuis 70 ans.

Le Pr Karim Fizazi, chef du département d’oncologie médicale à l’Institut Gustave Roussy, a présenté en conférence plénière au congrès de l’Asco - qui s’est tenu à Chicago du 2 au 6 juin et qui a réuni plus de 25 000 médecins et chercheurs du monde entier- l’étude Latitude, dont les résultats majeurs vont changer la prise en charge des patients diagnostiqués d’emblée d’un cancer métastatique de la prostate. Les données de l’essai clinique ont été publiées également dans le NEJM. Avant 2015, les patients atteints d’un cancer métastatique de la prostate étaient classiquement traités par hormonothérapie conventionnelle afin d’inhiber la fabrication de la testostérone par les testicules. En 2015, trois grands essais cliniques français, anglais et américains ont démontré le bénéfice de l’ajout d’une chimiothérapie au traitement hormonal dès le diagnostic. "Même si le cancer de la prostate est très sensible à une hormonothérapie, nous savons que les inhibiteurs de la testostérone n’éradiquent pas complètement toutes les cellules cancéreuses et qu’il reste une production d’hormone résiduelle", explique le Pr Fizazi, l’investigateur principal de cet essai. L’objectif était de mesurer le bénéfice de l’abiratérone (Zytiga, Janssen) sur la survie globale et la survie sans progression du cancer chez des patients nouvellement diagnostiqués d’un cancer métastatique de la prostate. L’abiratérone est une hormonothérapie de nouvelle génération qui empêche la production d’hormones androgènes par les glandes surrénales et la cellule cancéreuse elle-même. Ce médicament possède une AMM depuis 2012. Il est utilisé actuellement comme arme de rattrapage chez les patients atteints d’un cancer de la prostate métastatique devenu résistant à l’hormonothérapie conventionnelle et en rechute avant ou après une chimiothérapie. "L’étude Latitude démontre que l’abiratérone administrée dès la prise en charge du cancer en plus d’une hormonothérapie conventionnelle diminue d’environ 40 % le risque de décès et de plus de 50 % le risque de rechute du cancer après deux ans et demi de suivi". Ainsi, ajouter un nouvel anti-hormonal au traitement standard contre le cancer agressif de la prostate semble très efficace. Latitude est une grande étude clinique randomisée comparative (double aveugle contre placebo), internationale et multicentrique (235 centres répartis dans 34 pays), de phase III à laquelle 1200 patients ont participé entre février 2013 et décembre 2014. L’essai a comparé chez des patients souffrant d'un cancer de la prostate métastatique à haut risque, nouvellement diagnostiqué et hormono-sensible, un traitement standard de suppression androgénique associé à des placebo (n = 602) à la même suppression androgénique associée à de l’acétate d’abiratérone (1 000 mg/j) et à de la prednisone (10 mg/j) [n = 597]. Les résultats ont démontré que l’ajout de l’abiratérone à l’hormonothérapie conventionnelle améliore non seulement considérablement le pronostic de ces patients (survie globale et survie sans progression de la maladie) mais aussi l’ensemble des complications liées à la maladie. La survenue de complications osseuses (douleurs, fracture, compression médullaire due à l’envahissement tumoral d’une vertèbre) sont décalées dans le temps. Avec ce bénéfice incontestable, l’abiratérone se positionne comme un nouveau standard dans les formes métastatiques à haut risque. "L’avantage de ce médicament est qu’il s’agit d’un traitement oral qui est habituellement bien toléré. Ces importants résultats sont une très bonne nouvelle pour ces patients et nous pensons que le bénéfice sera encore meilleur avec un suivi plus long", espère le Pr Fizazi. La prochaine étape est l’étude européenne Peace-1 promue par Unicancer et dirigée par le Pr Fizazi qui évalue l’adjonction de l’abiratérone à un traitement de base renforcé comportant hormonothérapie conventionnelle et chimiothérapie. Les premiers résultats sont attendus à partir de 2020.

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