3 500 médecins promettent de "désobéir" si l'AME est supprimée

13/11/2023 Par Marion Jort
Politique de santé
Quelque 3 500 médecins salariés et libéraux, opposés à la suppression de l'aide médicale d'État (AME) aux sans-papiers, s'engagent à "désobéir" et à "continuer de soigner gratuitement" ces malades si le dispositif devait disparaître.  

 

"Moi, médecin, déclare que je continuerai à soigner gratuitement les patients sans papiers selon leurs besoins, conformément au Serment d'Hippocrate que j'ai prononcé", indique cette "déclaration de désobéissance" signée par plus 3 500 professionnels de la santé. Ce texte a été initié par deux psychiatres chefs de service dans les hôpitaux Henri Mondor de Créteil et le centre hospitalier intercommunal de Créteil, les Prs Antoine Pelissolo et Jean-Marc Baleyte. 

"Je resterai indifférent à leurs conditions sociales ou financières, ainsi qu'à leur langue et leur nationalité", promettent les signataires. "La déontologie prescrit le juste soin pour chaque personne qui me consulte. La sagesse dénonce la faute éthique et en passant l'erreur épidémiologique", poursuivent-ils. Avant de conclure : "patients d'ici et d'ailleurs, ma porte vous est ouverte. Et le restera". 

 

 

"Beaucoup de médecins libéraux ont signé, généralistes ou spécialistes. S'ils reçoivent un patient non couvert, ils ne seront pas payés. C'est une prise de position très forte", a expliqué le Pr Pelissolo. "Dans les hôpitaux, c'est bien une désobéissance. Je peux ne pas déclarer une consultation. Dans le cas d'une hospitalisa​​tion, ce sera aux frais de l'hôpital. C'est ma décision même si c'est contre les règles habituelles de l'hôpital", a-t-il expliqué. 

Parmi les autres signataires figurent par exemple l'urgentiste Patrick Pelloux, Julie Chastang, vice-présidente du Collège de médecine générale ou le nephro-pédiatre Rémi Salomon.  

 

Le ministre de la Santé défend "un dispositif de santé publique" 

L'aide médicale d'Etat (AME), que le Sénat veut supprimer, est "un dispositif de santé publique" et "on ne basculera jamais dans un dispositif type aide médicale d'urgence", a de son côté assuré le ministre de la Santé Aurélien Rousseau sur France info ce dimanche. "Je les comprends, le Gouvernement se battra pour qu'ils n'aient pas à exercer de désobéissance civile", a-t-il fait savoir, considérant que “si on renvoie tout sur l'hôpital, on va faire une erreur énorme".  

 

[avec AFP]  

1 débatteur en ligne1 en ligne
Photo de profil de Michel Rivoal
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Débatteur Passionné
Anesthésie-réanimation
il y a 2 ans
Faire un acte gratuit quand on est libéral, c'est faire un acte gratuit tout simplement ! Quand on est hospitalier, c'est faire payer l'hôpital, c'est se mettre en conflit avec les services économiques. Ce n'est certes pas héroïque mais c'est faire preuve de résistance. Le débat a déjà eu lieu, sur ce thème dans d'autres questions, je ne vais pas réécrire vingt fois la même chose. La droite sénatoriale entame une course contre l'éthique, l'humanité, les personnes socialement défavorisées et ce combat est contre productif sur le plan sanitaire, épidémiologique et économique. J'espère que l'assemblée désavouera ce texte honteux et irresponsable. J'espère que l'empathie gagnera sur le nombrilisme et l'électoralisme populiste. J'espère que le ministre de la santé, qui n'est pas médecin, se montrera plus humaniste ou simplement plus réaliste que les confrères qui s'opposent ici à l'AME !
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3,2 k points
Débatteur Passionné
Médecine générale
il y a 2 ans
Désobéir comment? On ne peut savoir si c'est une urgence avec certitude que si on a vu le patient. Si s'en est une, ok! si s'en est pas une, c'est alors de la prévention également prise en charge. vous croyez les sénateurs fous? Transfert de responsabilité économique sur le médecin par la peur de ce dernier. En réalité, l'autre objectif plausible (le premier étant le médecin qui a peur à tort) est que moins de personnes encore (50% actuel qui y auraient droit et qui ne l'ont pas) s'inscrivent pour faire diminuer les coûts. Machiavel c'est toi qui nous gouverne!
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528 points
Incontournable
Médecine générale
il y a 2 ans
3500 sur le nombre de médecins ("Au 1er janvier 2023, on comptait en France 197 417 médecins en activité régulière, dont 82 858 médecins généralistes") ce n'est pas énorme (0.04%) : il y en a beaucoup plus qui sont satisfaits de la mesure. Pourquoi ne le dit on pas aussi ?
 
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