Suppression de l’AME : vous y êtes favorables à 70%

Mardi, le Sénat a voté un amendement dans le cadre du projet de loi immigration visant à transformer l’AME en une aide médicale d’urgence. Un débat réalisé par Egora révèle que 7 lecteurs sur 10 sont favorables à cette réforme. 

09/11/2023 Par Louise Claereboudt
Politique de santé

Supprimer l’aide médicale d’Etat est une "profonde erreur, et il y a des moments où l’erreur confine à la faute", lançait Aurélien Rousseau, ce mardi soir, sur le plateau de Quotidien. Le ministre de la Santé réagissait au vote des sénateurs qui se sont prononcés pour une réduction du panier de soins actuellement accordé aux 400 000 personnes en situation irrégulière, présentes sur le sol français depuis au moins trois mois. Le Sénat a en effet adopté un amendement au projet de loi immigration visant à transformer l’AME en aide médicale d’urgence (AMU), recentrant le dispositif créé en 2000 sur la prise en charge des "maladies graves et des douleurs aigues".  

Outre le ministre de la Santé, plusieurs organisations de professionnels de santé ont vivement critiqué ce vote de la chambre haute du Parlement, à l’instar de la Fédération hospitalière de France (FHF), qui a dénoncé "une hérésie humanitaire, sanitaire et financière", ou encore la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP). La Conférence des présidents de CME de CHU, par la voix de son président Rémi Salomon, a également alerté sur un risque "d’augmentation des contraintes" sur l’hôpital, "car nous verrons des patients plus graves car pris en charge tardivement avec un risque de dissémination des maladies infectieuses". 

Quelques jours avant ce vote controversé, près de 3 000 soignants "de toutes spécialités et de toutes origines" signaient une tribune dans Le Monde pour défendre ce dispositif, qui fait "l’honneur de notre profession". "Nous refusons d’être contraints à faire une sélection parmi les malades entre ceux qui pourront être soignés et ceux laissés à leur propre sort", écrivaient-ils. Un collectif d’étudiants en santé avait en outre organisé une manifestation, ce lundi, devant le palais du Luxembourg, espérant un sursaut politique et une issue "humaniste" aux débats sur la question.   

Egora a demandé à ses lecteurs s’il fallait restreindre l’aide médicale d’Etat aux soins urgents. 337 réponses ont été enregistrées. Au total, 70% se sont montrés favorables à une réduction du panier de soins dont peuvent bénéficier les sans-papiers. "Oui, par principe. La seule solidarité qui puisse être légitimement obligatoire c'est la solidarité entre Français. Si certains veulent aider les étrangers, aucun souci, mais pas avec l'argent des autres. Sinon il n'y a plus de limite", a argumenté un médecin, jugeant que l’AME est "un moteur d’immigration illégale". 

Un autre généraliste écrit qu’"il arrive de voir des malades urgents", mais "c’est rare". "La plupart du temps c'est une demande de doliprane ou d'amoxicilline, parfois d'anticancéreux totalement injustifiés. On perd beaucoup de temps et le refus est très mal perçu. Une limitation ferait gagner du temps et serait bénéficiaire pour la Sécurité sociale".  

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27% des répondants au sondage se sont toutefois opposés à la suppression de l’AME. "Restreindre aux soins urgents implique de définir administrativement ce qui est urgent... puis de communiquer aux praticiens une liste de motifs que l'administration aura évalué à la place des médecins... Bref ce serait encore une fois laisser l'administration nous dicter sa loi et refuser de nous payer à posteriori. Soit on fait l'AME et on la fait bien, soit on ne la fait pas", explique un médecin. 

"J'interviens en médecine de ville dans un centre d'hébergement d'urgence pour personnes en situation de grande précarité ainsi que sur un quartier en quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV), je prends en soins des personnes en AME à différents stades d'évolution de leur problématique de santé. Je n'ai jamais eu l'impression d'être en dehors du cadre éthique et déontologique de soins préventifs et curatifs ni que ces personnes abusaient du système de santé (à part cas très exceptionnel). Des problèmes de santé ‘bénins’ qui ne seraient pas pris en charge en temps et en heure, risquent de s'aggraver en soins de santé urgents, graves, avec parfois des séquelles irréversibles qui coûteront bien plus cher au système de santé", alerte une autre Egoranaute. 

Enfin, 2% des répondants se sont déclarés sans opinion.  

1 débatteur en ligne1 en ligne
Photo de profil de PASCALE BERTON
50 points
Psychiatrie
il y a 2 ans
71% de réponses positives, sur 305 votes soit 216 réponses favorables à une question mal posée. Il n'était pas possible, sauf à en accepter la forme perverse, de répondre de façon sensée à une question aussi clivante, qui donnait le choix entre suppression et maintien en l'état d'un dispositif déjà fortement dégradé. Produire un "sondage "aussi mal ficelé, et afficher en gros titre "vous y êtes favorables" est d'une indécence particulièrement choquante..
Photo de profil de FREDERIC GROSEIL
1 k points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 2 ans
Il faut avoir soigner des patient(e)s en AME, ou pas... Des cas de détresse, cela je l'ai vécu, TU N'ES QUE MEDECIN, alors là les actes en AME sont une chose, les actes GRATUITS son réels, mais quand une femme d'Afrique sub - saharienne (avec son garçon sur le dos) te met dans ta main un billet de 5 euros (et elle insiste), tu refuses, mais elle insiste, alors tu te dis que la DIGINITE de cette personne est que tu DOIS accepter. Elle donne, contre ton travail de Médecin, et pour ne pas HUMILIER, tu acceptes ce billet de 5 euros dans TA main. Cela s'est passé il y a 15 ans, mais RESPECT... et TOUJOURS RESPECT, cela DOIT être la règle entre le médecin et son patient.
Photo de profil de VILAIN LAURENT
158 points
Médecine d’urgence
il y a 2 ans
En France il y a plusieurs catégories de personnes : celles qui cotisent et celles qui ne cotisent pas pour les soins , celles qui travaillent et celles qui reçoivent l’allocation chômage, celles qui ont les moyens pour accéder à l’université et celles qui bénéficient de bourse d’études. En France il y a la solidarité mais certains n’apprécient pas ce mot
 
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