Théories douteuses, traitements non éprouvés… Polémique sur les pratiques de deux médecins du CHU de Montpellier
Une vidéo Youtube, visionnée par plus de 260 000 personnes, pointant les pratiques de deux praticiens du centre anti-douleur du CHU de Montpellier a suscité de vives réactions. La direction de l'hôpital a annoncé lundi lancer une enquête interne, tandis que l'Ordre des médecins a ouvert l'instruction d'une procédure disciplinaire.
Y a-t-il eu des dérives dans la prise en charge de patients au centre anti-douleur du CHU de Montpellier ? C'est ce que suggère le youtubeur G.Milgram dans une vidéo de près de 40 minutes, diffusée jeudi 20 novembre et intitulée "Quand le bullshit s'infiltre à l'hôpital". Déjà visionnée par plus de 264 000 personnes, elle révèle le témoignage d'une jeune patiente, nommée Camille, qui - selon le vidéaste - est atteinte d'une maladie génétique lui causant des douleurs chroniques.
Pour le youtubeur, suivi par 278 000 abonnés, la prise en charge de Camille dans le centre anti-douleur du CHU montpelliérain est "une honte absolue". Lors de sa première consultation, la patiente raconte s'être vu poser un diagnostic de fibromyalgie par une rhumatologue après avoir répondu à un questionnaire, "passé en dix minutes".
Elle dénonce ensuite les pratiques de deux praticiens, les Drs Patrick Ginies et Olivier Abossolo. Le premier médecin lui aurait notamment posé des questions sur sa grand-mère, censées expliquer ses douleurs chroniques. Le second aurait prescrit à la patiente – selon les documents présentés dans la vidéo -, sur une feuille blanche n'indiquant ni son nom ni sa signature, des traitements non médicamenteux et non prouvés. Il aurait également pratiqué une séance de méditation, que la patiente a trouvé particulièrement étrange. "J'étais hyper gênée", témoigne-t-elle.
Cette vidéo a suscité de nombreuses réactions, auxquelles le CHU de Montpellier entend répondre en éclaircissant la situation. Dans un communiqué, diffusé lundi 24 novembre, la direction de l'hôpital a ainsi annoncé avoir lancé une enquête interne. La doyenne de la faculté de médecine a également engagé "une évaluation pédagogique des enseignements pour apporter toute la transparence attendue sur les faits révélés". Tandis que l'Ordre des médecins a, de son côté, "ouvert l'instruction d'une procédure disciplinaire", affirme la direction de l'hôpital, qui précise qu'un "audit de pratiques a de même été décidé" et confié à "un expert hospitalo-universitaire de la douleur, appartenant à un autre CHU".
Une pratique qui "sort du cadre"
Le CHU rappelle, par ailleurs, que le Dr Abossolo n'exerce plus au sein du centre d'évaluation et de traitement de la douleur, et n'enseigne plus au sein de la faculté de médecine de Montpellier. "Il a quitté le CHU il y a un an, où il exerçait en qualité de vacataire, à raison d'une journée par semaine. Il n'exerce plus en France depuis lors", souligne le communiqué. Selon nos confrères de Midi Libre, le médecin travaillerait désormais en Suisse.
Le Dr Giniès - qui n'est pas explicitement cité dans le communiqué – a, lui, été "suspendu" à titre conservatoire, annonce la direction de l'hôpital montpellierain. Interrogé par Midi Libre, le praticien a assuré avoir exercé pendant 40 ans "sans aucune plainte d’un patient". Selon le spécialiste de la douleur, "90 % des patients suivis au CHU disent que leur situation s’est améliorée". Il reconnaît une "prise en charge" qui intègre "des médecines alternatives, avec de l’hypnose, de la sophrologie, de l’art-thérapie, de la musicothérapie…", et qui "sort du cadre". "Mais si on fait le même travail que celui qui a été fait jusque-là, avec un rhumatologue notamment, on va à l’échec. Il faut 'casser' le blocage", a-t-il estimé auprès nos confrères.
Selon le président de l'Ordre des médecins de l'Hérault, contacté par Midi Libre, trois patientes du Dr Giniès ont récemment interpelé l'instance pour signaler des "questions inappropriées". Aucune plainte n'a toutefois été déposée. Pour le Dr Abossolo, qui aurait fait l'objet d'un signalement de la Miviludes, "il n’est plus inscrit à l’Ordre en France, on va faire en sorte qu’il n’y revienne pas", a indiqué le Dr Philippe Cathala.
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