La toute première assemblée générale du collectif Inter-Hôpitaux (CIH) a eu lieu jeudi 10 octobre dans les locaux de la faculté de médecine Pitié-Salpêtrière. Près de 450 personnes étaient réunies pour préconiser des mesures fortes : arrêts des réunions administratives, suspension du codage T2A, revalorisation des salaires… Le nouveau collectif, dans le sillage de l'Inter-Urgences, entend frapper fort et organiser une "grande manifestation" le 14 novembre prochain à Paris. Médecins, professeurs de renom, internes ou encore infirmières ont décidé de se mobiliser pour se faire entendre et dénoncer leurs conditions de travail détériorées par les coupes budgétaires. Ils souhaitent obtenir rapidement un plan d'urgence pour "sauver l'hôpital public". "J'ai alerté pendant tout mon mandat de président de la CME sur le plan de financement qui est totalement déconnecté de la réalité", intervient au cours de l'AG le Pr Noël Garabedian, le nouveau président de la commission médicale d'établissement (CME) de l'AP-HP. Les témoignages se sont multipliés au micro, comme celui du Dr Joëlle Laugier, de l'hôpital Delafontaine à Saint Denis (93) : "Il y a tellement de pression sur les lits qu’on assiste à des retours à domicile trop précoces." Ou encore cette aide-soignante qui explique vivre dans une chambre de garde faute d'un salaire suffisant pour se loger en région parisienne. Des mesures fortes Outre l'arrêt des fermetures de lits, le collectif Inter-Hôpitaux demande à revoir complètement le financement de l'hôpital public : il plaide pour l'arrêt de la T2A et pour l'augmentation du budget hospitalier. Les membres du collectif demandent aussi une hausse salariale de l'ordre de 300 euros net mensuel pour l'ensemble des personnels hospitaliers, pour atteindre les salaires moyens des pays de l'OCDE.
Précisions : Les 300€ euros en plus c’est NET et MENSUEL #AGCIH Vote à l’unanimité pic.twitter.com/XLa12sIi3x
— COLLECTIF INTER-HOPITAUX (@CollectInterHop) 10 octobre 2019
Invitée du grand rendez-vous CNews/Europe1/Les Echos dimanche, la ministre de la Santé a reconnu l'existence du "problème de rémunération" des personnels hospitaliers et a assuré qu'elle travaillait à "rendre l'hôpital public plus attractif", tant en début de carrière pour les médecins et infirmières, qu'en "deuxièmes parties de carrière" pour les paramédicaux.
"Des solutions de court terme" pour la ministre
Pour accentuer la pression, le collectif organise une grande manifestation le 14 novembre prochain, réunissant l'ensemble des personnels hospitaliers. "À l’heure actuelle, on nous laisse mariner parce qu’on n’est pas assez. Si on veut vraiment avoir plus d’impact, il faut vraiment qu’on soit plus nombreux, qu’on s’inscrive dans la durée pour ne pas flancher", s'est exprimée Yasmina du collectif Inter-Urgences, au micro lors de l'AG du 10 octobre.
Prise de parole de Yasmina pour notre Collectif. Nous avons ouvert une brèche dans les négociations, mais nous avons besoin de vous tous pour améliorer notre conditions de travail et d'accueil. #CIU #AGCIH#EnsembleSauvonslHopital #SoutienAlaGreveDesUrgences pic.twitter.com/ucHdhvkpq0
— L'Inter-Urgences (@InterUrg) 10 octobre 2019
Un appel à la grève qui n'est pas au goût d'Agnès Buzyn. "Ils ne le savent pas mais je suis dans la boucle de mails des médecins qui s'écrivent au sujet de leur envie de faire grève", a révèlé la ministre, qui se dit "sidérée" de leur méconnaissance du système, allant jusqu'à parler "d'informations fausses". "Leurs solutions sont des solutions de court terme qui ne régleront pas le problème", assure-t-elle tout en rappelant qu'il n'y avait pas de "désapprobation sur le cap" de sa réforme de la Santé votée mi-juillet, a-t-elle ajouté. "D'ailleurs toutes les fédérations hospitalières, les syndicats de médecins sont d'accord sur le cap de la loi." La pétition mise en ligne début octobre par le collectif, appelant à un plan d'urgence, comptabilise néanmoins plus de 22 330 signatures à ce jour.
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