Des infirmiers mis à pied pour avoir demandé des masques stockés dans un placard fermé à clé

23/04/2020 Par Marion Jort
Paramédicaux

Alors que le matériel et les équipements manquent pour les soignants mobilisés face au coronavirus, deux infirmiers d’un Ehpad de Toulouse (Haute-Garonne) ont été mis à pied par la direction, qui refusait, selon eux, de leur fournir des masques.  

 

Tout commence par un placard et un stock de 600 masques remisé derrière une porte verrouillée. Le week-end du 21 mars, face à cinq cas de diarrhée dans l’établissement, une infirmière en poste depuis une trentaine d’années demande à pouvoir utiliser des protections dont dispose alors l’Ehpad. Mais la quinquagénaire explique, dans une interview à la Dépêche du Midi, que la direction lui refuse alors l’accès au local.  

Décontenancée, la soignante fait part de la situation au Samu qui lui répond qu’ils ont alors “perdu du temps” et qu’il fallait “déstocker” les masques. “Je répétais tout le temps qu’il fallait les porter, au moins pour les soins sur les cas suspects. Mais ça agaçait la directrice qui disait que j’avais peur et que je transmettais ce sentiment à toute l’équipe”, raconte-t-elle. Dès le lundi, elle reçoit une première convocation de la part de la direction. “Elle m’a dit ‘hors de ma vue’ immédiatement sinon j’appelle la police’.”

 

Intervention de la police 

Le constat est identique pour l’un de ses collègues. Âgé de 34 ans, lui aussi a été mis à pied pour avoir réclamé des masques pour se protéger. “Au cours du week-end précédent, face au refus d’ouvrir le local, je me suis agacé et j’ai menacé de forcer la porte qui m’a finalement été ouverte”, confie-t-il. Une victoire de courte durée… Puisque le 25 mars, il est convoqué, alors qu’il était en train de faire les soins. “A 13h15, elle est arrivée en salle de soins en me tendant deux feuilles à signer mais j’ai refusé et elle m’a ordonné de partir.”

L’échange ne s’arrête pas là. L’infirmier, en cherchant à se défendre, lui répond qu’il ne compte pas quitter les lieux. Une demi-heure plus tard, il voit arriver quatre policiers devant l’établissement. “Là, c’était la panique”, raconte le soignant.  

 

Deux mises à pied et une démission 

“Ils nous reprochent d’être allés à l’encontre des préconisations délivrées par le groupe, d’instiller la peur chez les soignants et les résidents”, raconte l’infirmière. La Dépêche du Midi précise que sur l'équipe de quatre infirmiers de l'Ehpad, deux ont donc été suspendus et un troisième a démissionné.  

Interrogée par le journal, la direction de l’Ehpad n’a pas souhaité s’exprimer sur le dossier mais “conteste la version des faits énoncés”.   

 

[avec la Dépêche du Midi

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Claire FAUCHERY

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