Des études de médecine payées au Smic contre 10 ans dans un désert : Mélenchon a encore frappé

16/11/2020 Par Marion Jort

Invité de BFMTV jeudi 12 novembre, le député La France Insoumise et candidat à l’élection présidentielle Jean-Luc Mélenchon a expliqué vouloir que tous les étudiants soient rémunérés par l’Etat et s’engagent par la suite pour la collectivité. Dans son viseur, la liberté d’installation des médecins pour résorber les déserts médicaux, marotte des Insoumis depuis des années. 

 

Une semaine après avoir proposé sa candidature aux élections présidentielles de 2022, le député La France Insoumise Jean Luc Mélenchon était l'invité d’une émission spéciale sur BFMTV jeudi 12 novembre dernier. Fort de ses 173.000 signatures de soutien, le politique a commencé à détailler certains projets qu’il aimerait mettre en place s’il est élu. Et a évoqué la possibilité de verser un revenu aux étudiants, notamment ceux en médecine. 

Un salaire… Mais pas sans contrepartie. En échange, ces derniers devront un engagement “à l’égard de la communauté”. Comprendre : terminé, la liberté d’installation des médecins. “Je veux que tous ceux qui étudient aient un revenu. Et que tous ceux qui étudient et qui ont un revenu, s’engagent ensuite à l’égard de la collectivité. Exemple : les étudiants en médecine. Je suis d’accord, je pense qu’il faut que des étudiants en médecine soient pris en charge par l’Etat, comme autrefois c’était le cas pour les instituteurs, avec une paie normale, le Smic. Ensuite, ils doivent dix années à l'État, ils ne rachètent pas, pas de pantouflage”, détaille le leader de la France Insoumise. 

C’est au sein de centres de santé que pourraient ensuite s’installer les nouveaux médecins. “Nous pourrons de cette manière créer des centres de santé et dire 'vous là, par exemple, vous avez bénéficié des dix années et vous allez dans le Lot, vous là, vous allez en Corrèze, vous dans l’Aveyron'. Voilà comment on pourra combiner notre intérêt à tous”, poursuit Jean-Luc Mélenchon.  

Les Insoumis n’en sont pas à leur coup d’essai sur le sujet, convaincus que la suppression de la liberté d’installation est la solution pour résorber rapidement les déserts médicaux. En mars 2019, les députés LFI présentaient un amendement dans le cadre du projet de loi santé visant à conditionner le conventionnement des médecins à "l’appréciation de la densité de l’offre de soin dans sa zone d’installation". “La liberté d’installation totale dont jouissent les professionnels de santé exerçant en ville les mènent naturellement à privilégier leur confort de vie présumé sur leur mission de service public”, affirmaient-ils en préambule de l’amendement. Quelques lignes en-dessous, les députés écrivaient aussi que la liberté d'installation constitue "une forme d'ingratitude corporatiste envers la collectivité”. Ce terme, qui avait provoqué une véritable levée de bouclier chez les carabins et médecins, avait rapidement été retiré du texte, finalement rejeté. 

 

Tollé chez les internes  

Un an plus tard, la réaction est la même. Immédiatement, l’Intersyndicale nationale autonome représentative des Internes de médecine générale (Isnar-IMG) et l’'Intersyndicale nationale des internes (Isni) ont interpellé le candidat via les réseaux sociaux. “L’Isni sera ravie de s'entretenir avec vous sur la situation catastrophique que vivent aujourd'hui les femmes et les hommes, futurs médecins, entre précarité, burn-out, et harcèlement dans les hôpitaux”, ironise Gaëtan Casanova, président de l’Isni. 

De son côté, l'Isnar-IMG déplore que la vision de la “démographie médicale” de Jean-Luc Mélenchon soit “aussi éloignée de la réalité du terrain” “Il faut repenser en profondeur nos modes d'exercices et l'attractivité de nos territoires”, écrit le syndicat sur Twitter. “Les internes en médecine générale et les médecins généralistes de demain se sont emparés bien avant vous de ce problème, soucieux d'améliorer l'accueil de leurs futurs patients”, rappelle-t-il également. 

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