Psychiatre assassiné par un patient : les syndicats de médecins demandent à l'Etat de "prendre ses responsabilités"
Dans un communiqué de presse, l'Intersyndicale des médecins libéraux appelle l'Etat à "prendre enfin ses responsabilités" après l'assassinat lundi 1er décembre d'un psychiatre en Guadeloupe. Le suspect, qui n'est autre qu'un patient, a été mis en examen et placé en détention provisoire.
C'est une "profonde tristesse" et une "immense consternation" que l'Intersyndicale des médecins libéraux a souhaité exprimer à la suite du décès du psychiatre Jean-Michel Gal, mortellement poignardé lundi par un patient alors qu'il consultait au CMP du Gosier (Guadeloupe). "Un tel drame, survenu dans un lieu dédié au soin, à l'écoute et à la vulnérabilité humaine, nous bouleverse tous", écrivent les présidents de la FMF-Gé, de Jeunes médecins, de l'UFML-S, de Médecins pour demain, du SML, de la CSMF, d'Avenir Spé, de MG France, de la FNMR, de SOS Médecins ainsi que de l'Inter-Comeli, dans un communiqué de presse. "Un médecin est mort parce qu'il exerçait son métier", s'émeuvent-ils.
Appelant "au respect du temps judiciaire, à la retenue, à la pudeur, et au refus de toute récupération", les leaders syndicaux pointent un "drame isolé", mais qui n'est "pas un hasard". "Depuis des mois, nous alertons sur la multiplication des agressions verbales, physiques, menaces, intrusions, intimidations, auxquelles sont confrontés les soignants de ville comme les soignants hospitaliers", rappellent-ils. "La violence institutionnelle, l'épuisement, la pénurie d’accès aux soins et les tensions sociales créent le terreau d'une agressivité croissante envers ceux qui soignent", souligne l'Intersyndicale, qui avait déjà manifesté son inquiétude face à cette explosion de la violence au travers du Collectif du 12 mars.
"Cette réalité est connue, documentée, et désormais tragiquement incarnée par ce drame", se désolent les syndicats, pour qui "le meurtre du Dr Jean-Michel Gal n'est pas seulement une tragédie individuelle. C'est un signal d'alarme national." L'Intersyndicale demande ainsi à l'Etat de "prendre enfin ses responsabilités". Elle appelle le Gouvernement à appliquer immédiatement la loi Pradal, votée le 9 juillet dernier, destinée à renforcer la sécurité des professionnels de santé, "dont les décrets d'application se font toujours attendre". Mais aussi de "mettre en place des mesures de sécurisation des structures de soins, en particulier psychiatriques et médico-psychologiques, où la vulnérabilité des patients nécessite une protection adaptée".
Des alertes "trop souvent ignorées"
Elle demande, par ailleurs, le renforcement de la prévention et du repérage des situations à risque, en lien avec les ARS, les forces de l'ordre et les équipes soignantes. Elle exige, en outre, que les professionnels de terrain soient "enfin" écoutés, car leurs "alertes répétées sont trop souvent ignorées". "Aucun médecin, aucun soignant, aucun travailleur du soin ne devrait risquer sa vie en exerçant sa mission", insiste l'Intersyndicale, qui adresse "son soutien indéfectible aux collègues de Guadeloupe et à tous les soignants, dont l'engagement quotidien mérite protection, reconnaissance et respect". Les onze organisations appellent ainsi "à une mobilisation nationale, digne et unie, contre toute forme de violence envers ceux qui soignent".
La veille, l'Ordre des médecins avait exprimé sa "profonde stupéfaction" face à ce drame.
Le suspect, un homme de 48 ans, a reconnu les faits lors de sa garde à vue. Il a "expliqué son passage à l'acte par sa colère contre la psychiatrie en général et les traitements qui lui étaient prescrits", a rapporté la procureure de la République de Pointe-à-Pitre, Caroline Calbo, lors d'une conférence de presse à laquelle l'AFP a assisté mardi soir. Il "venait de terminer une consultation" avec le Dr Gal "dans le cadre d'un suivi médical régulier" quand il est passé à l'acte avec "un petit couteau rétractable", a-t-elle précisé.
L'autopsie réalisée mardi a montré "des plaies au niveau de plusieurs organes" et constaté "qu'une dizaine de coups" avaient été portés au psychiatre.
Le suspect a été "mis en examen pour assassinat et placé en détention provisoire", a annoncé la procureure de la République. La détermination de son profil psychiatrique va constituer "l'un des points essentiels" de l'enquête. "Il y aura une saisie de son dossier médical, plusieurs expertises collégiales pour déterminer s'il avait tout son discernement au moment des faits." Jamais condamné jusqu'alors, le mis en cause "avait fait l'objet d'une procédure en 2021 pour un port d'arme blanche, classée sans suite pour irresponsabilité pénale" et avait alors "déjà été hospitalisé en psychiatrie".
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