Le Dr Patrick Gasser, vendredi 14 novembre (crédit photo : Louise Claereboudt)
"Les médecins spécialistes ne réclament pas des privilèges, mais un peu de reconnaissance" : en direct du congrès d'Avenir Spé
Après une première journée dédiée à la formation, Avenir Spé a officiellement lancé ce vendredi 14 novembre ses Rencontres de la médecine spécialisée à La Baule (Loire-Atlantique). Son président sortant, le Dr Patrick Gasser, a dénoncé, devant les représentants des verticalités, la "logique punitive" qui frappe de plein fouet une médecine spécialisée fragilisée.
Le Dr Patrick Gasser, vendredi 14 novembre (crédit photo : Louise Claereboudt)
"Nous nous retrouvons à la Baule dans un moment grave pour la médecine spécialisée", a déclaré le Dr Patrick Gasser, président sortant d'Avenir Spé, en ouverture, ce vendredi matin, des Rencontres de la médecine spécialisée, organisées à La Baule (Loire-Atlantique). "Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 a fait l'effet d'un couperet. Il ne laisse plus entrevoir ni cap ni horizon", a-t-il poursuivi, estimant que l'Ondam de ville est un "symbole de défiance". "Il dit à tous les soignants : 'Faites plus avec moins, mais surtout en silence'".
Ce PLFSS, qui comporte plusieurs mesures jugées délétères pour la médecine spécialisée, a été transmis au Sénat. L'Assemblée nationale n'est pas parvenue à terminer l'examen de ce budget à temps, mais a pu toutefois apporter des modifications. Elle a, par exemple, rejeté la surcotisation des dépassements d'honoraires. Un sujet qui a récemment fait couler beaucoup d'encre avec la publication d'un rapport parlementaire faisant état d'une forte progression des dépassements de l'ordre de 5% par an depuis 2019, pour un montant total de plus de 4 milliards d'euros l'an dernier.
Les députés ont, en revanche, approuvé plusieurs mécanismes pour lutter contre la rentabilité "excessive" de certains secteurs, validant notamment le controversé article 24. Cet article habilite le directeur de l'Assurance maladie, en cas d'échec des négociations, à procéder à des baisses de tarifs "lorsqu'est documentée une rentabilité manifestement excessive au sein d'un secteur financé par des rémunérations négociées dans le champ conventionnel". Une mesure qui passe mal chez les spécialistes, alors que des baisses de tarifs ont été récemment actées de façon unilatérale par la Cnam dans le champ de l'imagerie médicale.
On ne sauvera pas la Sécurité sociale en allant contre les médecins, mais avec eux
"Nous ne contestons pas la nécessité d'un effort, nous dénonçons simplement la logique punitive qui frappe ceux qui soignent", a dénoncé Patrick Gasser, ce vendredi. Et d'ajouter que "les spécialistes ne sont pas résignés", mais sont "fatigués de se battre contre les chiffres, contre les injonctions contradictoires, contre un discours qui les soupçonne plus qu'il ne les écoute". Pour le président sortant d'Avenir Spé, cette "suspicion permanente abîme le lien entre l'Etat et les soignants". En témoigne "le malaise profond des jeunes" qui "doutent du sens de leur engagement, de la valeur de leur travail, de la possibilité d'un avenir apaisé", a-t-il déploré.
"Les médecins spécialistes ne réclament pas de privilèges, mais simplement un peu de reconnaissance : ils demandent un dialogue loyal, une négociation équilibrée, une gouvernance fondée sur la confiance", a martelé Patrick Gasser, mettant en avant la "volonté" au sein d'Avenir Spé "de construire ensemble". "On ne sauvera pas la Sécurité sociale en allant contre les médecins, mais avec eux", a-t-il estimé. "La solution existe : elle s'appelle la pertinence, c'est l'alignement entre la qualité, l'équité, et la soutenabilité. C'est ce qui permet de maîtriser les dépenses sans détruire le tissu médical du pays. C'est la seule variable structurelle d'un financement durable. Mais pour y parvenir, il est indispensable d'avoir un partenaire loyal, un cadre stable, et une confiance réciproque", a-t-il insisté, le ton volontairement "provocateur", sous le regard du directeur général de la Cnam, Thomas Fatôme.
Un congrès sous le thème des fragilités et des vulnérabilités
Lors de l'ouverture des Rencontres de la médecine spécialisée, Patrick Gasser a tenu à rappeler que celles-ci sont placées sous le thème des fragilités et des vulnérabilités. Un sujet qui lui tient à cœur. "Beaucoup m'ont dit : 'Pourquoi vas-tu parler de ça ? Notre problème est autre part.' Eh bien non, je ne le crois pas", a-t-il déclaré. Demain, ce sera le sujet."
"Parler de fragilité aujourd'hui, ce n'est pas que d'évoquer les autres, c'est parler de nous, de notre système, de nos institutions, de nos métiers, de nos patients, mais surtout de notre société", a-t-il poursuivi. Avenir Spé a d'ailleurs signé, en fin de journée vendredi, la charte Romain Jacob, en présence de Pascal Jacob, président de l'association Handidactique. Cette signature "témoigne d'une médecine spécialisée consciente de ses responsabilités sociales et humaines", a déclaré Patrick Gasser.
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