L'amendement limitant à trois ans le remplacement rejeté au Sénat

05/06/2019 Par Aveline Marques
"La mobilisation a payé", s'est réjoui hier soir le syndicat Réagjir, suite au rejet en séance plénière de la limitation à trois ans de la période pendant laquelle les médecins peuvent remplacer après leur thèse. Les jeunes ont pu compter sur le soutien d'Agnès Buzyn, qui a expliqué pourquoi cette mesure, censée inciter à l'installation, risquait d'être contreproductive.

  "Si le recours à la qualité de remplaçant peut être utile, de manière ponctuelle, dans le cadre d'un parcours professionnel ou pour un territoire spécifique, ce mode d'exercice dérogatoire ne doit pas devenir la règle à la sortie des études de médecine", estimait le sénateur LR Alain Milon, auteur de l'amendement limitant à trois ans "la durée totale des autorisations d'exercice de la médecine à titre de remplaçant délivrées aux médecins" thésés – soit quatre à cinq ans de remplacements possibles après la fin de l'internat. Une mesure censée "inciter" les jeunes médecins à s'installer au plus vite, car couplée avec une exonération de cotisations pour ceux qui franchissent le pas dans les trois ans suivant l'obtention de leur diplôme. Voté en commission des Affaires sociales du Sénat en mai, cet amendement a suscité une levée de boucliers via le hashtag #TouchePasAMonRemplaçant, lancé sur Twitter par les organisations de jeunes, soutenues par la CSMF, MG France et la FMF. Un amendement de suppression du Gouvernement, adopté hier soir en séance plénière, a réglé la question. "Moins de 4 % des médecins inscrits au tableau de l'Ordre au 1er janvier exercent une activité intermittente (remplacement, contrats courts)", a souligné la ministre de la Santé à la tribune. "Cette proportion n'apparaît pas déraisonnable, d'autant que le remplacement répond à un besoin véritable." Et Agnès Buzyn de rappeler aux sénateurs qu'un médecin qui part en vacances ou en formation sans trouver de remplaçant serait contraint de fermer son cabinet. "Une diminution du vivier de remplaçants dans ce contexte risquerait de laisser des territoires sans médecin pendant plusieurs semaines chaque année, avec des périodes critiques comme la période estivale", a relevé la ministre. "Les territoires fragiles, qui peinent à attirer des médecins remplaçants, seraient les premiers à subir cette dégradation." Sans compter que l'exercice en tant que remplaçant permet aux jeunes de murir leur "projet professionnel et préparer leur installation", comme le montre une récente enquête de l'Ordre des médecins. "Restreindre cette possibilité risquerait de dégrader encore plus l'attractivité de l'exercice libéral", juge la ministre.

Le syndicat Reagjir (Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants) s'est réjoui hier soir sur Twitter d'avoir été entendu par la ministre et par les sénateurs à ce sujet.

 

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Claire FAUCHERY

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