"Ils ne s’installent plus et sont introuvables" : dix idées reçues sur les médecins remplaçants

1) “Les médecins remplaçants ne s’installent plus et on peine à en trouver”
“C’est l’une des principales idées reçues qu’on entend dans le discours de certaines instances, chez des confrères plus âgés ou même parmi les politiques”, explique la Dre Élise Fraih. Pour la présidente de ReAGJIR ce discours est pourtant paradoxal. “D’un côté, on reproche aux remplaçants de ne pas s’installer et de l’autre, on se plaint de ne plus en trouver !”
Tout est une question de chiffres, selon elle. A l’heure actuelle, la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees), estime que 228.858 médecins libéraux sont en activité sur tout le territoire. Le nombre de médecins remplaçants a été estimé, par l’Urssaf, à 16.506 praticiens. Si l’on se concentre sur les médecins généralistes, ils sont 99.941 en activité au 1er janvier 2022 pour seulement 10.302 remplaçants de cette spécialité. “La conclusion est simple : il y a un remplaçant pour dix généralistes installés”, souligne la Dre Fraih. “Vous comprenez bien que pour un médecin satisfait, il y en a neuf qui ne le sont pas, ce qui accentue cette idée qu’on n’arrive plus à en trouver.”
2) “Les remplaçants n’ont qu’à s’installer, cela résoudra une partie du problème d’accès aux soins”
“Imaginez si tout le monde s’installait tout le temps ? Il n’y aurait plus de remplaçants”, proteste la Dre Fraih, qui rappelle que les médecins remplaçants sont “nécessaires”. “S’il n’y a pas de remplaçants sur un territoire, je pense surtout aux territoires en tensions, cela peut être un frein à l’installation pour certains praticiens”, considère la généraliste.
Un élément est à prendre en compte à ses yeux : l’aide précieuse que les remplaçants apportent aux installés. “Si on pousse la doctrine jusqu’au bout de ‘ils n’ont qu'à s’installer’, on aura des burn out, des déplaquages des installés, car eux aussi ont besoin de souffler et de fermer le cabinet pour X raisons, en sachant que leurs patients ne seront pas abandonnés”.
3) “Les remplaçants mettent du temps à s’installer”
En moyenne, l’Ordre estime qu’un médecin remplaçant met entre un à trois ans pour s’installer. Toutefois, la réforme du troisième cycle des études de médecine, qui a modifié la maquette du DES* de médecine générale pour inclure plus de stages en ambulatoire pourrait changer la donne, les jeunes praticiens pouvant déjà avoir une idée plus précise de leur projet professionnel au moment de l’obtention de leur diplôme.
Seuls les médecins choisissant de remplacer régulièrement dans un cabinet précis ou de faire des gardes de nuit, par exemple, poursuivent une activité de médecin remplaçant sur le plus long terme.
4) “Il y a un profil-type du remplaçant”
“Les remplaçants ne sont pas plus des hommes que des femmes”, assure la présidente de ReAGJIR, reconnaissant qu’il pourrait être intéressant de lancer une étude pour savoir si les femmes s’installent plus tôt - ou non - car elles ne peuvent bénéficier de l’avantage supplémentaire maternité en étant sous le statut de médecin remplaçante.
Plus généralement, le médecin remplaçant peut être un jeune médecin qui a besoin d’ajuster son projet professionnel, mais aussi un médecin retraité qui décide de reprendre du service, ou encore un médecin qui a déplaqué et est prêt à venir en renfort de ses collègues pendant les périodes de vacances, par exemple. Une grande majorité est encore interne : sur les 16.506 remplaçants d’aujourd’hui, la moitié est encore au régime simplifié des professions médicales**. “Nécessairement, c’est aussi un vivier de remplaçants qui ne peut pas exercer en permanence”, ajoute la Dre Fraih.
5) “Un remplaçant n’exerce que dans un cabinet”
En moyenne, un remplaçant exerce dans trois à quatre cabinets au début de son exercice.
6) “Le remplaçant travaille moins que le médecin installé”
“Le médecin remplaçant fait autant de consultations qu’un installé, il a la même activité”, explique la généraliste. Elle concède...
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