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Quels délais de rendez-vous pour les psychiatres, cardiologues, dermatologues ? Les résultats de l'enquête de l'URPS Grand-Est

L'Union régionale des professionnels de santé - Médecins libéraux (URPS-ML) du Grand-Est vient de publier une enquête sur les délais d'attente pour obtenir un rendez-vous chez les médecins spécialistes de la région. Pour la cardiologie, la dermatologie et l'ORL, il faut compter deux à trois mois.  

18/12/2024 Par Chloé Subileau
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Quels sont les délais d'attente pour obtenir un rendez-vous chez un médecin spécialiste dans le Grand-Est ? C'est la question à laquelle a cherché à répondre l'URPS-ML Grand-Est dans une enquête menée auprès de 2 143 spécialistes*, publiée vendredi 13 décembre. Cette étude a pris en compte les délais observés par téléphone – appels mystères - et sur les plateformes de rendez-vous en ligne.  

Les enquêteurs se sont présentés comme des nouveaux patients souhaitant obtenir un rendez-vous, précise l'URPS ML Grand-Est. Ils ont testé deux scénarios par téléphone : l'un avec un motif non urgent, et un second avec une demande semi-urgente. Par internet, seul un scénario non urgent a été testé. 

En psychiatrie, moins de 20% des demandes aboutissent à un rendez-vous

Il en ressort des résultats très disparates selon les spécialités et les territoires. Pour le premier scénario, "ces délais d'attente sont généralement très similaires par téléphone et par internet, avec des taux d'obtention de rendez-vous proches", écrit l'URPS ML Grand-Est, dans un communiqué.  

Sans surprise, la cardiologie, la dermatologie, l'ORL, l'hépato-gastro-entérologie et la rhumatologie sont les spécialités avec les plus longs délais d'attente dans la région. Leurs délais médians sont, en effet, supérieurs à deux mois, voire trois mois pour la cardiologie, la dermatologie et l'ORL pour les demandes non-urgentes. "Le taux d'obtention de rendez-vous est également faible. Il témoigne d'une forte demande non satisfaite", note ainsi l'URPS ML Grand-Est.  

En gynécologie et pédiatrie, les délais d'attente sont "moyens", avec des "délais médians inférieurs à 50 jours" et "des taux d'obtention de rendez-vous autour de 50%". La chirurgie orthopédique connait, elle, un délai d'attente assez court et un taux d'obtention élevé. 

Enfin, l'enquête relève un faible taux de réalisation en psychiatrie, avec "moins de 20% des demandes qui aboutissent à un rendez-vous", peut-on lire. 

Pas de corrélation directe entre la densité des spécialistes et les délais d'attente

Face à ces chiffres, l'étude avance comme première hypothèse d'explication l'inégale répartition des spécialistes sur le territoire régional. Mais "une analyse plus approfondie montre qu'il n’y a pas de corrélation directe entre la densité des spécialistes et la durée des délais d’attente. Cette réalité contre-intuitive est par exemple illustrée par le département de la Haute-Marne avec la plus faible densité en cardiologues, dermatologues et psychiatres, et qui pourtant affiche les délais les plus courts par téléphone dans ces spécialités! Tandis que les départements avec un CHU ont souvent des délais plus élevés que la médiane de la région", développe l'URPS ML Grand-Est, dans son communiqué.  

De plus, les grandes agglomérations ont tendance à afficher des délais plus longs, tandis que les agglomérations petites et moyennes ont souvent des délais plus courts", ajoute l'union régionale de professionnels de santé. 

Par ailleurs, l'étude met en évidence l'impact du caractère urgent de la demande sur les délais d'attente. En effet, les demandes semi-urgentes permettent généralement d'obtenir un rendez-vous plus rapidement. "Les scénarios 2 testés [dans l'étude, NDLRl] ont produit des délais relativement plus courts, entre 20 jours en cardiologie à un seul jour en pédiatrie", selon l'URPS ML Grand-Est. "Mais la proportion de rendez-vous effectivement obtenus pour des examens semi-urgents est très faible, oscillant entre 4% (dermatologie) et 34% (chirurgie orthopédique)", ajoute-t-elle, précisant que "l'offre territoriale est encore plus limitée" pour ces rendez-vous. 

L'ensemble de ces résultats met en lumière "la complexité des facteurs qui influencent l'accès aux médecins spécialistes", ceux-ci comprenant notamment la spécificité des spécialités, le comportement des patients et l'organisation des cabinets médicaux. "Même si l’hétérogénéité de ces facteurs rend complexe l’interprétation de la simple mesure d’un délai de rendez-vous, la pénurie de médecins spécialistes libéraux joue le rôle majeur", précise toutefois l'enquête. 

Face à ces résultats, plusieurs solutions sont avancées, à commencer par une mise en garde contre "les dangers de la financiarisation de la médecine de ville et [de] la régulation à l'installation des médecins spécialistes". L'URPS ML Grand-Est appelle, en outre, à favoriser le développement des structures de soins libérales, en permettant aux médecins de se regrouper, d'incorporer de nouveaux spécialistes et de s'installer dans les zones où les besoins sont les plus importants. Il faut aussi encourager les installations dans les grandes agglomérations pour y réduire les délais d’attente et favoriser l’implantation de sites secondaires dans les zones les moins denses, conclut l'URPS.  

 

*Les spécialités concernées sont la cardiologie, la chirurgie orthopédique, la dermatologie, l'hépato-gastroentérologie, la gynécologie obstétrique, l'ORL, la pédiatrie, la psychiatrie et la rhumatologie. 

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