Les survivants d’un cancer dans l’enfance ont un risque fracturaire plus élevé à l’âge adulte

04/01/2023 Par Pr Philippe Chanson
Cancérologie
Les patients dont le cancer dans l’enfance a été traité avec succès sont à risque de développer différentes pathologies endocriniennes et des comorbidités squelettiques à l’âge adulte.

  Une équipe néerlandaise s’est intéressée à la cohorte hollandaise des survivants de cancer dans l’enfance et ont évalué dans le cadre d’une étude transversale les facteurs de risque d’une éventuelle réduction de la densité minérale osseuse (DMO) et le risque de fractures, en particulier de fractures vertébrales. L’étude a porté sur les données de la cohorte DCCSS-LATER qui comprenait tous les sujets vivants et cela depuis au moins 5 ans après le diagnostic d’un cancer dans l’enfance, dont le diagnostic de cancer avait été fait avant l’âge de 19 ans et qui avaient été traités dans l’un des 7 centres d’oncologie pédiatrique hollandais entre 1963 et 2002. Pour cette étude, ils ont demandé aux survivants de cancer âgés de 18 à 45 ans qui étaient vivants en octobre 2016 et vivaient aux Pays-Bas, de participer à l’étude dans laquelle la DMO était mesurée par DEXA. Les antécédents de fractures rapportés par les patients, survenues au moins 5 ans après le diagnostic de cancer, ont été évalués et comparés aux données de la population obtenues dans le registre national suédois. Les fractures vertébrales ont été analysées dans un sous-groupe de participants. Entre avril 2016 et janvier 2020, 3996 (soit 64.8 %) des 6165 sujets de l’étude DCSS-LATER ont été invités à participer dont 2003 (soit 50.1 %) ont été inclus à un âge moyen de 33.1 ± 7.2 ans, avec 48.2 % de femmes. Des examens DEXA étaient disponibles chez 77.3 % des sujets pour l’évaluation de la DMO et 249 (soit 12.4 %) ont pu être évalués pour les fractures vertébrales. Globalement, 559 (soit 36.1 %) des 1548 qui avaient eu un DXA avaient une DMO basse (Z-score ≤ -1) et 149 (soit 9.6 %) avaient une DMO très basse (Z-score ≤ -2) au niveau d’un site. Le rapport de l’incidence standardisée pour une première fracture quelle qu’elle soit était de 3.53 (IC 95 % 3.06 – 4.06) chez les hommes et 5.35 (4.46 – 6.52) chez les femmes. Trente-trois (soit 13.3 %) des 249 participants avaient des fractures vertébrales. Le sexe masculin, le fait d’avoir un poids plutôt bas, le fait d’avoir reçu une dose élevée de carboplatine ou une radiothérapie crânienne, d’avoir un hypogonadisme, une hyperthyroïdie, une activité physique basse et un déficit sévère en vitamine D étaient associés à une densité minérale basse. Le sexe masculin, le fait d’avoir un poids bas, d’avoir eu une radiothérapie, d’avoir un déficit en hormone de croissance et un déficit sévère en vitamine D étaient associés à une DMO très basse. De plus, le sexe masculin, le tabagisme et une DMO très basse au niveau vertébral étaient associés aux fractures quelles qu’elles soient alors qu’un âge supérieur au suivi, des traitements préalables par platine, un déficit en hormone de croissance et une faible activité physique étaient associés de manière spécifique aux fractures vertébrales. En conclusion, les survivants de cancers dans l’enfance sont à risque élevé de fracture. Une densité minérale osseuse très basse au niveau lombaire est associée aux fractures, ce qui souligne l’importance d’une surveillance active de la densité minérale osseuse chez les survivants à haut risque, c’est-à-dire ceux qui ont été traités par irradiation crânienne, crânio-spinale ou toto-corporelle. Ces résultats indiquent d’autre part qu’une surveillance attentive du traitement adéquat des pathologies endocriniennes ou des déficits vitaminiques pourrait améliorer la santé osseuse chez les survivants de cancers dans l’enfance.

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