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Jugée "has been", la médecine thermale peine à recruter

Les stations thermales, en particulier les plus petites, peinent à recruter des médecins et kinésithérapeutes.

03/06/2025 Par Mathieu Plessis
Médecine thermale
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Selon le Syndicat national des médecins thermaux, 500 à 700 médecins, généralistes pour la plupart, exercent la médecine thermale, à titre exclusif ou non. Deux profils principaux : des médecins tout juste diplômés et pas encore fixés sur une activité, ou à l’inverse "rebutés" par le libéral ou en fin de carrière. Moyenne d’âge : 60 ans environ. 

Une quarantaine de médecins thermaux exercent en salariat, un statut rendu possible il y a quelques années. Également récente, la création d’un diplôme inter-universitaire, dont chaque année sortent une cinquantaine de médecins, contribue à stabiliser la démographie médicale. Pour attirer les médecins, des établissements ont mis fin au travail médical le dimanche, en modifiant les jours d’arrivée des curistes. Et dans certaines stations, la création de maisons de santé permet d’associer activité thermale et autres pratiques médicales.

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Des obstacles au recrutement, tels que la localisation en zones de montagne, loin des villes, ou la saisonnalité de l’activité, attractive autant que répulsive selon les projets des médecins, sont anciens. D’autres s’y sont ajoutés. Michel Duprat, président du syndicat, juge insuffisante la hausse de la rémunération des médecins thermaux dans la convention médicale 2024-2029, comparée à celle décidée pour les généralistes. Aujourd’hui, en cas d’orientation simple, un forfait de 80 euros rémunère les trois consultations du suivi thermal. A partir de 2026, la rémunération sera découpée en actes, payés 28 euros chacun. 

Michel Duprat regrette que la médecine thermale soit parfois vue "comme 'has been', alors qu’elle est écologique, efficace et efficiente, sans risque avéré, peu onéreuse, et répond aux besoins de civilisation (maladies chroniques, vieillissement, lutte contre la iatrogénie)". Il en vante la dimension clinique et "la relation privilégiée avec les curistes, pendant trois semaines et souvent d’une année sur l’autre. Ils nous disent des choses qu’ils ne diraient pas à leur généraliste". La médecine thermale ? "Un atout pour la santé publique."

Un atout par ailleurs de mieux en mieux étudié sur le plan scientifique. Ce qui n’empêche pas qu’elle se pratique ici ou là au voisinage d’activités bien-être dont la nature interroge Pierre de Bremond d’Ars, du collectif No FakeMed : réflexologie, magnéthothérapie (thérapie par les aimants), oxygénation Bol d’air Jacquier, etc. "Il y a peut-être des stations où certaines prises en charge complémentaires ne sont pas très médicales", admet Thierry Dubois, du CNETh, le syndicat patronal des exploitants thermaux. Lui cite plutôt un atelier de sevrage des benzodiazépines dans les thermes de Saujon (dirigés par son frère psychiatre), l’essor de programmes d’éducation thérapeutique soutenus par des ARS, ou l’instauration en 2025, dans 24 stations, d’une consultation de détection de la fragilité pour les curistes âgés de 70 ans et plus. 

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