63% des soignants libéraux "usés" à la fin de leur journée de travail
L’association Soins aux professionnels de la santé (SPS) et Doctolib se sont associés pour réaliser une étude sur la santé mentale des soignants libéraux. Bilan : une vocation intacte pour 60% des répondants, mais une usure liée à un sentiment d'insécurité et à des revenus jugés insuffisants.
L’association Soins aux professionnels de la santé (SPS) et Doctolib ont réalisé une étude sur la santé mentale des soignants libéraux. Cette enquête révèle que les soignants libéraux ne sont pas égaux face au risque de burn out : les médecins généralistes et chirurgiens-dentistes sont particulièrement impactés (25%), alors que les médecins spécialistes le sont moins (14%). Parmi les répondants, 49% présentent un score critique pour le burn out personnel, et 39% pour le burn out professionnel.
Parmi les pistes pour agir, SPS et Doctolib appellent à mieux sensibiliser les soignants, notamment quand les signes annonciateurs d’un burn out se multiplient. "Un soignant libéral qui sent qu’il risque de basculer vers le burn out doit pouvoir bénéficier rapidement d’un soutien, auprès de ressources faciles à identifier. Ces ressources doivent lui garantir l’accès à des professionnels compétents, la confidentialité des échanges, la qualité d’écoute, ainsi que la bonne compréhension des spécificités de l’exercice libéral", indique l'étude.
Les difficultés à maintenir un équilibre entre vie professionnelle et personnelle sont également pointées par les répondants. Pour 75% de soignants libéraux, l’activité professionnelle empiète de manière chronique sur la sphère privée. Les sages-femmes et les médecins (généralistes et spécialistes) sont les plus exposés à cette porosité entre rôles. Pour les soignants libéraux, la recherche d’un équilibre satisfaisant vie professionnelle-vie privée est compromise par l’intensité des rythmes d’activité ; 60% des répondants se sentent "usés" en fin de journée.
La part importante de travail administratif est aussi citée par les répondants comme un frein à l'exercice de leur métier. La majorité des soignants considèrent que ces tâches compliquent et alourdissent l’exercice de leur métier, tout comme les exigences croissantes de documentation et de traçabilité imposées. Pour 50% des chirurgiens-dentistes et 45% des médecins généralistes, tâches administratives et normes sont perçues en permanence comme des freins à la conduite de l’activité. Les médecins spécialistes et masseurs-kinésithérapeutes se disent aussi fortement affectés ; les sages-femmes et les psychologues sont moins concernés par cette pression.
La violence envers les soignants libéraux tend à se banaliser et va parfois jusqu’à l’agression physique, pointe l'étude. Elle concerne tous les métiers du soin. Les menaces et agressions verbales sont de loin les plus fréquentes (41%) : elles visent en particulier les médecins généralistes, chirurgiens-dentistes et masseurs-kinésithérapeutes. Les effets les plus fréquents des agressions sont psychologiques (stress, sidération, anxiété) et professionnels, avec une perte de motivation qui peut aller jusqu’à une remise en cause du métier. Le sentiment d’insécurité, la dégradation du climat de travail, et les réactions de protection et d’adaptation, sont également cités.
Enfin, les soignants libéraux se montrent globalement insatisfaits de leurs revenus, avec toutefois des écarts très importants entre les professions. Couplé aux multiples facteurs de stress de leur activité, ce déficit de reconnaissance sociale peut avoir à long terme un effet délétère sur l’attractivité des métiers du soin.
*En mars 2025, Doctolib a envoyé à 60000 soignants libéraux exerçant en France un lien vers l’enquête. Au total, 1 550 réponses (2,6 %) ont été recueillies, dont 1 300 questionnaires intégralement renseignés.
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