Levothyrox : des allégations balayées par le CNRS et l’ANSM

05/10/2018 Par Marielle Ammouche
Médicaments

Alors que tout récemment, Jean Christophe Garrigues, un chercheur de l’Université Paul Sabatier de Toulouse et du CNRS, a remis en cause la conformité de la nouvelle formule du Levothyrox, ses employeurs (CNRS et Université de Toulouse) se désolidarisent du chercheur, soulignant que ses travaux "ne constituent pas en l’état actuel des faits scientifiques". Et l’Agence nationale de sécurité et des produits de santé (ANSM), confirme la "bonne qualité" de la nouvelle formule. 

  Un chercheur de l’Université Paul Sabatier de Toulouse et du CNRS a émis des doutes concernant une modification récente de la formule du Levothyrox, suggérant des manipulations du laboratoire.  

"Il n’y a pas de 'nouvelle-nouvelle formule'."

  Mais, le laboratoire allemand Merck a démenti le 5 octobre toute modification de la nouvelle formule du Levothyrox depuis sa mise sur le marché pour limiter les effets indésirables dénoncés par de nombreux patients. "Merck n’a pas modifié, ni 'légèrement', ni 'en catimini', la composition de la nouvelle formule du Levothyrox. Il n’y a pas de 'nouvelle-nouvelle formule'. Nous condamnons fermement toute allégation dans ce sens", a déclaré l'entreprise par communiqué. Jean-Christophe Garrigues, chercheur au laboratoire des interactions moléculaires et réactivité chimique et photochimique (Imrcp), avait été sollicité par l'Association française des malades de la thyroïde (Afmt) pour analyser différents lots de Levothyrox, avait-il expliqué à Reuters. Et il aurait décelé différentes "impuretés" dans des lots de la nouvelle formule du Levothyrox commercialisée à partir de mars 2017. Selon lui, ces éléments chimiques "diminuent de façon significative" dans les lots vendus actuellement. Pour l'Afmt, cette révélation laisse penser que la formule a de nouveau été modifiée par le fabricant. Merck dénonce des "allégations sensationnalistes et sans preuve".  

L’annulation d’une conférence de presse du chercheur

  En outre, le CNRS et l’université Toulouse III Paul Sabatier se désolidarisent de Jean Christophe Garrigues. Dans un communiqué du 5 octobre, ils ont demandé l’annulation d’une conférence de presse du chercheur, prévue ce jour à Toulouse, précisant que les résultats annoncés par Jean-Christophe Garrigues, n’ont "pas été validés par le processus d’évaluation par les pairs propre à la communauté scientifique", et que "le CNRS considère qu’ils ne constituent pas en l'état actuel des faits scientifiques". De plus, bien que Jean-Christophe Garrigues ait effectué ces mesures en utilisant les équipements du laboratoire des Interactions Moléculaires et Réactivités Chimiques et Photochimiques (Imrcp), "celles-ci ne sont liées en aucune façon à une quelconque activité de recherche de son équipe ou du laboratoire". Le CNRS considère que "l’agent n’a pas respecté la déontologie scientifique indispensable pour valider toute recherche. Ces analyses ont d’ailleurs été réalisées hors conventionnement". "Ni les tutelles, le CNRS et l’université Toulouse III Paul Sabatier, ni l’Imrcp n’ont été impliqués dans les analyses conduites par Jean-Christophe Garrigues, dont ils n'étaient pas même informés".  

La nouvelle formule n’est pas sous-doséé en levothyroxine

  Enfin, c’est dans ce contexte que l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) publie une note de synthèse concernant l’équivalence du principe actif entre nouvelle et ancienne formule du Levothyrox. Au total, 4 analyses ont déjà été réalisées entre septembre 2017 et juillet 2018. L’analyse globale, qui vient d’être publiée a porté sur la vérification de la composition en levothyroxine (teneur en principe actif, excipients), la recherche d’impuretés élémentaires, de BHT (butylhydroxytoluène) et de dextrothyroxine, sur des comprimés de Levothyrox nouvelle formule et ancienne formule (Euthyrox). Les résultats ont confirmé que la nouvelle formule n’est pas sous-doséé en levothyroxine avec des taux comparables entre les 2 formules. La nouvelle molécule ne comporte par ailleurs de la dextrothyroxine "qu’à l’état de traces" comme c’était déjà le cas dans, "ce qui est tout à fait conforme aux spécifications attendues". L’agence précise cependant que "ces chromatogrammes permettent uniquement d'identifier la présence de dextrothyroxine et de lévothyroxine et ne peuvent générer aucune autre interprétation". Elle conclut à la "bonne qualité de la nouvelle formule du Levothyrox".

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Claire FAUCHERY

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