Kawasaki et Covid chez les enfants : l’alerte des autorités sanitaires

29/04/2020 Par Marielle Ammouche
Infectiologie
Les autorités sanitaires françaises et britanniques alertent sur une nouvelle manifestation clinique grave à type de syndrome inflammatoire vasculaire s’apparentant au syndrome de Kawasaki, qui pourrait être liée à l’infection au Sars-CoV-2 chez les enfants.

Après un premier signal émanant des autorités sanitaires britanniques, c’est au tour des spécialistes français de faire part de leur inquiétude concernant la signalisation d’un nouveau syndrome clinico-biologique, qui pourrait être associé à une infection au coronavirus et qui surviendrait chez les jeunes enfants. Ainsi, le 29 avril au soir, des médecins du Centre de référence malformations cardiaques congénitales complexes de l’hôpital Necker à Paris (M3C Necker) ont alerté la communauté médicale sur l’existence de cas de syndrome vasculaire inflammatoire ressemblant à une maladie de Kawasaki. Le Dr Damien Bonnet, chef de service cardiologie congénitale et pédiatrique, écrit ainsi, selon des propos rapportés par le journal Midi Libre : "Un nombre croissant d’enfants de tous âges a été hospitalisé dans un contexte d’inflammation multi-systémique associant fréquemment une défaillance circulatoire avec des éléments en faveur d’une myocardite." 25 enfants d’Ile-de-France, âgés de 2 à 10 ans, seraient concernés et auraient été hospitalisés pour ce motif ces trois dernières semaines, dont 10 à l’hôpital Necker. Les tableaux cliniques sont variables s’apparentant à "une forme incomplète de la maladie de Kawasaki", avec de la fièvre, des symptômes digestifs (douleurs abdominales), un syndrome inflammatoire vasculaire général. La Société française de pédiatrie précise que les enfants présentent "à la phase initiale quelques éléments en faveur d’un syndrome d’activation macrophagique dans un contexte de production importante de cytokines pro-inflammatoires. Ils ne développent pas forcément de dilatation coronaire". Environ 30 à 50% auraient été testés positifs au Sars-CoV-2, mais pas tous. L’information est majeure, vu la gravité des tableaux. Cependant l’évolution, sous prise en charge (traitement par immunoglobulines IV), semble être généralement favorable. Pour l’équipe de Necker, c’est le délai d’apparition de ces cas qui pose problème. "L'épidémie a démarré il y a cinq semaines en Ile-de-France et ces jeunes enfants affluent depuis 15 jours. Il y a eu une hausse depuis vendredi. C'est un phénomène qui nous ennuie. La bonne nouvelle c'est qu'ils s'améliorent très vite. Ils sont en péril quelques heures", rapporte le Midi Libre.

  Un lien avec le Covid-19 non encore établi "Certains [de ces] enfants, en France et en Angleterre, se sont révélés porteurs du coronavirus", a confirmé le ministre de la Santé sur France Info, le 29 avril. "C'est quelque chose que je prends, évidemment très au sérieux. Je mobilise la communauté soignante, la communauté scientifique en France et à l'international pour avoir le maximum de données possible, pour voir s'il y a lieu de faire un lien entre le coronavirus et cette forme qui, jusqu'ici n'avait pas été observée nulle part. Donc beaucoup de vigilance et une certaine inquiétude", a-t-il indiqué. "C'est une alerte que nous prenons très au sérieux en France, nous lançons un signal, il faut être vigilants", souligne aussi le Pr Alexandre Belot, rhumatologue et pédiatre à l'hôpital femme mère enfant à Lyon, dans la Dépêche du Midi. Cette information fait suite à une première alerte émanant des autorités sanitaires britanniques. Ainsi, au cours du week-end dernier, les membres de la société britannique de soins intensifs pédiatriques (PICS) avaient reçu un mail du National Health Service (NHS) soulignant "une légère augmentation" du nombre de cas d’enfants gravement malades présentant un tableau clinique inhabituel. Beaucoup de ces enfants ont été testés positifs pour Co-19, mais pas tous là aussi. "C'est une nouvelle maladie qui, selon nous, peut être causée par le coronavirus", avait déclaré le 28 avril le ministre de la Santé, Matt Hancock, à la radio LBC. "Nous ne sommes pas sûrs à 100% parce que certaines des personnes qui l'ont contractée n'ont pas été testées positives (au coronavirus). Nous faisons donc actuellement beaucoup de recherche. Mais c'est quelque chose qui nous préoccupe", avait-il ajouté. Le ministre a souligné qu'il y avait « un petit nombre de cas ». Le Pr Russell Viner, président du Royal College of Paediatrics and Child Health (RCPCH), a ajouté "qu'un très petit nombre d'enfants peut devenir gravement malade du Covid-19, mais c'est très rare". Il souligne que "de nouvelles maladies peuvent se présenter d'une manière surprenante, et les cliniciens doivent être informés de toute nouvelle donnée concernant des symptômes particuliers ou des conditions sous-jacentes qui pourraient rendre un patient plus vulnérable au virus". D’autres cas similaires ont aussi été retrouvés en Espagne, Italie. Dans ce dernier pays, un nombre anormalement élevé de cas de maladie sévère de type Kawasaki avait déjà été signalé, chez des enfants de moins de 9 ans. Une dizaine de cas auraient aussi été constatés en Belgique.

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