Campagne sur les génériques : prescripteurs et patients sous pression

02/10/2017 Par Catherine le Borgne
Médicaments

Le prochain budget de la Sécurité sociale inscrit, au rang des économies sur l'évolution prévisible des dépenses, une somme de 340 millions d'euros (sur un total de 1,45 milliards sur le médicament et les produits de santé), provenant de la promotion et du développement des génériques. Médicaments que nous consommons moins que nos voisins européens, a critiqué Agnès Buzyn. La campagne lancée vendredi dernier : "Devenir générique, ca se mérite" vient fort à propos accentuer la pression qui s'alourdira désormais sur les prescripteurs et les patients.

S'inscrivant en ligne avec cette ambition de booster la consommation de génériques, un nouveau volet de la campagne de promotion conduite par le ministère de la Santé, la CNAM et l'ANSM : "Devenir générique, ça se mérite", a commencé à se déployer depuis vendredi  dernier 22 septembre. Prenant acte des enseignements tirés des précédentes campagnes, elle s'emploie à "désamorcer les situations de blocage les plus courants", vécues par les patients vis-à-vis de ces médicaments moins chers. Cinq situations sont ainsi mises en question, illustrées par des avis de trois experts pharmacologues, qui proposent aux prescripteurs, des repères pour répondre aux patients. Ces blocages sont illustrés par ces questions :  "Mon traitement a changé, le nouveau médicament va-t-il être aussi efficace ?" ; J'ai eu des effets indésirables avec ce médicament, est-ce parce qu'il s'agit d'un générique ?" ; Je me sens moins bien depuis que je prends ces médicaments. Est-ce parce qu'il s'agit de génériques ?" ; Je prends plusieurs médicaments pour mon diabète et mon hypertension. J'ai peur de confondre les boîtes et les comprimés entre eux : les médicaments génériques se ressemblent tous" ; Je ne comprends pas, j'ai acheté un médicament générique pour mon ventre et c'était le même prix que le médicament d'origine, donc je ne vois pas l'intérêt". Depuis le lancement de la campagne, en 2016, ses initiateurs se félicitent d'observer une "tendance générale positive".  Ainsi, patients et médecins se déclarent plus ouverts à l’utilisation des médicaments génériques et font de moins en moins de distinction avec le médicament d’origine, se réjouissent-ils dans le dossier de presse. La confiance des pharmaciens, pour sa part, demeure inchangée, à un niveau de fait très élevé (8,6/10 cette année vs 8,7 en 2016). D'autres évolutions positives sont relevées depuis la dernière campagne : . Les patients se montrent de plus en plus ouverts à l’utilisation des médicaments génériques. De manière générale, ils acceptent d’y avoir recours à 73 % lorsqu’ils sont malades et ils déclarent même à 58 % être prêts à prendre des médicaments génériques en cas de maladie chronique, vs 52 % en 2016 (+ 6 points). Une évolution aussi marquée chez les médecins généralistes : 75 % d’entre eux sont prêts à prescrire des médicaments génériques dans ce cas vs 68 % en 2016 (+ 7 points). . Les patients n’expriment pas de préférence entre médicaments génériques et médicaments d’origine (51 % des personnes interrogées). Selon eux, les médicaments génériques suscitent plutôt moins de problèmes à l’usage que les médicaments d’origine, et ces problèmes sont du même ordre (principalement : effets secondaires, goût du médicament, efficacité). . Le dialogue s’est intensifié entre professionnels de santé et patients : 3/4 des médecins déclarent échanger régulièrement avec leurs patients vs 2/3 des médecins en 2016 et 20 % des patients disent échanger régulièrement avec leur médecin (contre 17 % en 2016). .  Les connaissances des utilisateurs et des médecins généralistes sur des notions-clés ont également progressé : le grand public déclare majoritairement savoir qu’ils sont fabriqués selon les mêmes règlementations que les médicaments d’origine à travers le monde (58 % vs 52 % en 2016) et semble mieux renseigné sur le montant des économies réalisées en dix ans grâce aux médicaments génériques (43 % vs 34 % en 2016). Pour les médecins ils sont par exemple à présent 75 % (vs 64 % en 2016) à savoir que les médicaments génériques peuvent soigner des maladies graves comme le cancer. Enfin, toujours selon le dossier de presse (conçu, il est vrai, avant l'affaire du Levothyrox et la demande de MG France qui en a découlé, de ne plus porter la mention Non substituable à la main sur l'ordonnance), la part des patients réticents à prendre des médicaments génériques a reculé (28 % vs 38 % en 2016, - 10 points).  

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