Faute d'infirmières, l’hôpital de Roubaix peine à ouvrir son unité hivernale

31/12/2019 Par Marion Jort

Alors que l’ouverture de l’unité d’hiver de l’hôpital de Roubaix (Nord) est prévue au 1er janvier 2020, la direction est confrontée à des difficultés de recrutement d’infirmiers et un manque de personnel. Son ouverture a été reportée.  Confronté à des difficultés dans le recrutement d'infirmières, l'hôpital de Roubaix (Nord) n'ouvrira pas son unité hivernale au 1er janvier, un coup dur symptomatique des conditions de travail difficiles et du manque d'attractivité de la fonction publique hospitalière. L'unité représente 12 lits supplémentaires destinés à "répondre aux hospitalisations en surnombre aux urgences pendant l'hiver", explique Maxime Morin, directeur de l'établissement qui emploie 2.900 agents (équivalent temps plein). "C'est indispensable. Si on ne fait pas ça, on va tendre la situation dans les services". Mais, pour la faire fonctionner 7 jours/7 et 24 heures/24, l'hôpital a besoin, entre autres, de six infirmières, des postes qu'il n'arrive pas à pourvoir, même en retardant l'ouverture de l'unité de plusieurs semaines : en 2018, elle avait pu commencer à fonctionner début décembre. "Ce qui nous empêche d'avoir tous nos postes remplis, c'est l'absentéisme : cela nous oblige à remplacer d'abord là où il y a des trous. Du coup, les gens qu'on embauche ne sont pas disponibles pour les postes vacants ou l'unité hivernale", souligne M. Morin. Une moyenne de 37,9 % d’absence par agent en 2018 De fait, à Roubaix, il manque chaque jour plus de 10% des effectifs du personnel non médical, soit une moyenne de 37,9 jours d'absence par agent en 2018, selon les chiffres d'HospiDiag. Une situation liée à un quotidien professionnel "épuisant", explique une infirmière du service des urgences à l’AFP, qui souhaite rester anonyme. "Il y a des jours où on n'a pas le temps d'aller aux toilettes, certains n'osent même pas boire un verre d'eau. C'est beaucoup de soins à la chaîne, c'est l'usine...". Elle évoque aussi...

 les "problèmes de planning". "Dans la même semaine, on nous demande de faire des matins, des après-midis, des nuits. Le corps est tout le temps déréglé, on ne récupère jamais. On ne peut pas changer tous les deux jours comme ça, on est à bout". "On a aussi des professionnels qui vieillissent au travail", pointe Maxime Morin. "L'âge de départ en retraite a déjà nettement augmenté dans nos établissements ces dix dernières années et il y a plus d'arrêts de travail, plus de maladies professionnelles et plus de maladies graves chez ceux qui ont entre 55 et 65 ans". D'un côté donc, un fort absentéisme, et de l'autre, des difficultés à recruter. L'hôpital de Roubaix dispose pourtant dans ses murs d'un Institut de formation en soins infirmiers (IFSI), dont 80 étudiants sont sortis diplômés en juillet et 40 en décembre, mais peine de plus en plus à les attirer.   Des salaires trop bas Parmi les facteurs qui pèsent dans le choix des jeunes diplômés, "le salaire joue beaucoup, c'est ce qui les attire vers les pays étrangers", comme la Suisse ou la Belgique, et vers le secteur libéral, explique Alain Messien, directeur de l'IFSI. A la rémunération s'ajoutent aussi d'autres éléments selon lui : "les conditions de travail et l'instabilité des horaires". Face à l'absentéisme, l'hôpital public rappelle souvent son personnel sur ses heures de repos, quand le secteur privé, lui, "fait appel à des personnels intérimaires", plus chers et moins productifs, pour garantir les emplois du temps des titulaires. Récemment diplômée de l'IFSI, Tiphaine, 23 ans, a choisi de ne pas exercer à Roubaix. "Vu mes expériences de stage, je ne me suis jamais posé la question", confie-t-elle. Elle a préféré rejoindre un établissement psychiatrique, où les conditions de travail sont "meilleures", même si "c'est moins bien payé". "C'est vous dire à quel point les soins généraux, ça n'attire pas du tout". Les effectifs en poste, eux, tirent la langue. Selon le dernier bilan social, le stock d'heures supplémentaires non récupérées et non payées s'élevait à 112.287 fin 2018. Des salariés dénoncent une "bulle spéculative", malgré les efforts de la direction qui devraient permettre de diminuer ce chiffre de 9% en 2019. "Les gens ont l'impression de travailler gratuitement", estime un infirmier anesthésiste. "Le système tient parce qu'il y a beaucoup d'anciens qui sont venus à l'hôpital avec l'idée de dévouement, mais la nouvelle génération ne veut plus de tout ça. Et avec les départs en retraite, on va avoir de gros problèmes".   [Avec AFP]

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