
"Un fléau de santé publique" : les médecins libéraux alertent sur le cadmium présent dans l'alimentation
En amont de la journée mondiale de l'environnement, le 5 juin, la Conférence nationale des URPS médecins libéraux a souhaité interpeller les pouvoirs publics, et sensibiliser les praticiens et la population à la nocivité du cadmium, un métal lourd très présent dans les aliments de base tels que le pain, les céréales et les pâtes.

"Dans un contexte d’urgence sanitaire parfaitement documentée scientifiquement, il est de notre devoir d'interpeler la puissance publique pour actionner les leviers nécessaires afin de protéger les citoyens, sans plus attendre", déclare le Dr Pascal Meyvaert, généraliste dans le Bas-Rhin, et coordinateur du groupe de travail "Santé environnementale" de la Conférence nationale des URPS médecins libéraux, dans un communiqué diffusé ce lundi 2 juin. Ce groupe de travail a passé au crible les études menées sur le cadmium, un métal lourd, cancérigène reconnu qualifié de "fléau de santé publique", qui s'accumule dans l'organisme via l'alimentation, notamment au travers de produits de base tels que les céréales, les pommes de terre, les pâtes, le pain et les produits de panification et certains légumes (en particulier les épinards).
En cause : les engrais phosphatés riches en cadmium que la France importe notamment du Maroc. "Les sols accumulent le cadmium qui ne peut en sortir que par les plantes. II pénètre alors facilement dans les végétaux par leurs racines et entre ainsi dans la chaîne alimentaire. Ayant une durée de vie très longue (10-20 ans), il s’accumule dans le foie et les reins, et sa présence dans l’organisme augmente avec l’âge", pointe le communiqué.
Les femmes sont plus touchées
Les études ont montré une imprégnation croissante de la population française. Entre l'étude ENNS de 2006-2007 et l'étude Esteban de 2014-2016, la concentration de cadmium dans les urines a quasiment doublé, passant d'une moyenne de 0.29 µg/g de créatinine à 0.57, "trois fois supérieure" aux adultes américains. "Chez les enfants, la dose moyenne de l’étude Esteban dépasse la valeur moyenne des adultes de ENNS et la comparaison avec les pays similaires est très défavorable : 4 fois supérieure à celle des enfants américains ou allemands par exemple", alerte le communiqué.
Les femmes sont davantage touchées, avec une moyenne de 0.68 µg/g dans l'étude Esteban, sachant que l'absorption intestinale est multipliée par 4 en cas de carence martiale - qui est susceptible de toucher près de 25% des femmes ménopausées, soulignent encore les URPS médecins libéraux. Les URPS souhaitent ainsi sensibiliser les Français avec une campagne digitale et diffuser des documents d'information dans les cabinets libéraux afin d'aider les praticiens à cibler les personnes les plus à risques pour mettre en place des stratégies de dépistage des pathologies.
La CN URPS-Médecins libéraux va également saisir le Gouvernement pour que la France s'aligne "le plus rapidement sur les recommandations de l’Anses sur la charge en cadmium maximale des engrais phosphatés" : les normes françaises admissibles de cadmium sont à 90mg de cadmium/kilo d'engrais phosphatés alors que la norme européenne est à 60, et que l'Anses recommande de ne pas dépasser les 20 mg de cadmium/kilo.
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