
Suivi des patients cancéreux : l’apport déterminant de l’ADN tumoral sanguin
Gustave Roussy va lancer un essai clinique visant à évaluer diverses stratégies thérapeutiques en fonction de la présence ou non d’ADN tumoral dans le sang chez des patients ayant été traités une première fois pour un cancer.

Gustave Roussy va lancer un essai clinique visant à évaluer diverses stratégies thérapeutiques en fonction de la présence ou non d’ADN tumoral dans le sang chez des patients ayant été traités une première fois pour un cancer. En effet, chez certains malades, après une première phase de traitement, il persiste dans le sang des fragments d’ADN tumoral, même en l’absence de signe visible du cancer à l’imagerie. On appelle cela une maladie moléculaire résiduelle (MRD). Ce paramètre apparait fondamental car des études ont mis en évidence que cette MRD pourrait constituer un indicateur précoce du risque de rechute.
C’est pourquoi Gustave Roussy a décidé de monter l’essai Umbrella, un essai clinique innovant de phase III, dans lequel le statut MRD est intégré comme critère de stratification thérapeutique. L’objectif est de personnaliser et d’améliorer le suivi et la prise en charge des patients post-traitement (survie ans maladie). "Umbrella incarne une évolution majeure vers une oncologie plus fine, plus ciblée et plus humaine", souligne le Pr Antoine Italiano. "Grâce à la biologie moléculaire, nous avons désormais les outils pour adapter le suivi et les traitements aux caractéristiques biologiques de chaque patient, en intervenant au bon moment, pour les bonnes personnes."
Cette étude, va porter sur 700 patients – recrutés dans 10 à 11 centres en France - ayant été traités pour divers cancers non métastatiques : poumon non à petites cellules, colorectal, pancréas, sarcomes des tissus mous. Elle utilise une plateforme de test MRD qui combine séquençage du génome entier et intelligence artificielle.
Umbrella est un essai randomisé, en double aveugle, d’une durée de 4 ans. Diverses stratégies sont comparées en fonction du statut MRD du patient. Ainsi, pour les patients MRD positif, l’étude teste l’intérêt d’un traitement préemptif par immunothérapie (tislelizumab) contre un placebo, avec un suivi médical conventionnel (imagerie + examen clinique tous les 3 à 6 mois).
Pour les patients MRD négatif, dont le risque de rechute est considéré comme faible, "Umbrella explore la possibilité d’un suivi allégé (tous les 6 mois, puis annuel), afin de limiter les consultations et examens inutiles sans perte de chance", explique Gustave Roussy dans un communiqué.
Les patients doivent être naïfs d’immunothérapie, et doivent avoir terminé leur traitement curatif depuis 3 à 4, 5 mois. "Umbrella ne se contente pas d’évaluer un nouveau traitement ; il interroge l’organisation même du suivi en oncologie, en introduisant pour la première fois une logique de stratification biologique basée sur la MRD. L’étude pourrait ouvrir la voie à une médecine de précision préventive et moins contraignante pour les patients", conclut Gustave Roussy.
Références :
D’après Gustave Roussy (19 mai)
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