
Les œstrogènes, un facteur métastatique même dans les cancers considérés non hormono-dépendants
Des chercheurs de l’Institut Curie, de l’Inserm et du CNRS viennent de montrer que les œstrogènes pourraient participer à l’aggravation de certains cancers, même si ceux-ci étaient considérés jusqu’à présent comme non hormono-dépendants, tels que le mélanome, le cancer gastrique ou encore le cancer de la thyroïde.

Ils sont partis de la constatation que plusieurs cancers surviennent de façon plus fréquente chez les femmes entre la puberté et la ménopause que chez les hommes au même âge. "Empiriquement, les dermatologues constataient déjà une incidence plus élevée de mélanomes chez les jeunes femmes, notamment après la grossesse. Nous avons cherché à comprendre scientifiquement ce phénomène", explique le Dr Lionel Larue, directeur de recherche à l’Inserm, chef d’équipe à l’Institut Curie.
Ce dernier a donc mis en place une étude, qui a mis en lumière toute une nouvelle voie de signalisation, jusque-là inconnue, et strictement dépendante de l’environnement hormonal féminin via le récepteur ESR1, récepteurs des œstrogènes. Cette voie, dite "YAP1" agit aussi via le récepteur GRPR (pour Gastrin-releasing peptide receptor), qui est pro-métastatique. En conséquence, elle favorise la dissémination et la résistance des cellules cancéreuses, et est particulièrement active chez les femmes.
Mais forts de ces données moléculaires, les chercheurs ont pu aller plus loin sur le plan thérapeutique. En effet, "GRPR appartient à la famille des récepteurs couplés aux protéines G (RCPG), qui représentent 35 % des cibles des médicaments actuellement approuvés, mais restent sous exploités en oncologie", détaille un communiqué de l’Inserm, du CNRS et de l'Institut Curie.
Dans une étude préclinique, les scientifiques ont donc testé l’administration d’antagonistes spécifiques de GRPR dans des modèles précliniques, et ont pu constater que cela réduisait significativement la formation de métastases.
Ces traitements pourraient en outre améliorer la douleur car GRPR joue également un rôle dans ce domaine. "La mise en place de thérapies combinatoires anti-oestrogéniques pourrait constituer une approche pertinente dans le traitement des mélanomes, et d’autres cancers, présentant cette boucle métastatique", résume le communiqué.
"Mieux comprendre l’impact du sexe et de l’âge sur le développement de certains cancers est essentiel pour faire progresser la médecine de précision. Ce travail jette les bases d’approches thérapeutiques innovantes, prévalentes aux femmes, et ouvre des perspectives cliniques concrètes", conclut le Dr Lionel Larue, directeur de recherche à l’Inserm.
Références :
D’après un communiqué de l’Inserm/ CNRS/Institut Curie (11 juin) ; et Jérémy H. et al. Nature, 11 juin 2025.
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