Cancer du sein : la durée de la radiothérapie désormais réduite à 3 semaines maximum
L’Institut Gustave Roussy (IGR) a présenté au récent Congrès de la European Society for Medical Oncology (Esmo), qui s’est déroulé du 13 au 17 septembre à Barcelone, les résultats d’une nouvelle étude qui va bouleverser la prise en charge des femmes atteintes d’un cancer du sein.
L’étude de phase III HypoG-01, promue par Unicancer, et qui a été présentée en session présidentielle à Barcelone, démontre en effet qu’un traitement radiothérapique de 3 semaines est équivalente au traitement de référence de 5 semaines et doit donc devenir le nouveau standard de traitement au niveau mondial pour toutes les femmes atteintes d’un cancer du sein avec envahissement ganglionnaire.
60 000 nouveaux cas de cancer du sein sont diagnostiqués chaque année en France. Et parmi eux, 30% le sont à un stade locorégional. Jusqu’à présent, ces patientes bénéficiaient, après chirurgie, d’un traitement par radiothérapie standard, à raison de 25 séances réparties sur 5 semaines. L’objectif de HypoG-01 était donc de comparer ce traitement standard à une stratégie de radiothérapie hypofractionnée pendant une durée de 3 semaines. Cela signifie que les patientes avaient moins de séances (15 contre 25) mais qu’à chacune, la dose de rayons était supérieure à la radiothérapie standard (2,67 contre 2 Gy par séance). Au total, les patientes du groupe hypofractionné recevaient donc 40 Gy, contre 50 pour le parcours normofractionné.
Pour vérifier l’efficacité identique et l’absence d’effet secondaire supplémentaire de cette stratégie, les auteurs ont donc mené un essai multicentrique prospectif, randomisé. Au total, 1 265 patientes opérées d’un cancer du sein locorégional (âge moyen 58 ans), ont été recrutées dans 29 centres en France. Les patientes présentaient divers sous-types de cancer (HER2+, RH +, ou cancers du sein triple négatif). "Ces critères d’inclusion relativement souples font de cette étude un essai pragmatique, avec des conclusions qui peuvent être applicables dans la pratique clinique courante", souligne l’IGR dans un communiqué.
L’étude s’est déroulée entre septembre 2016 et mars 2020. Le critère d’évaluation principal était l’apparition de lymphœdèmes ; la survie sans rechute locorégionale, la survie sans rechute et la survie globale, étant des critères secondaires.
Les résultats ont alors montré que les patientes du groupe hypofractionné ne présentaient pas plus d’apparition de lymphœdèmes que dans le parcours standard. En outre, les divers taux de survie étaient aussi semblables dans les deux groupes.
Ces résultats s’ajoutent à de précédents travaux ayant démontré l’intérêt d’une stratégie de radiothérapie plus courte dans les formes plus précoces de cancer du sein, sans atteinte ganglionnaire. "Au total, ce sont dorénavant toutes les femmes atteintes d’un cancer du sein qui suivront un parcours de radiothérapie plus court, avec de nombreux avantages, autant pour le confort des patientes que pour les organismes de remboursement des soins", conclut la Dre Sofia Rivera, oncologue radiothérapeute à l’IGR et présidente du groupe Unitrad d’Unicancer. Elle souligne, par ailleurs, que "cette étude, entièrement académique et financée par l’Institut national du cancer, démontre également que la France est capable de mener d’ambitieux essais cliniques, qui présentent des bénéfices directs pour les patients".
Références :
Communiqué de l’Institut Gustave Roussy (IGR, 16 septembre)
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