
"600 euros c'est une retraite d'agriculteur" : Neuder inflexible sur la rémunération des maîtres de stage des futurs docteurs juniors
Lors d'une rencontre avec l'Association des journalistes de l'information sociale (Ajis), mercredi 28 mai, le ministre chargé de la Santé a soutenu que la rémunération proposée aux maîtres de stage universitaire (MSU) pour l'accueil des futurs docteurs juniors de médecine générale était nettement "significative". Malgré le mécontentement des représentants de la profession, "il n'y aura pas de réouverture des discussions" sur le sujet, a-t-il tranché.

"Les MSU sont prêts à encadrer les docteurs juniors, mais pas à n'importe quel prix", a prévenu le Syndicat national des enseignants en médecine générale (SNEMG), dans un communiqué de presse diffusé ce mardi, dénonçant les rémunérations annoncées par le Gouvernement dans le cadre de la mise en œuvre de la quatrième année d'internat de médecine générale.
Le ministre chargé de la Santé et de l'Accès aux soins, Yannick Neuder, a détaillé mi-mai les arbitrages du Gouvernement sur la rémunération des futurs docteurs juniors de médecine générale et de leurs maîtres de stage. Ces derniers bénéficieront d'un socle forfaitaire de base de 1800 euros, et percevront une prime de 800 euros en cas d'exercice dans une zone sous-dense (ZIP) et de 400 euros en cas de supervision de la PDSA.
Une indemnisation "complètement déconnectée de la réalité" pour les généralistes enseignants, selon qui les chiffres avancés par Yannick Neuder sont "volontairement trompeu[rs] et mélange[nt] les honoraires pédagogiques et la participation à la PDSA, qui n'ont évidemment rien à voir avec les frais de mise à disposition des locaux, du matériel médical et toutes les charges inhérentes au fonctionnement d'un lieu de soins".
Invité ce mercredi 28 mai par l'Association des journalistes de l'information sociale (Ajis), Yannick Neuder a réagi au mécontentement des généralistes enseignants, partagé par d'autres syndicats de jeunes et de seniors. "Jusqu'à 3 000 euros, c'est quand même significatif et incitatif", a-t-il défendu, précisant que le socle forfaitaire de 1800 euros se compose de 1200 euros de participation aux frais d'accueil et de 600 euros de prime pédagogique. "600 euros c'est une retraite d'agriculteur", a-t-il comparé.
Le ministre, qui a fait plusieurs déplacements en région, a estimé qu'il y avait "beaucoup de diversité entre ce qu'[il a entendu] sur le terrain et ce qu'[il a entendu] des représentants" des médecins généralistes. Dans les Deux-Sèvres, par exemple, "tous les médecins des maisons médicales que j'ai interrogés trouvaient la rémunération très intéressante et étaient plutôt favorables à prendre [des docteurs juniors de médecine générale]", a assuré Yannick Neuder.
Non, il n'y aura pas de réouverture des discussions
Et de rappeler que c'est le Collège national des généralistes enseignants (CNGE) qui a plaidé pour une quatrième année d'internat professionnalisante. "S'il n'y avait pas eu cette quatrième année, ces [docteurs juniors] seraient en exercice. Encore jusqu'à cette année on considérait qu'à ce niveau d'études là, ils étaient [suffisamment] autonomes et exerçaient sans contrôle. La prime pédagogique, c'est pour un accompagnement, un soutien." Et d'insister : "Ce qui peut être considéré comme prime d'un côté" peut représenter le montant d'une retraite pour certaines personnes.
Face à l'Ajis, le ministre s'est montré inflexible. "Je peux entendre que ça ne convient pas à certains, et que ce n'est jamais assez. Mais non, il n'y aura pas de réouverture des discussions" sur la rémunération des MSU, a-t-il soutenu. "Parce que je crois qu'il faut faire attention", a-t-il poursuivi. "Il y a un niveau de responsabilisation aussi important à avoir. On a quand même plus de 3000 milliards d'euros de dette, la Cour des comptes vient de dire qu'on était dans des dépenses sociales qui devenaient incontrôlables, là on donne jusqu'à 3000 euros à un maître de stage pour avoir un docteur junior qui va participer à l'offre de soins…"
"Je pense qu'on a une société en proie à beaucoup de difficultés, il faut que ce soit acceptable au vu de l'ensemble des sujets", a-t-il ajouté. Et de mettre en garde les médecins : "Je crois que c'est mon rôle en tant que ministre de la Santé aussi de protéger les soignants, et particulièrement les médecins, sur le doctor bashing qui est en train d'arriver."
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