Ponctualité, écoute, durée de la consult : un nouveau site attribue une note à 190 000 médecins

16/04/2019 Par Aveline Marques
E-santé
Noter son médecin comme on note un restaurant ou un hôtel. C'est la raison d'être d'une nouvelle plateforme, MediEval4i.com, bien décidée à concurrencer Google là où d'autres ont échoué avant elle. Les patients applaudissent, les médecins fulminent et l'Ordre veille.

  "On n’évaluera pas la compétence médicale du professionnel de santé. Nous ne sommes pas médecins", précise d'emblée au Parisien.Fr le fondateur du nouveau site MediEval4i, lancé ce lundi. A l'image du site américain RateMDs.com, cette plateforme propose aux patients d'évaluer les médecins pour mieux les choisir. Mais c'est l'aspect relationnel qui entre en ligne de compte. Cinq items composent une note moyenne de 1 à 5 : la qualité de l’accueil, la durée de la consultation, la qualité de l’écoute, la ponctualité du médecin et enfin les explications sur le traitement. "Seuls 17 % des sondés ont reçu chaque fois que c’était nécessaire une information sur les effets secondaires des médicaments prescrits alors que certains sont très dangereux", pointe Mathias Matallah, qui a sondé 4000 personnes. "Que l’on paie 25 ou 50 euros, ça ne change pas grand-chose à la durée de la consultation qui varie de 17 minutes chez le généraliste à 26 minutes chez le cardiologue", souligne-t-il encore. "Le système n’a cessé de se dégrader, nous sommes à un moment de fracture entre médecins et patients." Environ 190 000 médecins, toutes spécialités confondues, sont d'ores et déjà référencés, sur la base des avis et commentaires Google. Le géant du web s'est imposé ces dernières années sur ce créneau de l'évaluation face à d'autres sites de notation, tel Notetondoc.com, qui ont fermé les uns après les autres. Au grand dam des médecins, qui dénoncent régulièrement des dérives.

"Ces commentaires peuvent avoir un effet extrêmement délétère sur l’exercice médical dans la mesure où le médecin a de grandes difficultés à y répondre d’abord du fait du respect du secret médical mais également de celui de l’anonymat qui entoure souvent l’existence de ces appréciations", relevait fin mars le syndicat UFML, qui a appelé les médecins à ne plus se laisser faire.  

Un dispositif de "modération très stricte des avis, contre le dénigrement, la diffamation, la misogynie… a été mis en place, ainsi qu’un droit de réponse du médecin", assure de son côté Mathias Matallah. Pas de quoi rassurer l'Ordre des médecins, qui a édité en octobre 2018 un guide pour aider les médecins à préserver leur réputation numérique. "L’acte médical c’est beaucoup plus. Une consultation longue ou prise à l’heure ne veut pas dire qu’elle soit bonne et précise. Il y a énormément de facteurs qu’on ne peut évaluer", souligne le Dr Jean-Marie Faroudja, président de la section éthique et déontologie du Conseil national de l’ordre des médecins, qui craint une altération "de la relation de confiance entre le médecin et le patient".

Ces derniers ne sont pas du même avis. "Les patients ont besoin de partager leur expérience. Quand les médecins savent qu’ils sont évalués, ça peut changer les choses. Il est légitime de noter une structure où notre vie est en jeu", juge Alain-Michel Ceretti, président de France Assos Santé. La fédération de patients compte d'ailleurs lancer son propre site d'évaluation d'ici la fin de l'année. Alors que le projet de loi de santé met en place une procédure de certification-recertification, les médecins n'ont pas fini de rendre des comptes. [Avec leparisien.fr et lefigaro.fr]

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Nathalie Hanseler Corréard

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