Justice

Suicide d'une patiente dépressive avec un câble de télé : l’hôpital jugé responsable

La cour administrative d’appel de Nancy a confirmé la responsabilité du centre hospitalier de Lons-le-Saunier (Jura) dans le suicide d’une patiente qui s’est pendue dans sa chambre avec un câble d’antenne télé. 

17/07/2024 Par Sandy Bonin
Justice

La cour administrative d’appel de Nancy a confirmé la responsabilité du CH de Lons-le-Saunier, dans le Jura, dans le suicide d’une patiente qui s’est pendue dans sa chambre. Cette dernière, alors âgée de 40 ans, avait en fait été hospitalisée en mai 2015 une première fois en raison d’une dépression dont elle souffrait depuis "deux ans" et qui était traitée par "antidépresseurs". 

Quelques jours à peine après son retour à domicile, la patiente avait finalement été reconduite aux urgences de ce même centre hospitalier "en raison d’une intoxication médicamenteuse […] et suspicion de pendaison". Deux jours plus tard, le 8 juin 2015, elle avait été retrouvée morte dans sa chambre d’hôpital : elle s’était en fait pendue avec le "câble d’antenne de télévision" qui avait été "attaché à la barre murale de sa salle de bains".

L'hôpital, après avoir été condamné par le tribunal administratif de Besançon à verser près de de 276 000 euros à la famille, avait fait appel. "Compte tenu du risque très important de […] pendaison […] qui avait été clairement identifié par le centre hospitalier, les circonstances que la victime ait pu […] se procurer un câble d’antenne de télévision suffisamment long, puis se pendre à partir de la barre murale […], révèlent un défaut de surveillance constitutif d’une faute dans l’organisation et le fonctionnement du service public hospitalier", a confirmé la cour administrative d’appel de Nancy dans son arrêt.

La cour a cependant revu à la baisse le montant des indemnisations. Les proches de la victime percevront cette fois-ci près de 150 000 euros de la part du CH. Les magistrats ont notamment estimé que son ex-époux ne pouvait pas prétendre à une indemnisation au titre de son "préjudice économique", puisqu'ils étaient "séparés depuis quelques mois".

[Avec Actu.fr

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5 débatteurs en ligne5 en ligne
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215 points
Incontournable
il y a 1 an
Un peu étonné des réponses. Il s'agit manifestement d'une faute caractérisée que de laisser un objet potentiellement dangereux à la portée d'un dépressif. L'excuse qu'un dépressif peu être astucieux pour se suicider est paradoxale puisque c'est connu et que donc la surveillance du patient commence donc avant tout par la prévention et donc écarter les risques connus, en particulier la pendaison première cause de décès (59% des hommes et 39% des femmes). On imagine aussi la chaine d'erreur consécutives pour installer un cable de TV suffisamment long pour se pendre (il a été installé quand?). A aucun moment personne ne se pose de question sur la sécurité? Enfin le plus grave, les réaction corporatistes, aucune acceptation de l'erreur possible; un soignant n'est pas un dieu, il est susceptible d'erreurs comme tout le monde et avec des conséquences graves. C'est en refusant de reconnaitre ses erreurs (involontaires) que ça devient une faute. Et c'est paradoxal de voir des soignants qui défendent un hôpital, institution généralement pas caractérisée par une "gestion des ressources humaines" particulièrement humaine.
il y a 1 an
C'est absolument aberrant. Entre la volonté de respecter la liberté de mouvement des patients "psy" et même si ceux ci sont sous contrainte, le manque de personnel et les risques de sanction comme celles ci... ne vous étonnez pas que personne ne veuille bosser en psychiatrie ! Un patient qui veut se suicider trouvera toujours le moyen, que ce soit un lacet, un câble ou même une ficelle de sac poubelle... en tant qu'IDE travaillant dans un service dédié aux depressifs et suicidaires, on nous demande toujours plus de surveillance avec de moins en moins de moyens humains mais parallèlement de plus en plus de liberté de circuler pour les patients.
Photo de profil de ERIC GOJARD
1 k points
Incontournable
Médecine générale
il y a 1 an
Une solution serait de supprimer les douches ( a cause des barres, du risque de noyade, d’électrocution, de glissade par pieds humides sur un sol glissant…), la télévision ( a cause des cables, du contenu électronique et électrique des téléviseurs et du contenu médiatique : car cela pousse aussi au suicide(BFM)) et finalement, on pourrait peut-être aussi proposer de menotter les mains dans le dos les patients ( mais cela pourrait s’apparenter à de la maltraitance…) …
 
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