Radié par l’Ordre pour avoir eu des relations sexuelles avec une patiente, un psychiatre fait appel
Dans les années 1990, une patiente, âgée de 23 ans, se décide à consulter un psychiatre après une première tentative de suicide. Mais les consultations ne se déroulent pas comme prévues. "Dès la deuxième séance, il m’a massé la poitrine avec une huile d’amande douce", a-t-elle raconté à Monaco matin. La patiente, fragile psychologiquement, consent à avoir des relations sexuelles avec le soignant lors des consultations, qui dureront quatre ans.
Plus de trente ans plus tard, les faits sont prescrits mais la patiente décide de dénoncer le professionnel de santé auprès du conseil de l’Ordre des médecins des Alpes-Maritimes, où il exerce. "J’avais déjà alerté l’Ordre des médecins en 2002 mais, entre-temps, je vivais avec le frère de ce psychiatre. Des pressions familiales m’ont dissuadée d’aller plus loin. Et puis à l’époque, la parole n’était pas aussi libérée qu’aujourd’hui. Ma démarche actuelle a un but personnel. J’étais en grande difficulté et cette relation n’a fait que me dévaloriser, m’éloigner de ma mère, me pousser au suicide tant j’étais sous emprise. Mais je veux aussi éviter qu’il y ait d’autres victimes."
Au printemps dernier, le psychiatre en cause est alors convoqué devant l’Ordre. Mais ce dernier ne s’est jamais présenté. Dans son délibéré, la chambre disciplinaire de première instance relève "le mépris" du médecin incriminé à l’encontre de la justice ordinale. "Il sera fait une juste appréciation de la gravité de la faute ainsi commise en prononçant à l’encontre du [psychiatre en cause], la sanction de la radiation disciplinaire", indique le président de la chambre disciplinaire. "La relation entre un médecin, singulièrement un médecin psychiatre, et son patient génère une dépendance entre le soigné et le soignant. Par suite, le consentement du patient doit être regardé comme vicié." Depuis 2019, le code de déontologie médicale interdit d'ailleurs les relations sexuelles entre le médecin et son ou sa patient(e).
Contacté par nos confrères de Monaco-Matin, le psychiatre explique : "Je n’ai jamais reconnu la moindre légitimité au conseil de l’Ordre. Je ne reconnais que la justice. J’ai fait appel de leur sanction. Je continue donc d’exercer normalement." "Il faut savoir que cette dame est ma belle-sœur. Tout ça s’inscrit dans un contexte d’héritage conflictuel après le décès de ma mère. Me présenter comme un violeur alors que j’exerce depuis 20 ans dans les Alpes-Maritimes va faire rire tout le monde", poursuit-il.
[Avec monacomatin.mc]
La sélection de la rédaction
Rémunération, attractivité, conditions d'exercice... la consultation à 30 euros va-t-elle changer la donne?