Une clinique soupçonnée d’avoir gonflé son nombre de médecins pour éviter la fermeture de son bloc opératoire

17/08/2022 Par Louise Claereboudt
Alertée sur un manque d’anesthésistes, l’agence régionale de santé d’Ile-de-France a fermé le bloc opératoire de la clinique Saint-Brice (Seine-et-Marne) mi-juillet. La cellule investigation de Radio France a révélé ce mardi 16 août que l’établissement aurait gonflé artificiellement ses effectifs pour tromper les autorités sanitaires.

  Le bloc opératoire de la clinique Saint-Brice, en Seine-et-Marne, n’accueille plus de patients depuis la mi-juillet. L’agence régionale de santé d’Ile-de-France a en effet pris la décision de le fermer après avoir été alertée par des membres du personnel sur le manque d’anesthésistes. L’ARS surveillait depuis deux ans l’établissement, très prisé des stars de la téléréalité qui s’y rendaient pour être opérées afin de perdre des kilos. Avec en moyenne un seul médecin anesthésiste présent dans la clinique, " la situation est très préoccupante ", notifiait l’ARS dans sa décision datée du 11 juillet, publiée par la cellule investigation de Radio France. Selon la réglementation, l’établissement, qui dispose de deux salles au bloc opératoire, de lits d’hospitalisation et d’un service de consultations, devrait avoir en permanence deux anesthésistes et une infirmière anesthésiste, ce qui n’était pas le cas. Mais la situation semble plus préoccupante encore. En effet, la cellule investigation de Radio France révèle que de janvier à juin 2022, la clinique Saint-Brice aurait gonflé artificiellement ses effectifs pour tromper les autorités sanitaires et éviter la fermeture. Ainsi, sur les plannings du bloc opératoire, des médecins anesthésistes inscrits ne seraient jamais venus à la clinique, indique un chirurgien anonyme à la radio, et qui exerce encore dans la structure. La cellule investigation de Radio France a eu accès aux plannings en question. Dessus, sont notés des noms de praticiens exerçant dans d’autres établissements du secteur, voire du département voisin, selon ses sources. Dans un compte-rendu adressé fin juin à la direction et aux soignants, la commission médicale d’établissement relevait également ces "erreurs" et alertait sur "de nombreux dysfonctionnements" mettant "en jeu la sécurité des patients". Auprès de nos confrères du Parisien, la direction de la clinique a reconnu d’importantes difficultés de recrutement, mais dément formellement toute falsification des plannings. Le directeur des opérations hospitalières, Jean-Luc Dalmas, a indiqué avoir salarié des anesthésistes extérieurs à la clinique. Selon Radio France, qui s’appuie sur les témoignages de trois membres du corps médical, au moins un anesthésiste inscrit sur les plannings aurait même été rémunéré pour y figurer. "Le docteur N. que je connais personnellement, m'avait dit une fois, qu'il était payé gracieusement pour figurer sur le tableau mais qu'il ne mettait pas un pied à la clinique", a témoigné une infirmière qui a démissionné. Ce dernier n’a pas souhaité répondre aux sollicitations de nos confrères, mais Radio France a eu la confirmation qu’il faisait bien partie des effectifs d’un établissement situé à 70 kilomètres de Saint-Brice. Après avoir effectué une inspection inopinée en mars 2022 et recueilli les alertes de personnels, l’ARS a donc décidé de fermer le bloc opératoire jusqu’à la fin du mois de septembre. D’ici là, l’établissement doit remédier à son manque d’effectifs. Si l’ARS n’a pas souhaité réagir auprès de Radio France, elle a cependant précisé que "la phase dite de contradictoire est encore en cours. En fonction des résultats de cette phase, des sanctions sont possibles." Radio France ajoute que le groupe privé AVEC, qui détient la clinique Saint-Brice depuis 2018, a déjà fait parler de lui pour sa gestion de la clinique mutualiste de Grenoble. Une plainte a été déposée pour "détournement de fonds" et "prise illégale d'intérêt", et le parquet de Grenoble a ouvert une enquête. Interrogé par France 3, un médecin de la clinique Saint-Brice a par ailleurs soulevé d’autres dysfonctionnements : "panne du stérilisateur, système incendie pas à jour, des prestataires refusant de livrer du matériel médical car non payés... " [avec Radio France, Parisien et France 3]

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Claire FAUCHERY

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