75 soignants en psychiatrie appellent la Première ministre à l'aide pour "éviter le naufrage"

31/05/2022 Par S. B.
Dans une tribune publiée dans Le Parisien, 75 soignants en psychiatrie lancent un appel à Elisabeth Borne. Ils réclament une augmentation des effectifs dans les unités psychiatriques, afin de pouvoir accueillir dignement les patients et exercer dans de bonnes conditions pour "éviter le naufrage".
 

Dans une tribune intitulée "Créons des postes pour éviter le naufrage !", publiée dans Le Parisien, 75 soignants en psychiatrie appellent la Première ministre à l'aide. D'un côté, la pandémie de Covid-19 a créé un afflux, sans précédent, des malades aux urgences psychiatriques : crises suicidaires, bouffées délirantes, dépressions. De l’autre, "15 % des lits sont fermés dans les hôpitaux de l’AP-HP, faute d’infirmières", alerte Antoine Pelissolo, psychiatre à l’hôpital Henri-Mondor, à Créteil (Val-de-Marne). "Un dimanche d’avril aux urgences d’un grand hôpital de la région parisienne, 18 patients attendent une prise en charge psychiatrique, tous dans des situations graves imposant une hospitalisation immédiate : crise suicidaire, bouffées délirantes avec agitation, états dépressifs extrêmes, etc. Pour accueillir, évaluer, rassurer, surveiller, soigner, contacter les familles et les hôpitaux pour ces 18 patients : un psychiatre et un infirmier, et des locaux insuffisants. Ce débordement des capacités d’accueil se traduit par des heures et des jours d’attente sur un brancard ou une chaise dans un couloir, des fugues, des agitations, voire des bagarres, et forcément des professionnels débordés et épuisés, ne souhaitant qu’une chose : changer de poste, d’hôpital, voire de métier. Quel gâchis !", déplorent les signataires de la tribune.

Les soignants dénoncent une aggravation de ces difficultés qui étaient déjà existantes. Autre conséquence, selon Antoine Pelissolo : "Le recours à l’isolement et à la contention est en hausse car les soignants peuvent, parfois, être dépassés par la situation, ce qui ne devrait pas arriver". Et face à l’afflux de demandes, les malades, une fois hospitalisés, d’après le psychiatre, sortent plus vite, "résultat, ils rechutent". "Pour nombre d’états psychiatriques aigus, et d’autant plus dans des contextes sociaux dégradés, le recours à l’hospitalisation est incontournable", écrivent les soignants qui alertent sur les difficultés du travail en unités de soins psychiatriques. "Il s’agit d’un travail d’équipe qui peut être passionnant mais qui demande de passer un temps long auprès des patients et de les accompagner dans leurs souffrances. Beaucoup de soignants ont heureusement cette vocation et cette compétence, et grâce à eux de très bons résultats thérapeutiques peuvent être obtenus. Mais hélas tout est fait aujourd’hui pour les dissuader de s’y investir et d’y trouver du sens : on leur demande de faire toujours plus vite, avec moins de personnels et moins de moyens, et pèsent sur eux de plus en plus de charges administratives. Les effectifs sont calculés au plus juste, sans tenir compte souvent des spécificités des soins psychiatriques et des aléas des absences et des situations difficiles (pics de patients, crises diverses, etc.)", pointent les auteurs. Les signataires appellent à "développer les soins ambulatoires" et à "desserrer le carcan qui contraint sans cesse les effectifs hospitaliers et nous mène au naufrage ?" "Quoi qu’il en soit, et quoi qu’il en coûte, si rien n’est fait dans ce sens, un avenir très sombre nous attend", préviennent les soignants. La liste des signataires est à retrouver dans l'article du Parisien.  [Avec leparisien.fr]

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