
Les généralistes de sa commune se déconventionnent, un maire lance une pétition pour "les ramener à la raison"
Le maire de Compans (Seine-et-Marne) a lancé une pétition pour dénoncer le déconventionnement des deux généralistes qui exercent au cabinet médical de la ville. L'élu entend "ramener à la raison" ces praticiennes, "aidées par notre commune à leur installation".

Quand il a reçu, début juin, un mail l'informant du déconventionnement prochain des deux généralistes installées dans sa commune, le maire de Compans, en Seine-et-Marne, est "tombé de [sa] chaise", confie-t-il à nos confrères de l'hebdomadaire La Marne. "J'étais dans une très grande colère, on est abandonnés." Joël Marion n'est pas le seul à en avoir été informé. Tous les patients du cabinet médical de la commune ont reçu le même mail, précisant que le passage en secteur 3 des médecins sera effectif à partir du 14 juillet.
Pour l'élu, qui a ouvert ce cabinet de 100 m² en 2013, la nouvelle ne passe pas. "Nous avons cherché de jeunes médecins et nous les avons installés avec des conditions d'accueil très abordables et un loyer très bas", rappelle-t-il. Ce dernier a échangé avec les deux praticiennes et leur a exposé son "désaccord". "Les médecins ont sous-estimé le problème financier que cela engendrera. Cela menace l'accès aux soins. Je leur ai donc indiqué que j'allais saisir tout le monde pour voir comment on pouvait mener une action contre cette décision."
Pour "tenter de [les] ramener à la raison", l'édile a ainsi lancé une pétition intitulée "Santé en danger à Compans : soutien aux patients des médecins du cabinet de santé". Des banderoles invitant les habitants à signer ce texte ont été dispersées à plusieurs endroits de la commune. Le déconventionnement des généralistes, "si [il] venait à perdurer, entraînerait de nombreuses difficultés pour les patients et habitants de Compans, qui pourraient ne plus pouvoir se soigner", alerte Joël Marion dans sa pétition. "Combien pourraient s'acquitter d'un coût de consultation non conventionné de 60 euros remboursé à 61 centimes ?"
"Virage ultra-libéral"
"En choisissant la date du 14 juillet pour opérer ce virage ultra-libéral, les médecins infligent une correction à la République et à notre commune", fustige l'élu. Une accusation dont se défendent les deux généralistes, contactées par La Marne. "On s'est vu contraintes de prendre cette lourde décision", affirment les Dres Aurélie Devinante et Joke Peeters. "On le fait à la fois pour le patient et pour nous-mêmes", ajoutent-elles.
"On subit de plus en plus de contraintes de la part des instances avec le contrôle des prescriptions, les objectifs en termes de patientèle et des contraintes administratives, et cela a un impact sur la qualité des soins que l'on produit, expliquent les deux médecins. Si on obéit à la rémunération sur objectif imposée par la caisse primaire d'assurance maladie, on est obligées d'accélérer le rythme des consultations pour cocher toutes les cases." Refusant cette "logique", les deux généralistes ont souhaité quitter ce système "afin de garantir les temps de consultation qui nous semblent raisonnable", défendent-elles, assurant avoir cherché "des alternatives au déconventionnement" avant de prendre leur décision.
"On n'est vraiment pas restées les bras croisés, mais il est peut-être temps que les responsables que sont les élus et instances se saisissent de la question au lieu de se décharger sur les professionnels du territoire qui craquent un par un", taclent-elles.
Selon l'hebdomadaire La Marne, une réunion publique est organisée lundi 23 juin par la mairie pour faire le point sur la situation. Le maire propose également, dans sa pétition, une réunion quadripartite regroupant la CPAM, l'ARS, le conseil municipal et les médecins de Compans. "Nous devons trouver la voie juste à cette sortie de crise, pour que demain nous puissions encore nous faire soigner à Compans, dans de bonnes conditions, par des médecins de qualité, justement rémunérés", insiste-t-il.
[avec La Marne]
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