megaphone

Les généralistes de sa commune se déconventionnent, un maire lance une pétition pour "les ramener à la raison"

Le maire de Compans (Seine-et-Marne) a lancé une pétition pour dénoncer le déconventionnement des deux généralistes qui exercent au cabinet médical de la ville. L'élu entend "ramener à la raison" ces praticiennes, "aidées par notre commune à leur installation". 

20/06/2025 Par Louise Claereboudt
Démographie médicale
megaphone

Quand il a reçu, début juin, un mail l'informant du déconventionnement prochain des deux généralistes installées dans sa commune, le maire de Compans, en Seine-et-Marne, est "tombé de [sa] chaise", confie-t-il à nos confrères de l'hebdomadaire La Marne. "J'étais dans une très grande colère, on est abandonnés." Joël Marion n'est pas le seul à en avoir été informé. Tous les patients du cabinet médical de la commune ont reçu le même mail, précisant que le passage en secteur 3 des médecins sera effectif à partir du 14 juillet.

Pour l'élu, qui a ouvert ce cabinet de 100 m² en 2013, la nouvelle ne passe pas. "Nous avons cherché de jeunes médecins et nous les avons installés avec des conditions d'accueil très abordables et un loyer très bas", rappelle-t-il. Ce dernier a échangé avec les deux praticiennes et leur a exposé son "désaccord". "Les médecins ont sous-estimé le problème financier que cela engendrera. Cela menace l'accès aux soins. Je leur ai donc indiqué que j'allais saisir tout le monde pour voir comment on pouvait mener une action contre cette décision."

Pour "tenter de [les] ramener à la raison", l'édile a ainsi lancé une pétition intitulée "Santé en danger à Compans : soutien aux patients des médecins du cabinet de santé". Des banderoles invitant les habitants à signer ce texte ont été dispersées à plusieurs endroits de la commune. Le déconventionnement des généralistes, "si [il] venait à perdurer, entraînerait de nombreuses difficultés pour les patients et habitants de Compans, qui pourraient ne plus pouvoir se soigner", alerte Joël Marion dans sa pétition. "Combien pourraient s'acquitter d'un coût de consultation non conventionné de 60 euros remboursé à 61 centimes ?"

 

"Virage ultra-libéral"

"En choisissant la date du 14 juillet pour opérer ce virage ultra-libéral, les médecins infligent une correction à la République et à notre commune", fustige l'élu. Une accusation dont se défendent les deux généralistes, contactées par La Marne. "On s'est vu contraintes de prendre cette lourde décision", affirment les Dres Aurélie Devinante et Joke Peeters. "On le fait à la fois pour le patient et pour nous-mêmes", ajoutent-elles.

"On subit de plus en plus de contraintes de la part des instances avec le contrôle des prescriptions, les objectifs en termes de patientèle et des contraintes administratives, et cela a un impact sur la qualité des soins que l'on produit, expliquent les deux médecins. Si on obéit à la rémunération sur objectif imposée par la caisse primaire d'assurance maladie, on est obligées d'accélérer le rythme des consultations pour cocher toutes les cases." Refusant cette "logique", les deux généralistes ont souhaité quitter ce système "afin de garantir les temps de consultation qui nous semblent raisonnable", défendent-elles, assurant avoir cherché "des alternatives au déconventionnement" avant de prendre leur décision.

"On n'est vraiment pas restées les bras croisés, mais il est peut-être temps que les responsables que sont les élus et instances se saisissent de la question au lieu de se décharger sur les professionnels du territoire qui craquent un par un", taclent-elles.

Selon l'hebdomadaire La Marne, une réunion publique est organisée lundi 23 juin par la mairie pour faire le point sur la situation. Le maire propose également, dans sa pétition, une réunion quadripartite regroupant la CPAM, l'ARS, le conseil municipal et les médecins de Compans. "Nous devons trouver la voie juste à cette sortie de crise, pour que demain nous puissions encore nous faire soigner à Compans, dans de bonnes conditions, par des médecins de qualité, justement rémunérés", insiste-t-il.

[avec La Marne]

Comptez vous fermer vos cabinets entre le 5 et le 15 janvier?

Claire FAUCHERY

Claire FAUCHERY

Oui

Oui et il nous faut un mouvement fort, restons unis pour l'avenir de la profession, le devenir des plus jeunes qui ne s'installero... Lire plus

Photo de profil de Georges FICHET
6,3 k points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 6 mois
Je soutiens totalement nos deux consœurs, mais avec un bémol car on ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre ! Que disait leur contrat lors de leur installation ? Ont-elles prévu de sortir du local de la municipalité pour s'installer dans leurs murs pour se libérer totalement de tout reproche ? Pour moi, ce serait le préambule indispensable à la reconquête de mon indépendance professionnelle. Dans son petit livre rouge, il y avait une maxime du Président Mao : "Compter sur ses propres forces" ! Sur un autre plan, si ce maire avait réfléchi un peu plus loin que ses visées électoralistes, plutôt que de s'offusquer que ses administrés ne soient remboursés que 61 centimes par consultation, il aurait mieux fait de s'indigner sur le fait que la CGSS ne rembourse pas les consultations en secteur 3 sur la base d'une consultation en secteur 1 et de mettre la caisse devant ses responsabilités en ce qui concerne le remboursement de ses administrés.
Photo de profil de François JACQUOT
84 points
Rhumatologie
il y a 6 mois
Bravo à nos jeunes consoeurs qui ont eu le courage de faire ce que nous devrions tous faire ! Résister aux pressions d'une "assurance santé" pour exercer notre art sans contraintes infernales, contradictoires et contre-productives. C'est aux patients (assurés) de se retourner vers leur caisse pour obtenir le remboursement de leurs soins puisqu'ils cotisent ou d'obtenir une ristourne sur leurs cotisations ! Ce n'est pas aux soignats d'être la variable d'ajustement. Il est temps que les assurés (et leurs associations) soient en première ligne dans les négociations avec la sécu et que les soignants ne soient pas les seuls à subir ! Aux patients, nous devons le juste soin au JUSTE prix, à l'assurance maladie nous de devons RIEN ! C'est l'assuré qui doit négocier le JUSTE remboursement de ses soins en fonction de ses cotisations. Remettons ce système pervers dans l'ordre ! Bravo à mes deux consoeurs !!
Photo de profil de Jacques BRIAND
2,7 k points
Débatteur Passionné
Médecine générale
il y a 6 mois
Le ministère de l'économie et des finances se frotte les mains, puis réfléchit et..... applaudit des mains. Puis ses membres se mettent à rêver tout haut "pourvu que bcp de généralistes passent en secteur 3 ! Enfin ! Après toutes ces années où nous avons tenté de leur faire toutes les misères possibles, où nous avons rajouté, puis rajouté, puis rajouté encore tous les obstacles possibles et imaginables, ça y est !!!! YESSSSS !!! Ils font enfin le choix de soit dévisser leur plaque, soit passer en secteur 3. Ouais, on a réussi, on a gagné !" Sont-ils en train d'entonner Ce chant célèbre " on a gagné, on a gagné, on a gagné ! "? Nos consœurs ont choisit de ne plus vivre à genoux et soumises aux diktats (humiliants, injustes et incessants) des directeurs de la sécu, MAIS SURTOUT ELLES ONT CHOISIT DE NE PAS DÉPLAQUER ET DONC ELLES N'ABANDONNENT PAS LEURS PATIENTS!!!! Je les admireet je leur souhaite une réussite totale dans leur nouvel exercice !!!
 
Vignette
Vignette

La sélection de la rédaction

Pédiatrie
Moins de médecins, moins de moyens, mais toujours plus de besoins : le cri d'alerte des professionnels de la...
06/11/2025
14
Concours pluripro
CPTS
Les CPTS renommées "communauté France santé" : Stéphanie Rist explique l'enjeu
07/11/2025
12
Podcast Histoire
"Elle était disposée à marcher sur le corps de ceux qui auraient voulu lui barrer la route" : le combat de la...
20/10/2025
0
Portrait Portrait
"La médecine, ça a été mon étoile du berger" : violentée par son père, la Pre Céline Gréco se bat pour les...
03/10/2025
6
Reportage Hôpital
"A l'hôpital, on n'a plus de lieux fédérateurs" : à Paris, une soirée pour renouer avec l'esprit de la salle...
14/10/2025
8
La Revue du Praticien
Diabétologie
HbA1c : attention aux pièges !
06/12/2024
2