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"Il y a un déséquilibre dans l'installation des médecins" : chiffres à l'appui, l'UFC Que Choisir réclame la régulation

L'association de consommateurs, qui alerte sur la dégradation de l'accès aux soins depuis plusieurs années, publie ce mardi une nouvelle étude pointant une aggravation de la "fracture territoriale" pour les généralistes, gynécologues, ophtalmologues et pédiatres. 

24/06/2025 Par Aveline Marques
Déserts médicaux
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Alors que le nombre de médecins inscrits à l'Ordre a très légèrement augmenté ces dernières années, passant de 210 469 en 2014 à 212 331 en 2024 - notamment grâce aux Padhue -, les trois quarts (73) des départements français ont connu une baisse de la densité médicale, pointe une étude publiée ce mardi 24 juin par l'UFC-Que Choisir. "S’il y a stabilité du nombre de médecins alors que d’un même mouvement il y a un processus actif et continu de la désertification médicale avec une baisse globale de densité médicale, c’est qu’il y a bien un déséquilibre sur l’installation des médecins", en conclut l'association.

Si sa précédente étude, en 2023, s'était focalisée sur les dépassements d'honoraires, la dernière s'intéresse donc aux dynamiques d’installation et à la répartition sur le territoire des médecins, en s’appuyant sur les données du Cnom. Elle analyse le nombre total de médecins inscrits à l’Ordre dans chaque département, ainsi que le nombre de praticiens exerçant en libéral ou en mode mixte pour quatre spécialités : médecine générale, pédiatrie, ophtalmologie et gynécologie.

Globalement, entre 2014 et 2023, la densité moyenne nationale de médecins pour 10 000 habitants a diminué, passant de 28,47 à 27,28. Mais cette moyenne cache de fortes disparités territoriales : 16 médecins pour 10 000 habitants en 2023 dans les 10 départements les moins dotés (Mayotte, l'Eure, l'Ain, l'Indre…), contre 44,16 médecins pour 10 000 habitants dans les 10 départements les mieux dotés (Paris, Hautes-Alpes, Rhône, Alpes-Maritimes…). 

La situation s'est aggravée dans le premier groupe (-2,6 médecins), tandis qu'elle s'est très légèrement améliorée (+0,12) dans le second. Parmi les 50 départements les moins bien dotés en médecins par rapport à la population en 2014, 44 ont encore vu leur situation se détériorer. À l’inverse, parmi les 50 départements les mieux pourvus en 2014, 22 enregistrent une amélioration.

Pour l'UFC-Que choisir, "une régulation de l'installation des médecins s'impose plus que jamais"

Mais si l'on se concentre sur les seuls généralistes libéraux, force est de constater que la baisse est générale dans l'ensemble des départements, "y compris les plus dotés", reconnaît l'UFC-Que choisir. La densité médicale moyenne pour les départements les mieux dotés en 2014 était de 11,28 généralistes pour 10 000 habitants, contre 5,86 pour 10 000 habitants dans les moins bien dotés. En 2023, la densité médicale moyenne pour les départements les mieux dotés (Hautes-Alpes, Pyrénées-Atlantiques, Haute-Vienne, Gironde…) était de 10,13 médecins pour 10 000, contre 4,39 médecins pour 10 000 habitants dans les moins bien dotés (Mayotte, Guyane, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne…), "un rapport allant du simple au double". "Si les densités médicales baissent aux deux extrêmes, les rapports entre ces 21 chiffres donnent néanmoins à voir une aggravation de la situation, de 1,92 à 2,31", relève l'UFC-Que Choisir. 

Pour l'association, ces chiffres témoignent d'une "fracture sanitaire" toujours plus grande en France, avec un écart qui se "creuse encore davantage entre les zones médicalement plus favorisées et les déserts médicaux". "Les territoires les moins bien dotés voient leur densité médicale s’éroder d’année en année, tandis que les départements historiquement attractifs renforcent leur position dominante", déplore-t-elle.

Pour l'UFC-Que choisir, "une régulation de l'installation des médecins s'impose plus que jamais". L'association, qui soutient fortement la PPL Garot, milite ainsi pour "l’instauration d’un conventionnement territorial des médecins, ne leur permettant plus de s’installer en zones surdotées, à l’exception du secteur 1 quand la situation l’exige (remplacement d’un médecin partant à la retraite ou zone très largement sous-dotée en médecins en secteur 1)". Elle réclame en parallèle "la fermeture de l’accès au secteur 2 (à honoraires libres) à l’origine du développement incontrôlé des dépassements d’honoraires" : "les nouveaux médecins ne devraient avoir le choix" qu’entre un secteur 1 aux honoraires sans dépassements et l'Optam.  

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1 débatteur en ligne1 en ligne
Photo de profil de M A G
4,6 k points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 5 mois
Mais de quel droit ils se mêlent ! Quelle mentalité de marchands d'esclaves, que de vouloir disposer de la vie d'autrui ! De plus, ils rajoutent l'insulte à l'injure. Car, comme l'a déjà dit Pat Bourgpat et comme il faut le rappeler sans relâche à ces belles âmes donneuses de leçon, ils vivent sur notre dos. Quant aux "déserts médicaux", eux, comme les politiciens (et d'ailleurs comme la majorité de la population dans son ensemble), ils sont incapables de comprendre leur cause. Ils ne peuvent pas comprendre que c'est la conséquence combinée du contrôle des prix (tarif de la consultation) et des régulations dans tous les sens. Et donc ils vont proposer encore plus de ce qui n'a déjà pas marché - c'est-à-dire un mélange écœurant de chantage émotionnel et de coercition.
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606 points
Incontournable
Médecine générale
il y a 5 mois
Ce que l’UFC note mais n’explique pas c’est la baisse tous azimuts des installations. Le libéral n’attire plus. Rentable que dans les poches de consommation de soins à haut niveau de solvabilité sociale (comprendre C2S/CMU ou CSP++ avec mutuelle bankable). Compter les consultations en rases campagnes sur les doigts ou faire des visites dans des coins paumés pour moins qu’une heure de main d’œuvre chez le garagiste du coin n’attire personne. Les collègues préfèrent rentrer dans l’administration à Paris que rester toubib de desert. Avant de hurler et rejoindre les simples d’esprits qui souhaitent imposer quoi ce soit, l’UFC devrait réfléchir au modèle économique d’un toubib de la creuse et comprendre que tout est question de rentabilité et non de sacerdoce. Médecin n’est pas curé (qui lui aussi a accessoirement abandonné la paroisse…). Et ce n’est pas en bloquant, les revalorisation de façon brutale, en juin 2025 qu’ont va créer le choc d’attractivité qui va changer les choses…
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952 points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 5 mois
La frontière Suisse n'est pas loin et il manque aussi de médecins. Nous recevons des courriers de nos voisins pour venir exercer sans tracasseries administratives et financières. Attention à ne pas pousser nos jeunes vers ce " désert médical"! Mais bon, plutôt que de chercher les causes réelles de ces différences départementales, et de tenter de trouver un remède, on préfère obliger, contraindre et réglementer...bref toujours cette vision populiste à court terme.
 
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