SEP : certains traitements pourraient interférer avec le vaccin contre le Covid

04/06/2021 Par Marielle Ammouche
Infectiologie
Le rituximab et l'ocrelizumab, deux anti-CD20 utilisés en traitement de fond de la sclérose en plaques (SEP) pourraient avoir un impact négatif sur l’’infection au Covid-19 en augmentant le risque de forme grave de la maladie, mais aussi, en diminuant la protection apportée par les vaccins.
 

Selon le neurologue Jean Pelletier, de la fondation française Arsep (Aide à la recherche sur la sclérose en plaques), qui répondait aux questions de l’ADFP à l’occasion de la Journée mondiale de la SEP (30 mai 2021), « autour de 20% » des patients atteints de SEP prennent ce type de traitements, soit dès le début de leur maladie, soit parce que les autres n'ont pas fonctionné. On estime que plus de 2,8 millions de personnes sont touchées par cette maladie auto-immune dans le monde. Administrés « sous forme de perfusions tous les six mois », ils sont « extrêmement efficaces dans le traitement de fond de la sclérose en plaques », selon le Pr Pelletier. Mais du point de vue du Covid, c'est en revanche la double peine. D'une part, le risque accru de faire des formes graves de Covid a été mis en évidence ces derniers mois par plusieurs études, française, italienne et américaine, selon le neurologue. D'autre part, plus récemment, des craintes sont apparues concernant la vaccination. « On voit des personnes atteintes de SEP et traitées par ces anti-CD20 qui ne produisent pas d'anticorps après la vaccination contre le Covid », selon le Pr Pelletier, avec donc le risque d'une « non-protection ». C'est d'autant plus préoccupant que l'effet de ces traitements semble « probablement beaucoup plus prolongé » que les six mois d'intervalle auquel ils se prennent.

A ce stade, ces observations sont avant tout basées sur « des cas particuliers », mais des études vont permettre d'en savoir plus. C'est notamment le cas d'une étude française, qui « vise à évaluer l'effet de la vaccination contre le Covid » chez des patients traités pour plusieurs maladies (cancers, maladies rénales, diabète, SEP, etc.), en fonction des traitements qu'ils prennent. Pour la SEP, 600 patients doivent y participer, et « on pourra avoir une première réponse dans six mois », espère le Pr Pelletier, selon qui cela pourrait rendre nécessaire une adaptation de la stratégie vaccinale chez les personnes concernées.    D'autres maladies « Cette classe des anti-CD20 n'est pas spécifique à la sclérose en plaques, mais est aussi utilisée dans beaucoup d'autres maladies auto-immunes comme la polyarthrite rhumatoïde, le psoriasis. C'est donc une question qui dépasse la SEP », souligne le spécialiste. Les effets que semblent provoquer les anti-CD20 du point de vue du Covid pourraient s'expliquer par le fait que ces médicaments agissent sur les lymphocytes B, producteurs d’anticorps. En revanche, il n'y a pas de signal similaire concernant les autres traitements de fond de la SEP, comme les interférons, qui pourraient même avoir un effet « un peu protecteur », selon lui.

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