Une étude nationale danoise s’intéresse aux conséquences socio-économiques du syndrome de Cushing

05/07/2022 Par Pr Philippe Chanson

Le syndrome de Cushing est une maladie rare liée à l’exposition prolongée à des niveaux élevés de glucocorticoïdes circulants, le plus souvent en rapport avec un adénome hypophysaire sécrétant de l’ACTH ou à un adénome surrénalien sécrétant du cortisol.

Si l’on sait que ces syndromes de Cushing sont responsables d’un excès de mortalité ainsi que de différentes complications qui récupèrent plus ou moins bien après contrôle de la maladie, on connaît moins bien les conséquences socio-économiques importantes sur le plan de la santé publique et de l’organisation des soins produites par ce syndrome de Cushing. Ceci a amené une équipe danoise à réaliser une étude de cohorte nationale basée sur les registres danois exhaustifs. Un algorithme a permis d’identifier 424 patients opérés de tumeurs surrénaliennes responsables d’un syndrome de Cushing (n = 199) ou de syndrome de Cushing hypophysaire (n = 225) au Danemark, entre janvier 1986 et décembre 2017. En comparaison de la population de référence, les patients ayant un syndrome de Cushing avaient moins travaillé à temps plein entre la 6^ème année précédant le traitement (risque relatif = 0.92 ; IC 95 % = 0.84 à 0.99) et la 10éme année suivant ce traitement (risque relatif = 0.66 ; 0.57 à 0.76). Les arrêts de travail (risque relatif = 2.15 ; 1.40 à 3.32) et les pensions d’invalidité (risque relatif = 2.60 ; 2.06 à 3.27) restaient élevés jusqu’à la 10éme année suivant le traitement. Le revenu annuel, le statut éducatif, parental et relationnel et le risque de dépression étaient aussi impactés de manière négative mais le statut parental et relationnel se normalisaient après la chirurgie. Les prédicteurs négatifs d’un emploi à plein temps après la chirurgie étaient le sexe féminin, un faible niveau d’éducation, les comorbidités et la présence d’une dépression. Cette étude démontre pour la première fois, de manière claire, les effets négatifs du syndrome de Cushing sur toute une série de variables socio-économiques et cela de nombreuses années avant l’intervention, et bien sûr, après l’intervention dont seulement une partie se normalise après traitement. Un diagnostic précoce et un suivi à long terme du syndrome de Cushing sont donc indispensables.