1er mai à la Pitié : les manifestants interpellés remercient les soignants et dénoncent les "ultra-violences policières"

06/05/2019 Par Yvan Pandelé
Faits divers / Justice
L'intrusion de manifestants du 1er mai dans l'enceinte de la Pitié-Salpêtrière a donné lieu à 34 mises en examen. Les manifestants, rassemblés au sein d'un "collectif des 34 de la Pitié", ont livré samedi leur version des faits. Ils expliquent s'être réfugiés dans l'hôpital face aux "ultra-violences policières" et dénoncent de graves irrégularités dans le déroulement de leurs gardes à vue.

  Ils étaient une dizaine présents samedi pour parler aux journalistes, au nom du "collectif des 34 de la Pitié" : ces 34 manifestants interpellés à la suite de l'intrusion du 1er mai dans l'enceinte de la Pitié-Salpêtrière (dont 32 placés en garde à vue). En commençant par remercier "les travailleurs et les travailleuses de l'hôpital de la Salpêtrière qui ont fait émerger la vérité", ils ont lu tour à tour à un texte collectif destiné à relater leur version des événements, au nom de la majorité des membres.   Des soignants qui aident les manifestants "Nous étions sous un dôme d'une épaisse fumée de gaz lacrymogènes et nous avons entendu un grand nombre de détonations en continu", relatent-ils. "Lorsqu'un cordon de CRS est venu couper le cortège et stopper l'avancée de la partie du cortège dans lequel nous étions, le cortège s'est retrouvé encerclé. (…) Nous avons subi une pluie de lacrymo et de LBD, dans un incroyable mouvement de foule. Tout le monde était visé, y compris un grand nombre d'enfants et de personnes fragiles. (...) Seules deux options s'offraient à nous : subir des coups de matraque et un canon à eau, ou alors se réfugier dans un espace aéré derrière une grille ouverte." Les manifestants se réfugient alors dans l'enceinte de la Pitié-Salpêtrière, "sans réaliser pour certains que nous pénétrions dans l'enceinte d'un bâtiment public". "La grille étant ouverte, de nombreuses personnes se sont réfugiées dans l'allée, sous l'effet de la panique. Certains d'entre nous se sont fait soigner par les street medic, tandis que les infirmiers et infirmières, les médecins de l'hôpital, nous distribuaient du sérum physiologique pour apaiser les effets des gaz lacrymogènes."   "Ni une attaque ni une intrusion violente" C'est là que prend place l'épisode du bâtiment de réanimation, sur lequel s'est focalisé la polémique. "Tout s'est passé très rapidement. Nous avions peur : nous nous faisions charger des deux côtés, sans sommation. La seule issue possible semblait être l'escalier de l'hôpital [la passerelle du bâtiment de réanimation chirurgicale Gaston-Cordier, NDLR]", indiquent-ils. "Nous demandions droit d'asile aux personnels hospitaliers de nous laisser rentrer, tant nous avions peur de nous faire frapper par la police." "À aucun moment nous ne savions qu'il s'agissait du service de réanimation. Ce n'était indiqué nulle part. Nous ne sommes jamais entrés dans le bâtiment. Ce n'était ni une attaque ni une intrusion violente. Nous n'avons pas attaqué l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, nous ne nous sommes pas introduits dans le bâtiment de l'hôpital, nous n'avons à aucun moment fait preuve de violence", martèlent les 34. Les manifestants n'ayant pas réussi à se réfugier sur la passerelle auraient quant à eux subi "les gaz et une pluie de coups" de la part des policiers.   "30 heures d'incompréhension, d'injustice et de peur" Vient ensuite l'intervention des policiers pour déloger les manifestants de la passerelle, dans le calme. "Ils nous ont rassemblés sur l'herbe certains allongés, face contre terre, certaines femmes ayant été fouillées par des hommes, malgré nos plaintes et remarques quant à la légalité de ces actes." Ils sont ensuite conduits au Quai des Orfèvres, où ils se voient notifiés leur placement en garde à vue. "Les motifs différeraient selon les feuilles : intrusion, couplées pour certains à 'rassemblement en vue de violence', ou 'violence', ou 'dégradation'. Tout le monde était choqué : nous ne comprenions pas d'où sortaient ces accusations." Les membres du collectifs décrivent de graves irrégularités dans la garde à vue, des "fouilles abusives en public" au "port de menottes injustifié", en passant par la "dégradation de biens personnels". Au-delà "des expériences différentes", ils dénoncent "30 heures d'incompréhension, d'injustice et de peur", où les droits de la défense auraient été à l'occasion bafoués (difficulté d'accès à un avocat, pas d'appels à des proches, gardés à vue empêchés de dormir) et d'où ressortirait "une pression morale violente et inadmissible". Les membres du collectif, encore sous le coup d'une enquête préliminaire, ont conclu leur intervention en manifestant leur soutien "à toutes les victimes de l'ultra-violence policière", et précisé qu'ils prendraient "le temps d'établir [leur] stratégie avec [leurs] avocats".

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