
Risque de cessation de paiement de Carmat : les spécialistes de la transplantation sont inquiets
Alors que la société Carmat pourrait se retrouver en cessation de paiement dans les prochains jours, les spécialistes de la transplantation ont exprimé leurs inquiétudes ce mardi 24 juin.

La société Carmat mobilise tous azimuts pour éviter la cessation de paiement. Lors d’une conférence de presse organisée ce mardi 24 juin, les spécialistes de la transplantation ont affiché leurs craintes et leur écœurement. "On a le 'cœur brisé' […] Il faut soutenir cette innovation pour la vie humaine", a notamment affirmé la Dre Anne-Céline Martin, de l'unité médico-chirurgicale d’insuffisance cardiaque sévère de l'hôpital Européen Georges Pompidou à Paris. "C’est un combat pour la vie que nous ne voulons pas perdre", a insisté la spécialiste. D’autant qu’"il n’y a pas d’alternative".
Le cœur artificiel, nommé Aeson, de Carmat est, en effet, utilisé chez des patients insuffisants cardiaques au stade terminal. L’espérance de vie pour ces patients est très réduite ; le seul traitement est la greffe cardiaque. Mais on se heurte, pour ces patients, au manque de greffons. Le dispositif de Carmat permet d’attendre cette greffe. Il est caractérisé par sa biocompatibilité, qui lui permet de s’adapter à l’organisme du patient, et de le préparer au mieux à la greffe.
En outre, il possède le gros avantage de ne pas entrainer de risque d’AVC, contrairement au dispositif américain, le Syncardia. "Les patients retournent chez eux et nous remercient pour la qualité d’adaptation et de vie", a expliqué la Dre Martin. "C’est une innovation révolutionnaire."
122 patients déjà traités
Le Pr André Vincentelli, chirurgien cardio-vasculaire et thoracique au CHU de Lille, a confirmé : "On avait réussi à mettre à point une révolution." Il souligne l’origine française de cette innovation. "C’est un 'crève-cœur' de perdre une solution qu’on pouvait proposer à des patients, et en même temps d’enterrer une technologie française." Il déplore que les lois de la finance actuelles ne puissent s’adapter à cette innovation.
Le dispositif de Carmat faisait l’objet d’un essai clinique, nommé "Eficas" en vue de son remboursement. 52 patients avaient déjà été inclus dans 11 centres. Et un rallongement de plusieurs patients avait même pu être obtenu récemment grâce aux bons résultats. Le critère de jugement principal est la survie à six mois sans AVC. Les résultats sont en cours d’analyse, mais apparaissent clairement positifs non seulement sur le critère principal, mais aussi sur la qualité de vie et la capacité fonctionnelle. Ils sont attendus en totalité pour la fin de l’année. Ils montrent qu’"on n’est pas loin de la réussite et de pouvoir transformer l’essai", a commenté le Pr Vincentelli, ce qui le rend d’autant plus amer.
"Nous avons besoin de 3,5 millions d’euros d’ici fin juin", a de son côté rappelé Stéphane Piat, le directeur général de Carmat. Par la suite, 35 millions d’euros seront nécessaires pour une année. Mais "les besoins vont s’amoindrir tous les ans, avec une profitabilité d’ici cinq ans", a-t-il affirmé.
Face à sa situation financière, un appel aux dons a été lancé en fin de semaine dernière. Et des contacts ont aussi été pris avec la Banque européenne d'investissement et l'Elysée. Au total, 122 patients ont déjà été traités avec le dispositif de Carmat.
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